12 mai 2009

Assez des C!



(Alphabet bête: Le C)

___Caisse que c'est que cette chose?

___Ça ? Mais c’est une carabine contre les cornes de chevaux, mon collègue ! A cinq coups !
___Cinq ? Certain ?
___Et comment !
___Calembredaine, les chevaux n’ont pas de corne !
___Té, c'est à cause des carabines, peuchère!
___Con que tu es!
Les copains caracolaient en échangeant dans la cour de leur ancienne école, se racontant des conneries, des calembours corsés. Le calme leur caressait la couenne, un courant d’air comme un coulis de cassis leur câlinait les cous, ils avaient fait cuisine et bombance sous les conseils de Colette leur camarade de cantine. Des cacahuètes et noix de cajou pour le Campari, des concombres crus coupés en carrés pour commencer, des carottes au curcuma, des céleris à la cardamome pour accompagner un carry de cailles en cassolettes, parfois des calmars au court bouillon ou un congre au camembert coulant ou des confits de canard, ou des cannellonis de Sicile, ou des canapés de canardeaux en sauce, du chêvre chaud de choix, et un combiné de chocolats et de caramels canons pour cesser. Du Chablis et champagne pour faire couler, jusqu’à la congestion, jusqu’à perdre connaissance. Un café, crème mais pas de chantilly, des confiseries de Cambrai, Carambars, Car en sacs, cocos boers, ça leur convenait, ils ne s'occupaient pas de leur cholestérol.
L’un était un cousin de cagoulard acupuncteur, chirurgien dans la presqu’île, l’autre coco pur sucre converti par une catéchèse charismatique en la cathédrale de Colombes. On comptait un capitaine de cavalerie ex-carabinier catalan, maintenant chiropracteur à Cargèse, et cinéphile de fer, un cultivateur de courges de Cavaillon, Vaucluse, domicilié près du canal de Carpentras et le cinquième un colombophile certifié, chineur à l’occasion et charmeur de chihuahuas. C’est dire si leurs conversations étaient cocasses et pas cousues de fil blanc.
Ils s’étaient connus sur les bancs de la communale pratiquement à la naissance et n’avaient cessé de se conter des couillonnades depuis ces années. Ces charmants compagnons se congratulaient en célébrant copieusement leur rencontre à toutes les Saint Cervin, en Octobre, dans la campagne, sur un causse près de St Circq (la popie) aux lueurs de candélabres, comme des congressistes incongrus mais sans les conjointes. Les coccyx de leurs corps cacochymes ayant pour l’instant évité les carcinomes, les cancers, ils quittaient leurs cabanons camif, les cellules carcérales de leurs vies d’anciens cancres pour venir se réchauffer les cœurs en chantant sans complexe comme des comploteurs des chansons de cul à s’en coltiner les camisoles. Une calamité pour les commensaux. Ils avaient, quand ils seraient décédés carrément convenu, comme des conjurés d’être incinérés et avaient collégialement et courtoisement décidé que leurs cendres seraient contenues dans la même urne. C’est dire la colle qui les scellait.

En sus de ces collations quasi cannibales, ils faisaient, chaque an, une virée capitale. Ils avaient connu la Corée, le Cameroun, le Canada, le Caucase, la Corse, Cuba, les châteaux de Chambord et Chenonceaux et même Cavalaire ou Cadix.
Leur copinage candide les conduisit à ne plus compter les cancans qui les accompagnaient : Ces cinq sans calculs sont copains comme cochons qu’ils sont. Où sont les Charlotte, les Catherine, les Carla, les Céline, les Claire, les Chantal ? Aucun couple ? Qu’entre mecs ? Comment est-ce crédible ? Criaient les chatouilleux de la convenance. Pas très chrétien, pas très catholique cette complicité…
Ces clameurs les laissaient coi. Au contraire, ils décidèrent de cohabiter. Ils se cotisèrent, prirent la cotangente, achetèrent un cottage en Corrèze sur une colline et y créèrent un carme qui accueillit leur chorale et se casa ainsi entre Charybde et Scylla.
C’est ainsi que quelque part vers Mercoeur, pour qui crapahute ici, on ne cesse d’entendre des chants complices mais pas convenables: on y chatouille les coucougnettes d'un curé de Camaret, on y cause de celles de cousins en courroux, du con de Cécile, de clystères cocardiers, de cocottes cochonnes et concupiscentes, de capotes éclatées, de boniches écartelées, de chambrettes, des chattes de chaisières etc etc... Bien loin des chartreuses de charme, chères à l'écrivain romancier qui fit scandale... Ah, leur came c'était pas du Chateaubriand, ni du Char, ni du Caroll, ni même du Carson Mac Cullers, ni du Capote… quoique... Les cistes, les cyprès, les escholzias du coin auraient sans doute préféré des airs plus nus en C...

Et c'est dans les champs que ces chants de crooneurs cuistres et célestins s'y entrechoquèrent, y cavalèrent en cascades cahotantes, bref que ces cochoncetés, cataloguées contrites et... carabinées y convergèrent... C'est le cas de le clamer clairement.

Il y poussa des cycles, amen! Ça chapelle un couvent.

C’est, en effet à Conques, la cistercienne, que tout cessera.

2 commentaires:

coquelicot a dit…

N'y avait-il point quelques coquelicots cramoisis" dans ces champs ?
Cette cacophonie cocasse, loin d'être quelconque et quoiqu'incomplète est aussi sympathique que des kakis caracolant en quête de chocolat et de cacahuètes... "Mais pourquoi est-ce que je vous raconte ça... " ??? ;-)

J'adore votre alphabet, je m'y instruis en m'amusant !

Bien à vous, Chriscot

chri a dit…

Merci Coq! Je vais les ressortir toutes!!!

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