27 décembre 2012

Elle a fait sa belle...

Ce matin, au réveil, elle m'a incendié le regard. L'autre n'étant pas encore bien ouvert, je jetai un oeil par la baie vitrée, je vérifiai que le phare c'est toujours une seconde, trois secondes, rien cinq secondes, comme depuis plus de cinquante cinq années que je le sais, je regardais vers l'Est, là où les choses allaient, en principe, se passer quand elle s'est pointée. Quand elle s'est, enfin montrée.
Un matin, quand j'étais enfant, dans le noir de la nuit, mon grand-père m'avait réveillé et m'avait dit: Habille-toi, on va aller la voir! Avec un air bien mystérieux. Je m'étais levé et habillé en vitesse et j'étais grimpé dans la voiture. Il nous avait baladé sur les hauteurs d'Antibes. À Super Antibes il m'avait emmené super grand-père. C'était bien avant que tout ce bazar de ville naisse de rien, bien avant que tous ces immeubles moches sortent de terre, bien avant que ces clapiers verticaux empêchent la vue, bien avant que les chemins s'élargissent comme des autoroutes. C'était encore du temps où les hauteurs étaient des campagnes. Au ras du sol, pas prétentieuses. Laborieuses, simples. À taille d'homme. Une fois là-haut, nous avions attendu son arrivée et nous l'avions regardée. Nous étions restés à l'abri dans la voiture, une traction, avant noire vaste comme un salon, à cause du froid mordant du matin neuf de Février. Elle était  aussi belle que ce matin.
Ce matin, là où j'étais, elle s'est montrée à moi et à tous ceux qui, peut-être, regardaient dans cette direction. L'Est... 
Un peu avant le lever du soleil, elle est apparue entre les immeubles du Roy Soleil et le phare, encore balayant, de La Garoupe. Une bande de nuages l'encadrait bien un peu, la tassait sur l'horizon, mais pas assez pour la cacher. C'était bien elle dans sa magnificence qu'on apercevait se découpant sur le fond de plus en plus clair. 
Il ne faut pas être en retard car elle ne se montre qu'un petit instant. Elle va vite disparaître quand le soleil se sera, lui aussi, levé...
Certains diront que ce n'est pas elle directement qu'on aperçoit à cause de la courbure terrestre puisqu'elle est à plus de cent quatre vingt kilomètres de là, mais moi, je dis que c'est elle qu'on voit, là.
Un jour, j'y arriverai au petit matin après toute une nuit de navigation, alors j'en sentirais les odeurs de maquis, ces odeurs si particulières qui enlèvent tout doute à propos d'elle: Si on les sent, ce ne peut être qu'elle.
Les paysages qui nous bouleversent sont surprenants, on a beau les connaître par coeur on est ébloui à chaque fois. Et c'est en cela qu'ils surprennent.

Il ne suffit pas de grand chose pour rester dans la mémoire des gens... Chaque fois que je la vois, que j'y pense, que j'y vais, que je songe aux amis qui y vivent, que j'y suis, qu'elle me manque, que j'envisage d'y aller, que je me souviens d'elle... À chaque fois, je pense à lui...

18 commentaires:

M a dit…

Ce qui est sûr, c'est que le ciel était d'une beauté époustouflante ce matin à l'aube (moins de nuages !!!)

chri a dit…

@ M Quand ce n'est pas pour travailler, on peut se lever tôt très facilement et là, là on peut être récompensé! Mais quand il faut aller au chagrin la belle aube nous est moins sensible!!!

M a dit…

Etonnamment elle peut aussi récompenser de l'arrachement du douillet et donner du coeur à l'ouvrage !
Demain, si l'aube le permet, je guetterai sa promesse !

chri a dit…

@ M Je croiserai les doigts! (Alors qu'ils doivent être en éventails!!!)

Tilia a dit…

Au départ, tout me portait à croire qu'il allait être question de Vénus.
Et puis, non. En voyant la photo j'ai pensé que c'est tout simplement de l'aurore que vous parliez. Seule l'adresse de la photo m'a détrompée.
Finalement, ce n'est pas Vénus, c'est l'Île de Beauté qui vous a tapé dans l'œil !
J'ignorais qu'elle soit visible depuis Antibes. Tout comme j'ai découvert (il y a quelques temps déjà) que l'on peut voir le Canigou depuis ND de la Garde.

chri a dit…

@ Tilia: Bravo c'est bien d'elle dont il s'agit et qui est visible, du moins son reflet depuis la Côte d'Azur.

M a dit…

Je me suis trompée ! J'avais dû mal apprécier la distance ! Mais moi, je l'ai vue, apparaitre, au terme d'une navigation de nuit... magique, avec les dauphins et tout et tout !!!
Ne croisez pas les doigts, donc, en plus d'être inutile, ça doit faire mal !!!

chri a dit…

@ M

Chanceuse!

*Terre indienne* a dit…

Ici, le brouillard, la pluie, des belles lumières tout de même... Mais cette évocation de la Corse me fait rêver, le sud, ah que vous êtes chanceux!!!!!
Sinon, au début du texte, j'ai pensé à la lune... à cause de ce petit film vu dernièrement:

http://youtu.be/N8hNpsy5K1Q


*Terre indienne* a dit…

Ou là (si le lien au-dessus ne fonctionne pas) :

https://www.facebook.com/photo.php?v=10151257581663114&set=vb.171633248622&type=2&theater

ou là...
Bref, cherchez.

http://www.fubiz.net/2012/11/05/pixar-la-luna/

Brigitte a dit…

Que de souvenirs merveilleux: Elle tout d'abord, que je connais si peu et puis lui ce grand-père qui te l'a fait découvrir ;
Forcément,je comprends que tu ne puisses l'oublier .
Bon week-end

chri a dit…

@ Christiane: Merci du lien mais il n'est plus disponible... Disney ne veut pas qu'on le regarde gratuitement... Chanceux, chanceux... Oui, un peu...

@ Brigitte Merci, bonne fin de semaine, aussi.

*Terre indienne* a dit…

Bonsoir Chri,

Avec le lien ci-après, c'est encore visible:

https://www.facebook.com/photo.php?v=10151257581663114&set=vb.171633248622&type=2&theater


Bonne Fêtes de fin d'année, en solitaire, accompagné, mais surtout, dans la sérénité, hein, oui?
Amitié!

chri a dit…

@ Christiane Merci du lien! C'est superbe! Je partage tout autour!
Une belle soirée sereine pour accueillir l'année à venir à vous aussi! Amitié.

odile b. a dit…

Chri, vous avez le don de nous faire languir, dans l'attente de LA découverte !...
Quelle chance d'avoir eu un tel grand-père pour guide (c'est "Tony", lui ?). Il vous a transmis cet appétit pour les aubes et les couchers enchanteurs.

Quand je pense qu'un tel spectacle nous est passé sous le nez, alors que nous y sommes montés avec Ph., à La Garoupe, au pied du phare et de la petite chapelle Notre-Dame. C'était en milieu d'après-midi, en mai ; nous n'avions plus de jambes pour arpenter tout le sentier côtier, juste assez de souffle pour prendre le petit chemin autour du phare. L'ombre des grands pins parasols, là-haut, et le porche de la chapelle nous avaient permis de faire une pause et de profiter d'un vaste panorama. Mais ce n'était pas la bonne heure, ni la bonne orientation pour "LA" voir, "Elle"... (juste dans la direction opposée, si je comprends bien). Et puis surtout... nous n'avions pas votre grand-père pour guide :-/
Et tout ça... à cause de deux heures gaspillées à tourner en rond, en voiture, en plein cagnard pour trouver le jardin botanique de la Villa Thuret que nous voulions visiter d'abord : "INRA - 90, chemin Raymond"... Ah ! si je m'en souviens, de celui-là, avec plein de routes en sens unique qui faisaient perdre le Nord au GPS.

Merci quand même pour la très chouette photo et pour toutes celles du lien cité. Mais, je reste envieuse de cette découverte suprême et fugace de l'île au lever du jour..

Bonnes dernières journées avant les bises sous la boule du Gui l'An Neuf !

odile b. a dit…

PS
Une belle nouvelle bannière !
Céouça ?

chri a dit…

@ Odile N'ayez pas de regret, elle ne se dévoile qu'en hiver... C'est le massif du Vercors...
A vous zaussi de belles journées d'avant la dernière!

chri a dit…

@ Odile Ou le massif des Bauges...

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