05 février 2013

La porte.


Ce que je n’ai pas compris, sur le coup, c’est que cette porte, là, je la claquais sur nous...
Enfin, nous… Il me faudrait quand même être un peu plus précis. Je devrais écrire que je fermais violemment la porte sur le peu qui, désormais, restait de nous. La meilleure image que je puisse trouver est que je faisais le noir sur une enclume devenue dé à coudre. C’est vous dire. Et le pire c’est qu’on avait rien vu venir. Ca c’était imposé à nous comme un bouton sur le nez. La veille il n’y est pas, ce matin on ne voit que lui, demain il aura mangé le visage.
Et pourtant, l’amour ou ce qui lui ressemble avait circulé entre nous. Ca, on peut pas dire le contraire, mais pas assez ou mal ou pas dans les bons tuyaux ou ni quand ni comme il aurait fallu. Pas comme cela aurait été nécessaire pour que ça dure en tous les cas. Et voilà qu’en faisant ce geste banal, sans même y prendre garde, sans convoquer les officiels, je mettais un terme à tout ce bazar qui, maintenant, nous faisait davantage souffrir qu’autre chose. On avait déjà essayé de s’arrêter, une fois. On avait cessé de se voir et de se parler pendant une ou deux années et puis on s’était retrouvé et tout était revenu. Comme avant. Pire qu’avant. Comme si on n’avait rien appris, comme si rester aveugle et muet durant deux très lentes années n’avait servi à rien… Qu’à nous permettre de souffrir encore davantage.
J’ai tourné la clé, le moteur de la bagnole a démarré, j’ai enclenché la première et je suis parti. J’ai bien fait exprès de ne pas la regarder dans le rétroviseur mais en vrai, je la voyais qui fermait le portail sans… me regarder partir. Un partout, pas de balle au centre. Plus de centre. C’était sa manière à elle de fermer le livre, de couper le lien, d’arrêter là… Et, depuis, nous voilà dans le lit du silence depuis trois longues années, bientôt quatre. Le silence ce n’est pas si mal, ça évite d’être blessé par les mots surtout que ce n’est pas parce qu’on la ferme, la porte, qu’il fait moins froid dehors...
Au fond, quand même dire, qu’après trois ans, tout ce silence commence à faire un méchant vacarme…


7 commentaires:

Nathalie a dit…

Bon, là, très franchement moi j'attends une suite. Je veux du rebondissement, du ressort. Qu'est-ce qu'il va devenir, ce héros avec tout ce vacarme qui lui tape dans la tête ? Au boulot Chri, je suis hameçonnée et je veux la suite :-)

chri a dit…

@ Nathalie Pas certain que ce soit intéressant à raconter!

Tilia a dit…

Il a pris la porte. Mais la porte demeure là où il l'a refermée sur son passé et le silence de cette porte close devient assourdissant.
Une histoire de couple bancal, comme vous savez si bien nous les conter, Chri

Brigitte a dit…

Une histoire d'amour qui se termine mal !!!Encore...
Ah oui j'suis d'accord pour une suite moi aussi qui soit intéressante et que tu te creuses pour trouver .
Comment ça c'est pas possible ? Mais si ,mais si ...

Maestitia a dit…

Des frissons en parcourant ces quelques lignes... Le tout est de trouver une nouvelle porte derrière laquelle on se sentira enfin bien. Rouvrir les anciennes ne laisse jamais qu'entrevoir ce qu'on y avait laissé, avec raison. Pour ma part, je ne trouve pas qu'une suite soit nécessaire, la dernière phrase ponctue le texte avec justesse, laissant voguer l'imagination. Bravo !

véronique a dit…

moi qui suis oh combien optimiste ... je suis sûre qu'un coup de vent pourrait la rouvrir cette maudite porte !
(bon, comme le dit si bien Brigitte, encore une histoire qui se termine mal ! grrrrrr)

chri a dit…

@ Véronique Hé oui, comme d'habitude!

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