Il aimait la mi Aout, et pas seulement à cause des chats...
Oui, hé bien on peut se permettre, après tout...
Ces quelques jours, autour du quinze, lui donnaient l'occasion de penser un peu plus fort à sa Marie. Il aimait ce moment bascule. Cet équinoxe où les marées grandissent, où le temps varie, où l'humeur change. Cette période entre deux où jusque la lumière se transforme. Les matins, à cause de la fraîcheur revenue, elle redevient tranchante comme un couteau électrique. Le jour elle est toujours ouateuse, voilée, pesante de chaleur. C'est encore l'été, presque déjà la rentrée, encore les vacances, plus tout à fait elles. Quelques jours en équilibre entre deux périodes comme un ciel de nuages qui ne saurait pas s'il va pleuvoir, comme un enfant triste qui hésiterait à pleurer.
Oui, hé bien on peut se permettre, après tout...
Ces quelques jours, autour du quinze, lui donnaient l'occasion de penser un peu plus fort à sa Marie. Il aimait ce moment bascule. Cet équinoxe où les marées grandissent, où le temps varie, où l'humeur change. Cette période entre deux où jusque la lumière se transforme. Les matins, à cause de la fraîcheur revenue, elle redevient tranchante comme un couteau électrique. Le jour elle est toujours ouateuse, voilée, pesante de chaleur. C'est encore l'été, presque déjà la rentrée, encore les vacances, plus tout à fait elles. Quelques jours en équilibre entre deux périodes comme un ciel de nuages qui ne saurait pas s'il va pleuvoir, comme un enfant triste qui hésiterait à pleurer.
Il aimait surtout les nuits de ce temps là à cause des étoiles filantes. Cette période de quelques heures où le ciel tombait en pluie sur nos têtes. L'incroyable spectacle de ces trainées lumineuses fugitives qui fendaient le noir en l'illuminant.
Le soir venu, après avoir maudit comme ils le méritent les deux lampadaires de la rue qui le privaient d'une grande partie de la Voie Lactée, il s'installait dans le jardin peu après le débarquement des trois chauves souris qui venaient y chasser après avoir glandé la tête à l'envers toute la sainte journée. Le jour n'étant pas encore tout à fait éteint, il se régalait de leurs vols énervés et du bruit que faisaient leurs ailes en s'agitant. Un petit couinement audible à condition de bien tendre l'oreille.
Il avait trouvé pour ça le truc idéal: Héspéride, une chaise longue deux places de chez Toilinux sur laquelle il posait un matelas fin acheté en soldes chez Ikéa. En cas, très rare de fraîcheur nocturne, il se glissait sous une couette d'été qui le protégeait du froid. Il pouvait lui arriver de s'y endormir jusqu'au petit jour tonitruant. Allongé là-dessus, paré dans cet équipage, le roi n'était pas son demi-frère.
Une bouteille qui pouvait être d'eau minérale, ou autre, à portée de main et, ces deux ou trois nuits là, le show ne tardait pas à débuter. Un vrai feu d'artifice mais il fallait être attentif, ça descendait de partout sans prévenir. A cause des lampadaires, il perdait un bon quart de la voute. Il allait écrire au maire pour lui demander de bien vouloir les éteindre vers la mi-nuit que l'entier du ciel soit, à nouveau, accessible aux regards. Ou s'acheter une petite carabine à plombs...
Comme les flèches de feu passaient à toutes vitesses, certaines traces duraient parfois des secondes entières, certaines autres n'étaient que des points lumineux vite éteints. Certaines se succédaient à la file et toutes étaient des merveilles. Une douche de lumières.
Ce soir là, il s'était muni d'une bouteille de vodka à l'herbe de bison.
A spectacle de feu, boisson d'incendie s'était-il dit. Il l'avait sortie du congélateur ce qui lui donnait une consistance presque sirupeuse sans altérer la puissance de feu et, entre deux lances il s'en versait une gentille rasade dans un petit verre en cristal. Il faut respecter le produit, disait-il.
Autant dire qu'après une demi heure, il s'est sentit tout à fait parfaitement bien.
C'est là que c'est arrivé. Il venait de reposer la bouteille dans l'herbe, il levait la tête pour faire descendre, une filante a démarré sa course juste à l'aplomb de sa couche, pile au dessus de lui sauf qu'elle ne s'est pas éteinte et une vingtaine de secondes après, c'est un point rougi incandescent gros comme un bouchon de liège qui, dans un tchoumpf assourdi est tombé dans la pelouse incrédule, à deux mètres de lui. Il n'a pas eu le temps d'esquisser le moindre geste de défense. Il n'en revenait pas. Des milliards et des milliards de kilomètres pour arriver là à un bras. Il aurait pu la prendre en pleine poire. Il a reçu ça pour un signe. Un signe du Ciel.
Pas de doute possible, On lui envoyait un briquet céleste! C'eût été lui faire injure, au Ciel que de l'ignorer, de ne pas s'en servir, de le laisser là, rougir dans l'herbe inutile. Il s'est levé, il a filé, lui aussi, mais lui n'était pas une lumière, vers la maison, il est monté en quatrième dans son bureau a attrapé le paquet de cigarettes qui y trainait depuis quatre ans cinq mois, six jours, douze heures et vingt deux minutes. Il en a sorti la dernière survivante, celle qu'il n'avait pas allumée, celle qu'il gardait pour le dernier souffle, il se l'est collée au coin de la bouche comme il aimait à le faire au temps où il n'avait pas peur du cancer, il est redescendu à fond dans le jardin...
Le soir venu, après avoir maudit comme ils le méritent les deux lampadaires de la rue qui le privaient d'une grande partie de la Voie Lactée, il s'installait dans le jardin peu après le débarquement des trois chauves souris qui venaient y chasser après avoir glandé la tête à l'envers toute la sainte journée. Le jour n'étant pas encore tout à fait éteint, il se régalait de leurs vols énervés et du bruit que faisaient leurs ailes en s'agitant. Un petit couinement audible à condition de bien tendre l'oreille.
Il avait trouvé pour ça le truc idéal: Héspéride, une chaise longue deux places de chez Toilinux sur laquelle il posait un matelas fin acheté en soldes chez Ikéa. En cas, très rare de fraîcheur nocturne, il se glissait sous une couette d'été qui le protégeait du froid. Il pouvait lui arriver de s'y endormir jusqu'au petit jour tonitruant. Allongé là-dessus, paré dans cet équipage, le roi n'était pas son demi-frère.
Une bouteille qui pouvait être d'eau minérale, ou autre, à portée de main et, ces deux ou trois nuits là, le show ne tardait pas à débuter. Un vrai feu d'artifice mais il fallait être attentif, ça descendait de partout sans prévenir. A cause des lampadaires, il perdait un bon quart de la voute. Il allait écrire au maire pour lui demander de bien vouloir les éteindre vers la mi-nuit que l'entier du ciel soit, à nouveau, accessible aux regards. Ou s'acheter une petite carabine à plombs...
Comme les flèches de feu passaient à toutes vitesses, certaines traces duraient parfois des secondes entières, certaines autres n'étaient que des points lumineux vite éteints. Certaines se succédaient à la file et toutes étaient des merveilles. Une douche de lumières.
Ce soir là, il s'était muni d'une bouteille de vodka à l'herbe de bison.
A spectacle de feu, boisson d'incendie s'était-il dit. Il l'avait sortie du congélateur ce qui lui donnait une consistance presque sirupeuse sans altérer la puissance de feu et, entre deux lances il s'en versait une gentille rasade dans un petit verre en cristal. Il faut respecter le produit, disait-il.
Autant dire qu'après une demi heure, il s'est sentit tout à fait parfaitement bien.
C'est là que c'est arrivé. Il venait de reposer la bouteille dans l'herbe, il levait la tête pour faire descendre, une filante a démarré sa course juste à l'aplomb de sa couche, pile au dessus de lui sauf qu'elle ne s'est pas éteinte et une vingtaine de secondes après, c'est un point rougi incandescent gros comme un bouchon de liège qui, dans un tchoumpf assourdi est tombé dans la pelouse incrédule, à deux mètres de lui. Il n'a pas eu le temps d'esquisser le moindre geste de défense. Il n'en revenait pas. Des milliards et des milliards de kilomètres pour arriver là à un bras. Il aurait pu la prendre en pleine poire. Il a reçu ça pour un signe. Un signe du Ciel.
Pas de doute possible, On lui envoyait un briquet céleste! C'eût été lui faire injure, au Ciel que de l'ignorer, de ne pas s'en servir, de le laisser là, rougir dans l'herbe inutile. Il s'est levé, il a filé, lui aussi, mais lui n'était pas une lumière, vers la maison, il est monté en quatrième dans son bureau a attrapé le paquet de cigarettes qui y trainait depuis quatre ans cinq mois, six jours, douze heures et vingt deux minutes. Il en a sorti la dernière survivante, celle qu'il n'avait pas allumée, celle qu'il gardait pour le dernier souffle, il se l'est collée au coin de la bouche comme il aimait à le faire au temps où il n'avait pas peur du cancer, il est redescendu à fond dans le jardin...
Plus rien de visible, le point rouge s'était éteint.
Il ne restait dans la pelouse qu'un vague petit trou et un cercle d'herbes brûlées. Après avoir écrabouillé la cigarette entre ses doigts, il a jeté ce qu'il en restait par dessus la haie.
Il ne restait dans la pelouse qu'un vague petit trou et un cercle d'herbes brûlées. Après avoir écrabouillé la cigarette entre ses doigts, il a jeté ce qu'il en restait par dessus la haie.
24 commentaires:
Ah ah ah, une histoire qui finit là où on ne l'attendait pas. Bravo au résistant!
Cela fait trois nuits que je dors sous les étoiles. Pour de vrai. Avec mon nouvel homme nous avons mis mon lit dehors, sur ma terrasse. Là haut on est les rois : pas de vis-à-vis et juste le ciel au-dessus de nous. Pas de réverbère, on est plus haut qu'eux, mais une luminescence générale de ville bien sûr, et une perspective sur le ciel qui se limite à un vaste carré au-dessus de nos têtes. Eh bien je n'ai vu que deux ou trois étoiles filantes, certainement pas une pluie. C'est vrai que j'ai dormi, beaucoup. On ne voit pas grand-chose les yeux fermés...
Ah j'aime beaucoup ta nouvelle ,je m'y voyais a scruter le ciel pour y admirer son feu d'artifice ...
Quel bonheur ce regard là .
Bon dimanche de mercredi !!!
@ Nathalie Bravo! (Pas seulement pour le lit sur la terrasse!)
Pour la pluie, j'ai un peu enjolivé!
@ Brigitte Merci!
Zubrowka, bonne muse ...
@ M Ah là, on est entre connaisseurs!
Encore un fumeur inconscient !
Celui qui a balancé ce mégot fumant a bien failli vous éborgner :)
@ Tilia Heu...
за здоровье !
Des forêts de Sibérie au jardin de l'Hespéride (ben oui, il en manque deux !)J'ai pas pu m'en empêcher !
@ M naze drobvié?
Zdorovie vous même !
Pourquoi "heu" ? votre étoile filante (qui a bien failli vous percuter) n'était-elle pas un gros mégot tombé du ciel ? En tout cas, c'est l'impression que j'ai en regardant la photo :)
@ Tilia Aucun bout d'étoile n'a failli heurter personne, c'était une histoire pour le plaisir de raconter... L'image a été prise lors de notre montée nocturne au Ventoux, l'an dernier ce que vous voyez n'est que la trace de ma lampe frontale...
M'enfin ! j'avais bien compris que c'est une histoire et, vu sa fin, j'ai trouvé rigolo d'imaginer un mégot intergalactique !
@ Tilia Et voilà, l'auteur qui se fait engueuler à juste titre par une lectrice parce qu'il n'a pas compris qu'elle avait compris! Bien fait pour lui!
@ M ZdoROvie, pardon... Le russe et moi... En revanche la vodka...
Oui, alors, comment dire... RO était bon, c'était DO qui pêchait un peu ! Donc, petit conseil : l'herbe à bison, ne sourtout pas la fumer, même avec un briquet céleste dans les parages !!!
Entre nous, moi et le russe on ne se fréquente pas beaucoup non plus, mais je trouve ça plus "vodkaien" que "chin" surtout avec l'accent.
S'installer comme un Prince pour contempler les étoiles : voilà bien le luxe et le plus grand bonheur des nuits d'été ! Le zigzag lumineux sur la photo m'impressionne quand même... C'est quoi, cette histoire de briquet ? Ça aurait pu être fatal !... Sans doute la bonne étoile, seule capable de dissuader de conserver cette dernière clope, comme une invitation à la jeter par-dessus la haie...
("aide-toi, ça peut aider le ciel", qu'il disait...)
Nos trois lurons ont répété à leurs parents que "le mieux du mieux des vacances, c'était... la nuit des étoiles filantes". Comme ils avaient promis, ce soir-là, de ne pas faire les fous et hurler dans le bain, de ne pas tout asperger en s'éclaboussant comme des phoques et de bien manger, on avait mis les pyjamas et dîné aux bougies, avec la lampe anti-moustiques qui faisait tac-tac à chaque prise... Une fois la table rangée, un tapis de sol et une couverture sur la terrasse, plus le doudou et l'oreiller, c'était le top pour veiller à la belle étoile... Ils se trémoussaient de joie.
Le silence s'est installé, chacun retenant son souffle, le nez vers le ciel de plus en plus noir. Il y a eu dispute pour savoir lequel avait repéré la première étoile La plus petiote de 3 ans a reconnu l'Etoile Polaire, La Petite et La Grande Ourse ; les deux grands (6 et 8 ans) ont fait les savants en lui ont montrant Le Baudrier d'Orion et plein d'autres constellations aux noms les plus chouettes, chacun rivalisant d'imagination pour en trouver de nouveaux, purement inventés... sans oublier de pointer, au passage, les feux clignotants des avions et ceux, glissants, des satellites... Chaque étoile filante entraînait des grands "Wouaoooh" à l'unisson. La surprise au passage saccadé de l'aile d'une chauve-souris était accompagnée de petits cris d' excitation...
Puis, d'un coup... ça été le grand silence...
Nous avons monté l'escalier vers la chambre avec trois petits paquets dans nos bras, endormis comme des masses... et ce soir-là, il n'ont pas demandé qu'on leur raconte une histoire, ni même jeté un regard vers le plafond de lambris où brillaient pourtant encore la lune et les étoiles phosphorescentes de chez Nature et Découvertes...l
Pour nous aussi, ça restera un soir mémorable de grand bonheur.
PS
Je découvre les précédents commentaires que je n'avais pas pris le temops de lire...
Bravo, Tilia, pour le "mégot intergalactique" !!!...
Aaah ! ça m'a bien fait rire !... : D))))
Une montée de nuit au Ventoux, ça doit être exceptionnel !
Mais je ne vois pas, pour autant, comment a pu être prise cette photo de lampe frontale... ??? Ou c'est le photographe qui a zigzagué avec son appareil ou bien il est resté immobile pendant que vous grimpiez à une allure dingue dans les lacets... ???
Je garde un souvenir fort du spectacle de la descente nocturne depuis le Gros Cerveau, au-dessus de Toulon / presqu'île de St Mandrier, La montée assez raide donne droit à découvrir, de là-haut, un panorama qui va de Toulon à Bandol. C'est impressionnant de jour, mais la nuit, c'est grandiose avec les lumières des villes, de la côte, des ports, des rades.
@ Odile Pour l'image, oui il est resté en pos b sur pied pendant que je montais tranquillement la trace blanche ce sont les mouvements de ma frontale et je ne suis plus sur l'image puisque je l'ai dépassé. Il ne reste qu'une trace de mon passage dans cette montée...
Vous faites un beau récit d'une soirée magnifique! Ils s'en souviendront longtemps, c'est certain!
@ Odile PosE B. Longue exposition.
@ Vous:
http://www.youtube.com/watch?v=QxQgiBIquR8
Les photos de lumières mobiles dans la nuit sont toujours étonnantes, insolites et souvent bizarroīdes, pour peu qu'on se mette en pose. Mais je n'arrive toujours pas à imaginer à quel trajet réel (au sol) et à quelle vitesse du grimpeur peut correspondre la trace folle aérienne de sa lampe frontale. Une photo qui m'intrigue...
"Notre" Olivier Sauzereau, passionné depuis son plus jeune âge d'Astronomie, il court le monde après les étoiles et surtout les éclipses de soleil.
Perfectionniste et astrophotographe de grand talent, il a réalisé des clichés fabuleux sur le mouvement des étoiles, des planètes ; ses photos d'éclipse, en particulier, sont époustouflantes.
Conservateur au Musée Jules Verne de Nantes, il est lui-même, à 48 ans, un véritable "héros vernien". L'éclipse totale de soleil du 1er août 2008 en Sibérie l'a conduit en train (!) de Nantes à Novossibirsk (!), sur les traces de Einstein, Thyco Brahé, Copernic... ; il a rapporté des clichés extraordinaires de ce périple. Conférencier hors-pair, il a présenté au Musée une expo-reportage magnifique qui sillonne actuellement la France. Son dernier ouvrage sur le sujet : "Voyage vers le Soleil Noir" est un bijou. Perfectionnisme et humilité réunis... c'est édifiant et grandiose.
Son observatoire d'initiation dans un petit village de Vendée (La Chapelle-aux-Lys) connaît un beau succès, il organise aussi des safaris aux étoiles au Kénya, en accompagnement de safaris photo-animalière.
Son site : http://www.sauzereau.net/
est simple, comme lui, beau et parfait, comme sa passion.
(pour la page d'accueil, mettre le son : ça donne des frissons...
@ Odile Merci du lien j'y vais vite!
@ Odile: Je montais lentement et là il a déclenché pendant une trentaine de secondes
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