26 août 2012

Un Juillet.


C'est le plein milieu de la nuit. 
L'air est encore chaud, mais il fait toujours chaud par ici en Juillet.
Le cabanon est baigné dans une sorte de pénombre bleutée. Le cabanon est l'endroit où nous passons nos vacances, nous les parisiens. On arrive ici au début de Juillet, on en repartira début Septembre, pour la rentrée.
Une seule pièce en dur, un ancien petit mazet posé sur le sommet de la colline, en haut du chemin des âmes du purgatoire. Il y a, encore, sur un mur, les anneaux pour y attacher les mules quand elles remontaient de la ville apportant les outils ou le ravitaillement du temps d’avant les voitures. La pièce bâtie de pierres avec un vrai toit de vraies tuiles sert de chambre à mes grands parents. Les autres pièces sont construites en châssis comme ceux des serres. Il y en a deux. Une qui est la cuisine et l’autre la salle à manger, salon, véranda, pièce à vivre. Elles sont badigeonnées à la chaux pour lutter contre la brulure du soleil.
C’est cette pièce là qui est, cette nuit particulière, baignée par la lumière bleutée du téléviseur allumé.
Ce soir là, cette nuit là on a eu le droit de rester, on n’est pas allé là-haut sous les pins se coucher dans la tente comme les autres soirs. Ce soir là, malgré le travail épuisant du jour pour ceux qui ne sont pas en vacances, il y a eu les fleurs à couper, les bottes à faire comme les autres jours. Sauf que cette nuit, toute la famille, même Jeannot l'ouvrier n'a pas enfourché sa mobylette après le repas pour s'en aller dormir dans l'appartement de la rue Dugommier, tous sont plantés devant le téléviseur allumé et ce qu’ils sont en train de voir dépasse tout ce qu’on a pu lire, entendre ou imaginer.
Dans la même nuit, mais à quatre cent mille kilomètres de la campagne, ils sont en train de l’accomplir. Les poussières grises sont retombées. On vient d’ouvrir la porte. Il va descendre...
Il est descendu. Il a marché sur le dessus… Il parle.
Lui, il est entré dans nos vies.
Nous l'avons tous vu. Ebahis, sidérés, enthousiastes, incrédules, admiratifs...
On dira c'qu'on voudra, mais sont quand même sacrément fortiches ces américains a dit mon grand père…
Lui, il vient à peine de poser ses pieds... ailleurs.



11 commentaires:

Anonyme a dit…

La première émission de tv en france, c'est en 35. A vingt ans près, ils marchaient sur la lune sans qu'on puisse le voir -)
Marie.

Nathalie a dit…

Je m'en souviens moi aussi. J'étais petite. J'étais en vacances en Bretagne. On était allés regarder la télé chez les voisins.

On n'avait par ailleurs aucun lien particulier avec eux, on ne les voyait presque jamais mais un jour comme celui-là on ouvrait sa télé à tous ceux qui voulaient venir voir...

odile b. a dit…

Encore un à qui on sera obligé de penser en regardant les étoiles ! ***

Ce 20 juillet-là, nous n'avions pas, non plus, la télé.
C'est dans le fin fond du Cantal, dans un gîte rural de location où nous passions nos vacances que nous avions entendu la voix délirante d'Albert Ducros annoncer la nouvelle.
"Un petit pas pour l'homme, un bond de géant pour l'humanité !"…
Nous avions sorti les relax sous la treille pour écouter les dernières nouvelles sur le même transistor. Notre voisin mitoyen, Pedro Sierra, un Espagnol embauché à la ferme d'à côté, prenait le frais avec nous.
A cette annonce il avait dit en roulant les R :
"On ba trinquer a este noubelle, j'apporte le tinto de verano" (vin rouge et limonade).
Pour un peu, il en aurait servi pour "lou péti"…
(Lou péti, notre Olivier, alors âgé de 10 mois !!!… il nous avait accompagnés avec le biberon du soir… ;-)

odile b. a dit…

PS
Je lisais à l'instant que Neil Armstrong avait passé son brevet de pilote avant son permis de conduire auto…
PPS
A propos de Curiosity :
"amarsissage" et "alunissage" des néologismes ?
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/08/06/dico-doit-on-dire-amarsissage-ou-atterrissage/

chri a dit…

@ Odile Ce sont des instants dont tout le monde se souvient où et avec qui il était ce jour là et inévitablement donc qui n'est plus là...

Tilia a dit…

Merci Chri, pour ce bel hommage à Neil Armstrong.
Cette nuit-là j'étais absolument seule dans la maison de mon enfance. J'avais vingt ans et mon père profitait de sa retraite pour se balader à travers la France.
La lueur blanchâtre du gros téléviseur noir et blanc était la seule lumière de la pièce où je me trouvais assise, calée au fond d'un crapaud de velours à fines rayures marine et vert sapin sur fond bordeaux (dont le souvenir me revient en écrivant ces lignes alors que je l'avais totalement oublié, celui-là !).
Malgré l'heure tardive je n'avais pas sommeil, je regardais ébahie les petit pas de danse de deux bibendums voletant comme des plumes à la surface de la lune.

chri a dit…

@ Tilia/ Nathalie Comme pour le 11 Septembre on se souvient de ce qu'on faisait cette nuit là. Marqués à vie.

Veronique a dit…

Et bien vous allez rire, mais moi je ne me souviens pas ... Quand je vous dis que je perds la mémoire! Même certaines jolies choses m'échappent !
Je dormais sans doute, la tête dans les étoiles ou alors y étais je aussi ..... Dans la lune !

chri a dit…

@ Véronique Normal, vous n'étiez pas née!

véronique a dit…

oh que si ... c'est bien çà le problème !

chri a dit…

@ Véronique Quoi ça? Vous n'êtes pas de 79? Ah ben ça!
Coins bouchés.

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