07 mai 2014

Ou non.

Pour les Impromptus littéraires de la semaine. Il fallait terminer le texte par: "Alors, avec tout ce qui s'est passé, voilà ce que je me dis: moi, je peux toujours regarder derrière et dire qu'au moins je me suis pas ennuyé".

Enfin, enfin l’instant était arrivé, nous avions fini par y être.
Dans deux minutes j’allais devoir répondre.
Des mois qu’on l’avait, enfin qu’elle l’avait évoqué comme ça vite fait, en passant, puis qu’on en avait parlé plus sérieusement, qu’elle avait, finalement, emporté le morceau. Des mois entiers qu’on s’était décidé, enfin qu’elle avait choisi la date et enfin organisé  toute l’affaire. Du sol au plafond, de haut en bas, dans les grandes et petites lignes, en long, en large et en travers. Son côté rationnel et tenace. Des mois qu’elle ne parlait plus que de ça, que notre monde tournait autour de ça, qu’elle ne pensait à rien d’autre, que ça engloutissait toute son énergie, son temps, ses forces  et aussi pas mal de notre blé.
Enfin, nous y étions. Dans deux secondes, je ne serai plus le même homme. Nous étions ensemble depuis douze ans, j'en avais  trente huit, je commençais à perdre mes cheveux sur le dessus, à les voir blanchir sur les côtés, à cavaler un peu moins vite, à m’essouffler à partir du troisième et mon genou droit me faisait souffrir au réveil. Et, là où j’en étais, j’avais la trouille et une forte envie de foutre le camp.  Il paraît qu’avant de sombrer dans la mort on se met à revoir le film de sa vie en accéléré, c’est exactement ce qui m’est arrivé. J’ai repensé à ma vie avant elle. À cette enthousiasmante, débordante, éclatante vie de bamboche et patachon que j’avais mené jusqu’à notre rencontre. À ces innombrables nuits sans sommeil, à ces beuveries magnifiques, à ces rencontres de feu, à ces amours d’incendies, à ces fêtes inoubliables, à ces heures sans contrôle, à ces folies adolescentes. À cette liberté inconditionnelle et merveilleuse à laquelle  j’allais, sans doute, définitivement renoncer. Pour trois lettres de rien. Pour un  oui riquiqui. Je me suis mis à transpirer comme un rideau de douche. Pour un malheureux petit oui de rien. Mes deux jambes me lâchaient, mon cœur m’abandonnait, mon estomac me fuyait. Quelle misère.
Vous me croirez ou pas mais la seule chose qui me soit venue à cet instant précis quand je me suis mis à revoir ce que jusque là avait été ma vie ce fut :

Alors, avec tout ce qui s'est passé, voilà ce que je me dis: moi, je peux toujours regarder derrière et dire qu'au moins je me suis pas ennuyé.


12 commentaires:

Nathalie a dit…

Ah ben oui voilà, il faut bien essayer une autre vie après un temps. Il faut essayer d'autres joies, d'autres aventures. J'ai souvent eu l'impression qu'avoir des enfants avait été une grande aventure dans ma vie au même titre que mon demi-tour du monde à la voile... des aventures, il en existe de toutes sortes.

chri a dit…

@ Nathalie:
J'ai entendu parler d'une "virée" Guadeloupe Nouvelle Zélande par le canal de Panama avec escales à Pâques, Galapagos et Marquises... Rien que ça...

Anonyme a dit…

Je connais rien de pire que de se faire coincer par un/une divorcée qui continue à vous soliloquer ses comptes même quand on commence à saigner des oreilles. La future ex de celui-là, je voudrais pas la croiser à une sortie d'école.
Marie.

Tilia a dit…

Revoir ma vie en accéléré et pouvoir me dire qu'il n'y aura pas grand-chose à couper au montage, voilà ce que j'espère.

De toutes manières, avec l'Art et la Nature comme seule religion, je ne m'ennuie jamais.

Bonne fin de semaine, Chri

chri a dit…

@ Marie Ah toi non plus!

@Tilia Moi c'est Pêches et Traditions! :-)

Tilia a dit…

Traditions ?...
Pas la corrida, j'espère !!

chri a dit…

@ Tilia Ni ne pêche, ni ne corride! Je déteste emmerder les animaux à part les mouches bleues qui me le rendent bien. :-)

odile b. a dit…

Un coup d'œil dans le rétro, c'est un sage réflexe...
Ça permet de vérifier si tout va bien à l'arrière, si on n'a rien paumé d'important : l'annexe, la remorque, la roue de secours et de rectifier, réparer, savoir s'adapter, virer de bord, récupérer à temps...
Mais si la machine ne tient plus la route, s'il y a trop de vent dans les voiles, si le bateau est instable et prend l'eau pour un Oui pour un Non, rien d'irréversible... savoir changer résolument de cap et, si nécessaire, affaler les voiles et repartir à zéro, pour ne pas avoir à faire le reste du parcours "à la rame"...

chri a dit…

@ Odile Oui, pas de galère!

Brigitte a dit…

Alors finalement c'est oui ou c'est non ??? !!!
Ne pas s'ennuyer dans la vie s'est déjà beaucoup ,ne pas s'ennuyer à deux c'est encore mieux avec ou sans oui...
Bon dimanche

chri a dit…

@ Brigitte Moi je ne sais pas mais d'après vous?
Ne pas s'ennuyer à deux? L'autre disait en amour il y en a toujours un qui souffre et un qui s'ennuie... Mais l'autre...

chri a dit…

@ Brigitte Bon dimanchavous aussi :-)

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