Quand
certains matins te sont, disons, plus délicats que d’autres, quand la vie se pique
à vouloir te distribuer de jolies paires de gifles, quand les journées te
semblent avoir plus de vingt quatre heures, quand les heures te paraissent
durer davantage que soixante minutes, quand les vents forcissent que le calme
fout le camp des parages, quand la mer se forme, quand de l’écume poudroie au
sommet de grandes croisées, il n’y a pas trente six solutions. Ou tu fiches le
camp d’un tel endroit ou tu affrontes ce qui te menace. Fuir n’est pas si
difficile. Il suffit de mettre son orgueil en sourdine, de s’asseoir sur son
image et de trouver de bonnes justifications. Mais faire face, là, c’est une
autre affaire. Cela écrit, tu peux
affronter en réduisant les risques, en diminuant un peu la toile en te
préservant, en te protégeant un peu. Toi et ta monture.
Ça
s’appelle, en langage technique prendre un ris.…
Et comme je ne suis pas chien
je vais te dire de quoi il s’agit que tu puisses t’en resservir en cas de
besoin :
Pour une
prise de ris normale, c'est tout bête, il faut un oeillet côté guindant et un
autre côté bordure.
Tu te places vent debout pour déventer ta grand voile,
Tu
prends un peu de balancine,
Tu
choques de la drisse de grand-voile jusqu'à pouvoir crocher l'oeillet côté mât…
Tu
prends l'oeillet côté extrémité de bôme avec une garcette,
Tu
souques contre la bôme puis tu étarques vers l'arrière,
ensuite
tu lies toutes les garcettes de la bande de ris pour retenir l'excédent de
toile,
Tu
re-étarques la drisse de grand-voile, puis tu choques la balancine et
tu
reprends le vent !
Et hop, le tour est joué.
Allez ne remercie pas, c’est cadeau. Cours t'acheter un bateau, trouve un océan, une mer un peu grande fera l'affaire, guette une dépression et... bon vent !
19 commentaires:
J'veux pas conduire le bateau, c'est beaucoup trop compliqué.
Mais j'veux bien qu'on m'emmène en bateau là où c'est si böôô !!!
Céoùça ?
Bon, et faire face sur le plancher des vaches, y'a moyen ? Parce que je nage mal, alors j'aime mieux pas prendre trop de risques non plus...
Marie
Aussi passionnant que l'ancien français, ce texte, Chri :)
Merci pour cette jolie manière de nous mener en bateau
Cela me parle et me rappelle ma jeunesse ...
Superbe photo ,c'est ou?
Dire tout de même, qu'avant il faut larguer les amarres, hisser les voiles, prendre le large (sans pour autant se mettre en fuite hein !) !!!
Jolie métaphore ! Faire aussi attention aux garcettes, ça peut être traitre et te revenir dans le nez facilement !!!
Ceci dit tous les moyens sont bons pour ne pas sancir...
Courage, au cas où l'amer soit âpre pour de vrai.
@ Marie Avec les vaches, ce serait prendre un pis...
@Odile Brigitte C'est l'îlet Gosier à Gosier...
@ Tilia C'est ce qui m'a plu, oui...
@ M Ne pas sancir, évidemment...
@ M Tout va bien l'air du Nord me convient!
C'est qu'il y est chaleureux ! Bonnes vacances ! Moi je file, boitillant, au taf, parce qu'il me faut attendre la toute fin de cette semaine ... Je vois que qui dit vacances dit lève tôt !!
@ M Bon courage... Les biberons n'attendent guère!
Oh merci Chri, ça faisait des années que je n'avais pas eu l'occasion d'entendre la mélodie des marins à voile ! Quel plaisir !!!
@ Laurence Partagé, le plaisir! Partagé!
d'abord on prend un ris, puis deux, puis un tranxène ... et ensuite si çà suffit pas on affale tout et on attend.... que le grain passe !
J'ai connu une fois cette situation là et j'ai cru mourir .... PLUS JAMAIS !
dans la "vraie" vie, ce peut être tout pareil.
@ Véronique: Se coucher au fond de la cabine et dormir jusqu'au calme revenu? C'est aussi une solution!
Vouiii... encore fait-il pouvoir dormir !!!
@ Brigitte Moi c'est partout!
Que voilà la méthode bien expliquée, on se croirait dans le manuel des Glénans. Il manque bien sûr toute la démarche avant :
- tu crois qu'on devrait prendre un ris ?
- oh, j'sais pas, on va attendre encore un peu, t'as vu comment on surfe sur les vagues ? J'm'éclate, moi, à la barre !
- oui, sauf que t'as vu comment t'es obligé de tenir le bateau pour pas qu'il parte au lof ? Tu déconnes là, à mon avis il faut prendre un ris, voire deux, et vite... surtout quand on voit la couleur du ciel derrière toi. Allez, je mets mon harnais et on prend un ris.
(scène vécue, évidemment)
Tu n'as pas dit non plus les cheveux dans les yeux, les gifles des vagues et l moment où on s'accroche à la bôme pour ne pas tomber, enfin tout ce qui fait la vraie vie de la prise de ris !!!
:) merci d'avoir fait remonter à ma mémoire ces bons souvenirs.
@ Véronique Oui, j'ai gardé la technique et les termes mais pas l'environnement disons affectif!
Tu sais quoi ? Le jour de publication de ce texte, j'étais en mer du coté d'Antigua en train justement d'en prendre un de ris. C'était pour le boulot (encadrement d'une course au large)et ça faisait un bail que je ne m'étais pas fait br... de la sorte. Je suis rentré hier, rincé total, pas comme ce jour à Gosier ...
@ Slev Quoi ça? Ils communiqueraient les inconscients? De si loin?
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