01 décembre 2013

Terrible.

Je ne crois pas avoir, un jour, lu, entendu de phrases plus terribles que ces deux là. 

Elle sont un récit de ce qui est arrivé en vrai, un fait divers, donc, dans une ville du bord de mer choisie à cause de son nom, est-il précisé... Elles sont deux, les phrases, et elles glacent jusqu’au plus profond de la moelle des os. Après les avoir lues, on se construit inévitablement la scène, on s'invente les images, on imagine les deux personnes, on voit  l’immensité de la plage, l’horizon brumeux, le vide, l’absence d’autres humains, le vent, le froid, le gris, la solitude absolue. Les gestes. Et on est gelé de part en part, transpercé par une lame tranchante d’émotion suffoquante. On la voit après s’être abaissée vers le sol, regarder furtivement ou longuement ce qu’elle vient de déposer sur le sable, se relever, faire demi-tour et puis s’en aller. S'en aller. On la regarde parcourir en sens inverse tout le gris de la plage, toute son immensité sans jamais se retourner. Ou alors peut-être une fois? On la voit se rendre à la gare et reprendre un billet, puis le train pour rentrer chez elle… Seule.
Et puis, à moins qu'on ait la science infuse, qu'on sache tout sur tout et qu'on ait un avis tranché vif, on s'interroge.  Comment cela a-t-il été possible?
C’est la mère qui parle :
« J’ai déposé ma fille sur la plage alors que la marée montait... 
Et je suis partie. »


Comme disait l’autre : 
Si tu ne veux pas entendre d’horreurs, n’écoute ni le monde, ni… toi-même.

12 commentaires:

Brigitte a dit…

Horreur et incompréhension ...

Tilia a dit…

Quand les humains tombent plus bas que les plus barbares des mammifères, c'est que notre société dite "civilisée" est bien malade.

M a dit…

Pour Adélaïde, le silence de notre peine... immense.

Laurence a dit…

En effet, glaçant .... Mais ... c'est une histoire "vraie" ??

chri a dit…

Oui, Laurence, terriblement vraie.

Nathalie H.D. a dit…

La plage choisie pour son nom, c'était Berck.

"Une femme calme, très intelligente, cultivée, qui s'exprime très bien mais qui est un personnage «hors-du-commun». C'est ainsi que son avocate décrit Fabienne K., mise en examen samedi pour l'assassinat de sa petite fille de 15 mois sur une plage de Berck le 21 novembre.

La femme a reconnu avoir abandonné sa fillette vivante sur une plage de Berck-sur-Mer, ville qu'elle avait choisie pour son nom, pendant que la marée montait. L'enfant avait été retrouvée noyée au petit matin par des pêcheurs de crevettes. «La mère d'Adélaïde ne se cherche pas d'excuses, elle ne se défile pas, elle conçoit l'atrocité de son geste», ajoute son avocate. Mais «elle est dans une logique qui nous échappe, parallèle à la nôtre. C'est un personnage très particulier», insiste-t-elle.
«Comme si c'était une maladie dont je l'ai soustraite»

La mère d'Adélaïde a expliqué aux enquêteurs être dans une grande solitude. «Elle était dans un isolement total. Il y avait des difficultés dans son couple, et elle n'avait plus aucun lien avec sa famille», explique Me Fabienne Roy-Nansion. «Son père est en France mais ils étaient fâchés et ne s'étaient pas vus depuis environ dix ans. Quant à sa mère, elle n'est même pas certaine du pays dans lequel elle se trouve. Au final, elle ne connaissait personne, elle n'avait aucun ami.» Sa discrétion est telle qu'aucun de ses voisins ne l'avait reconnue dans l'appel à témoins diffusé dans les médias.

La naissance d'Adélaïde, en août 2012, n'avait pas été prévue par le couple. «Ma cliente a expliqué que c'était une surprise. Bonne pour elle, mais mauvaise pour son compagnon», explique son avocate, Me Roy-Nansion. L'enfant aurait été «un obstacle à la relation intime et artistique du couple», d'après une source proche du dossier. «Elle se disait: La vie qu'elle aurait eue, c'est comme si c'était une maladie dont je l'ai soustraite», a déclaré Me Fabienne Roy-Nansion lors d'une conférence de presse dimanche. «Je crois qu'elle a euthanasié cette enfant et qu'en l'euthanasiant, elle s'est euthanasiée aussi», estime-t-elle, en insistant sur l'amour profond que Fabienne K. a déclaré ressentir pour cette enfant."

Source: http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/12/01/01016-20131201ARTFIG00023-fillette-noyee-a-berck-le-compagnon-de-la-mere-se-dit-effondre.php

chri a dit…

@ Nathalie On peut se demander comment un auteur pourrait inventer une histoire plus terrible que celle-là... Jusqu'au choix de la ville...

Brigitte a dit…

Les mots manquent pour qualifier l'innommable ...

chri a dit…

@ Brigitte: Oui, ils manquent.

Anonyme a dit…

Misère ordinaire et extraordinaire. C'est le quotidien des Assises. Dans certaines cultures c'est une pratique de gestion de la misère effective ou redoutée.
Ici ce qui frappe c'est le détachement, la distance intellectuelle. Ce n'est pas passionnel, c'est raisonné.
0o

chri a dit…

@ Oo Ce qui frappe... C'est ça. Ca cogne...
On s'en remet à la marée? A l'eau? Au fleuve? Au Styx?

véronique a dit…

on ne peut expliquer l'inexplicable ! on ne peut admettre l'idnamissible ! on ne peut supporter l'insupportable !
comment juger ?

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