13 août 2012

Du pain béni.

NL. Un peu comme un Non Lieu.
Il n'y a plus rien à tenter, je n'arrive pas bien à m'y faire et puis c'est tout.
Quels que soient les efforts qu'il fait, ce pays n'est pas un pays normal. Alors, désormais qu'on ne me parle plus de la Hollande et de ses autochtones. Pourtant, j'étais ravi d'y aller comme à chaque fois que je vais quelque part, une fois que l'idée de sortir de chez moi est acceptée, le plus délicat est passé, le plus dur est accompli, je suis prêt au voyage. Et pourtant, je n'ai pas d'affinités particulières avec les zollandais en général, enfin avec la plupart de ceux que j'ai pu croiser. Certains sont même aussi inhospitaliers que des carpentrassiens en période électorale. C'est dire... Je me souviens de ce grand-père au marché qui m'avait fait la morale parce que je ne comprenais pas ce que la poissonnière voulait me dire. Quand je vais à l'étranger j'emmène un dictionnaire, il m'avait envoyé dans les dents! J'avais répondu en anglais que dans mon cas un dico n'aurait servi à rien car comme tous les français, je ne sais pas lire... On en était resté là, de notre relation amicale naissante.
 À chaque fois que  j'y allais, je bénissais quand même le Ciel de ne pas m'y avoir fait naître. Là-haut, je n'aurais, le temps venu, jamais pu vivre aucune histoire d'amour puisque j'arrivais au nombril de la plupart des filles. Cela écrit, je ne les connaissais pas toutes, ni tous et je ne voudrais pas lancer l'opprobre sur l'ensemble à cause de quelques brebis galeuses. Ce serait tentant mais injuste. Quoiqu'il en soit, je ne les aime pas trop quand ils sont chez nous chez eux, quand ils circulent sur nos autoroutes, avec leurs encombrantes et indoublables caravanes bondées. Pas plus dans nos bars ou aux terrasses de nos restaurants, qu'ils y parlent forts sans doute une habitude prise à cause du vent constant qui les oblige à hurler pour se faire entendre. Pas plus dans nos magasins où, ils semblent si pingres qu'harpagon à côté passerait pour un Prince généreux.  Pas non plus dans leurs canoés, dans toutes nos mares, lacs, torrents, rivières... Toute cette viande blanche rougie, solidement musclée, plongée dans nos eaux limpides... Et puis, cette blondeur indécente voire aryenne... Merci bien! Qu'un sang impur nettoie tous nos sillons. Leur pire trait de caractère serait, me semble-t-il, d'être absolument dépourvus d'idées noires. Ils sont heureux de vivre presque tout le temps, et le font savoir! La pluie les fait sourire et dès qu'un rayon de soleil darde, ils rient, fort, se dépoilent pas mal et s'offrent à lui! Mince, on a quand même bien le droit d'être un peu triste s'il fait grand soleil! On peut, si on le désire, faire un peu la tête! On devrait pouvoir juste être sombre si l'envie nous en vient, on n'est pas obligé de tout le temps se taper dans le dos en hurlant et en descendant une bière, non?
Ah et puis, je n'aimais pas leur manière de rouler les "r" comme des pelles, ni les "achedoublift" qu'ils collaient à toutes les sauces... Fussent elles hollandaises.
Donc, j'y allais. Cette fois là, ce fut le pompon. J'avais à peine posé le pied sur leur sol tout plat depuis un grand quart d'heure, qu'un indélicat m'avait barbé mon larfeuille à la railway station du coin où j'avais atterri. (Non, je ne sais pas dire gare en flamand). Le disparu était un vieux morlingue (j'aime ce mot là) en peau de vache auquel je tenais beaucoup par fidélité, que j'avais déjà égaré deux fois dont une dans les Halles de Paris pour ceux qui connaissent et donc retrouvé deux. Ça peut donner une idée de la mesure de l'exploit et de l'attachement qui me colle à lui... Je tenais surtout à ce qu'il y avait à l'intérieur et pas seulement aux euros en billets. Deux cartes de crédit, les papiers, des photos de mes deux amours, enfants dont j'ai perdu les négatifs, un carnet de ticket du cinéma Utopia d'Avignon, la recette des oeufs brouillés à la truffe des cartes de restaurants et quelques autres trucs inutiles mais indispensables.
Le type a plongé la main dans mon sac et le tout a changé de propriétaire en moins de temps qu'il n'en faut pour dire portefeuille. Je sais, il ne faut pas généraliser mais sur le coup, j'ai, je le confesse volontiers, produit un raccourci  agressif, vengeur et insultant en trois syllabes...
Alors voilà, je me retrouvais dans un train entre deux villes aux noms imprononçables, sans papiers, sans argent, sans souvenirs et dans une colère noire. Et la Hollande entière qui s'en foutait. Je les haïssais. TOUS. Les polders avec.
Arrivé, j'ai fait ce qu'il y avait à faire et deux jours après on m'annonçait qu'IL était retrouvé. Bien sûr, sans l'argent... Dites ce ne sont que des êtres humains eux aussi! Les cartes bancaires y étaient, un peu comme Morano, j'avais fait opposition pour rien. A tel point que j'en suis arrivé à me demander si je ne l'avais pas fait tomber de mon sac, le lazingue. Et puis, je me suis un peu fait confiance. On me l'avait barboté et puis c'est tout.
J'ai donc passé les restes du séjour plus décontracté et j'en ai bien profité. De tout. De lui. D'elle et du beau temps qu'il a fait.
Puis, est, trop vite venu le temps du retour. 
Elle m'a déposé trois heures avant l'heure à l'aéroport. On s'était mis d'accord pour éviter de refaire le coup de la dernière fois où on était arrivé en retard pour le vol. Tellement en retard que je n'avais pu repartir qu'en allant en train à la capitale. Je voulais, cette fois, décoller d'Eindhoven et ne pas être obligé de courir jusqu'à Amsterdam pour reprendre un billet d'avion surtout que cette fois, ma carte bancaire était invalide... Il fallait jouer serré.
Puis, l'avion a été délayé, un peu, beaucoup. On a embarqué vers vingt et une heure quinze au lieu des dix huit heures cinquante prévues. On est resté une bonne heure dans la carlingue surchauffée. Ils essayaient visiblement de réparer un truc dans le circuit informatique. Réparez bien, bien, j'ai pensé.
Et puis, ils ont renoncé. Ils nous ont commandé un joli bus pour faire les cent quarante kilomètres entre les deux avions, celui qui était cassé et le nouveau.
On a traversé l'aéroport vide en plein milieu de la nuit notre valise derrière nous, dans le sillage de nos fatigues. On tanguait tous comme des Titanics en fin de vie. J'ai vu, de mes yeux vu, une immense jolie blonde grimpée sur escarpins télescopiques surveiller en se retournant sans arrêt, la valisette en peau de zèbre qu'elle trainait à bout de bras pour vérifier qu'elle suive bien... On est monté dans l'avion pétant la forme (l'avion pétant, pas nous) et une heure après on voyait sur la gauche de l'appareil un orangé lever de lune à pleurer de beauté. Ils nous ont offert un vieux sandwich qui aurait dû être en réparation lui aussi et une bouteille d'un liquide amer et sombre qu'ils nommaient red wine et, au tout petit matin naissant dans la baie des Anges, nous avons atterri.
C'est quand j'ai voulu appeler pour dire que j'étais enfin arrivé que je me suis aperçu que les batteries de mon portable étaient aussi vides que le regard de qui vous n'aimez pas... Le lever du soleil, lui était pas mal.
La chance n'a pas encore tout à fait tourné, mais ça tient à un rien, je me suis dis... Si on s'entête dans cette voie, que j'aurais tendance à sentir sans issue, ma lune de miel avec la Hollande va, et là, je l'écris comme je le pense (un copéisme), définitivement prendre fin...


20 commentaires:

Brigetoun a dit…

Oh pauvre !
dommage, ai de bons souvenirs, très anciens il est vrai, et puis chez amis

Brigitte a dit…

Ben pourquoi que t'y r'tournes !!!
Pose toi la question ...
Hi hi !!!

chri a dit…

@ Brigitte Célérier Non, non pas pauvre! A raconter ce qui est peut-être arrivé, ou aurait pu...
C'est du... pain béni!


@Brigitte. Ah ça! Je m'demande!
Ou pas.

Tilia a dit…

Pour moi, ça sent le vécu votre histoire de larfeuille (même s'il y a des fantaisies autour, telles la recette et les photos uniques)...
Pour ce qui des hollandais, quand on passait nos étés au camping sur la Cèze, on a eu plus d'une fois l'occasion de vérifier que c'était toujours les hollandais qui laissaient leurs saletés aux autres, que ce soit dans les douches, les toilettes ou les éviers à vaisselle. Par contre ce n'était pas eux qui dévalisaient l'épicerie, vu qu'ils avaient amenés leurs provisions pour tout le mois dans leur caravane !!
J'étais ravi d'y aller comme à chaque fois que je vais quelque part, une fois que l'idée de sortir de chez moi est acceptée, le plus délicat est passé. À un "e" près je pourrais écrire exactement la même phrase, et dans mon cas ce serait totalement vrai.

chri a dit…

@ Tilia Ah vous aussi vous les trouvez un peu pénibles et... xénophobes?
Je ne suis pas le seul, donc!

Anonyme a dit…

c'est vrai qu'ils sont, en vacances, peu engageants. mais n'empêche, j'ai lu quelque part que Dieu avait créé les Hollandais, et que les Hollandais avaient créé la Hollande - un véritable exploit. Ces gens-là maîtrisent l'eau comme personne, et ce n'est pas François d'Alençon qui me contredira.
Marie.

chri a dit…

@ Marie Ils aiment l'eau, le vin blanc, la bière tout ce qui coule quoi...
Et la peinture des visages, des lumières et des ciels et la céramique et le soleil et et
En vrai, je n'ai rien contre EUX!

Brigitte a dit…

Ahhh Tilia tu allais en vacances sur les bord de la Cèze ... Le monde est petit !!!
Nous avions toujours beaucoup de hollandais sur le camping des gens charmants et très propres comme quoi ...
Et je peux également reprendre en intégrale ta phrase :"J'étais ravi d'y aller comme à chaque fois que je vais quelque part, une fois ..."

véronique a dit…

j'aime toujours autant vos histoires Chriscot ... et celle ci m'a fait sourire ! merci pour çà ...
comment ai je fait ces derniers jours sans elles !
quel récit . il vous arrive de ces trucs !

chri a dit…

@ Véronique Si vous avez souri, je souris!

M a dit…

Pfiouuu !!!
Le moins qu'on puisse dire c'est que vous l'avez vidé en grand, votre sac ! Dommage qu'on soit dans l'hémisphère Nord sinon on pourrait croire que vous êtes passé des 40emes rugissants aux 50emes hurlants ! En tout cas, encore une pépite à ajouter à la collection des petits plaisirs de la vie... Laquelle finira bien par perdre l'affection qu'elle vous porte (à moins que ce soit le contraire, sait-on jamais...)
Pour l'avion qui se prend pour une tulipe, ma foi, rien d'étonnant à ce qu'il « reste à terre » (insulte favorite des marins pour ceux qui n'en sont pas).
Le portefeuille en peau de vache est bien aussi et vaut bien ceux en peau de croco (un peu plus tendres par leur propension à larmoyer mais plus sournois...)
Moi aussi j'adore qu' «  une fois que l'idée de sortir de chez moi est acceptée, le plus délicat est passé, le plus dur est accompli, je suis prêt au voyage » autant que : « notre valise dans le dos dans le sillage de nos fatigues ». Les images qui en sortent sont tout en couleurs et en puissance comme un lever de Lune pour poétiser les lignes offertes à nous, chanceux...

chri a dit…

@ M Pfoouuuu merci à vous...

Nathalie a dit…

Oh hargne oh desespoir - heureusement qu'il y avait Samuel.

Je donne cette semaine (séparément) des cours privés de français à deux néerlandais aussi différents qu'on peut l'être :
- l'une est un délice de femme qui s'en va en poste à l'ambassade de son pays au Burundi. Spécialiste des questions des droits de l'homme, des femmes, des enfants et de la santé, elle a passé 30 ans hors de son pays en poste aussi bien en Asie qu'en Afrique : engagée, chaleureuse, passionnée par son travail, merveilleuse. De celles qu'on se sent riche d'avoir connu.
- l'autre également spécialiste des droits de l'homme mais en poste à Genève auprès de l'ONU. Précis dans son excellent français, diplomate jusqu'au bout de ses ongles bien nets, gris passe-muraille à force d'être politiquement correct, ennuyeux à bailler.
Quelle leçon tirer de ces deux portraits ? C'est que les néerlandais sont plus intéressants quand ils ont vécu hors de leurs frontières que quand ils n'ont jamais quitté le plat pays autrement que pour venir charger les autoroutes françaises mais qu'il existe une grande variété de spécimens...

Pour la morale du jour, je dirais que j'ai lu aujourd'hui écrit sur une ardoise sur un petit stand de brocante place Pie l'aphorisme suivant :

"On reconnait le rouquin aux cheveux du père et le requin aux dents de la mer."
(merci infiniment Pierre Desproges)

Question subsidiaire : à quoi reconnait-on un plat-paysien? A ce qu'il a les pieds plats?

chri a dit…

@ Nathalie Tu l'auras compris je déteste dire les Hollandais ceci les belges celà. Tout l'monde est pareil à tout l'monde et différent de tout l'monde.
Desproges: Qu'il était drôle, lui.
Tu as vu ma phrase d'accueil? Il faut garder les siens en liesse. Ce pourrait être du Desproges!

Tilia a dit…

Que ce soit les hollandais, ou les natifs de n'importe quel pays européen y compris les français, lorsqu'ils sont en groupe à l'étranger ils ont tous une fâcheuse tendance à se comporter de manière assez désinvolte avec les autochtones. Alors que pris séparément, ce sont des gens charmants...

chri a dit…

@ Tilia Les gens en groupe osent souvent se comporter comme ils ne le feraient pas seuls. C'est le groupe qui rend stupide, qui est stupide et plus le groupe est grand moins ça va!

Nathalie a dit…

Pour être civilisés restons isolés?

Brigitte a dit…

Je suis bien d'accord que certaines personnes, en groupe, osent des comportements qu'elles n'auraient bien évidemment pas toute seule ...
quel dommage !!!

chri a dit…

@ Nathalie Nan nan des groupes de deux ou trois, ça va encore. Qui disait que dès qu'on est plus de deux on est une bande de cons?

@ Brigitte Nous sommes des êtres humains.

chri a dit…


Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
Est plus de quatre on est une bande de cons.

G. Brassens.

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