24 novembre 2014

Alternée.

Pourquoi se sent-on si forte d'aimer un homme et si faible d'en aimer deux? 
(Marie-Jo Ariane Ascaride) dans "Marie-Jo et ses deux amours." de Robert Guédiguian.

___ Et alors ? Tu as dit quoi ?
___ D’abord, j’ai passé trois ou quatre nuits sans dormir à essayer de tourner et retourner le problème dans tous les sens. Et puis, j’ai fini par n’envisager qu’une solution qui m’a paru être la moins mauvaise. Tu noteras, je n’ai pas dit la meilleure.
___ Je crains le pire…
___ Chut laisse moi te dire : J’en suis arrivé à la conclusion qu’il me fallait lui  proposer une résidence alternée... Quinze jours, trois semaines chacun, pour qu’il y ait un ou deux week-ends entiers au milieu. Je n’ai trouvé que ça comme solution à peu près acceptable. Je n’en pouvais plus de se voir en douce, en vitesse, entre deux absences, profitant d’une occasion, d’un départ imprévu, venant à l’improviste et repartant trop vite. N’être ensemble que quelques heures et avoir le bras arraché à chaque fois qu’il démarrait en me faisant un signe de la main qui ne me disait rien du moment où j’allais le revoir. Je n’avais plus assez de bras, ils ne repoussaient pas assez vite, je n’arrivais plus à l’embrasser comme il fallait. Et, comme je n’avais pas non plus le cœur à me séparer de lui complètement, je n’ai jamais été une trancheuse dans le vif, ça m’était insupportable, inenvisageable, impossible. Aussi, au milieu de la deuxième nuit, il m’est venu cette idée lumineuse de résidence alternée. Alors, tremblante, de tous mes membres, dégoulinant de sueur de peur d’avoir à essuyer un refus, je me suis décidée à lui proposer : Tu viens vivre ici, je lui ai dit, tu t’installes pour quinze jours et tu y rentres le soir après ton travail. Il peut t’arriver d’y être avant moi, tu auras bien entendu un trousseau de clés, tu feras comme chez toi, mieux tu seras chez toi. On y prépare un endroit pour tes vêtements, ainsi tu en auras ici et là-bas, tu finiras bien par remplir par deux armoires facilement et ceux que tu aimes, ceux dont tu ne veux pas te séparer ils tiendront dans une valise. Une valise pour quinze jours, trois semaines. Tu as tout en double. Il n’y a qu’une chose que j’aimerais réserver pour un seul des deux endroits, c’est le parfum, les eaux de toilettes, enfin tout ce qui est odeur, quoi. Il ne me semblerait pas correct d’avoir la même pour les deux maisons. Ce sera la seule différence pour laquelle on sortira la ligne jaune. Les quinze jours, trois semaines suivants, tu les passes dans ton "autre" maison. Et cette alternance est également valable pour les vacances, on les partage à peu près en deux, mais nous ne sommes pas à un jour près, tout se négocie, tout se discute, tout s’envisage, nous pouvons quand même nous comporter en adultes bienveillants que je sache…
___ Ah oui, tu irais jusque là ? C’est dingue, non ? Il en a pensé quoi, lui? Et sa femme?
___ Tout le temps où je lui disais comment je voyais les choses, où je faisais mon cinéma, où je déballais mes arguments, où je détaillais ma proposition, il m’écoutait, un vague sourire un peu triste agrippé au coin de ses lèvres...
Tu le connais, lui qui est plutôt du genre à mettre deux trois fringues dans un sac et se retrouver sur le quai d’une gare en moins de deux sans avoir de billet en poche, ça m’a surpris, il m’a dit qu’il devait réfléchir. Qu’il me donnerait une réponse le plus vite possible.
___ Alors ?
___ Alors ? Hé bien, j’attends, et je tremble, couillon, que veux-tu que je fasse d’autre ?

J’ai si peur de le perdre.


27 commentaires:

Laurence Chellali a dit…

Il se peut que j'ai mal suivi mais ... les personnes sont alternées elles aussi ? Tu parles un coup d'elle et un coup de lui ? Ca serait vraiment drôle ça :)

chri a dit…

@ Laurence Nan, ce n'est pas si drôle! C'est parce que j'ai féminisé après avoir masculinisé et j'ai oublié des masculins... C'est un amour qui est partagé.

Tilia a dit…

Et pourquoi ne pas tenter un trouple ?

chri a dit…

@ Tilia Oui c'est aussi une idée... Un peu trouble, le trouple quand même, non?

chri a dit…

Tilia a écrit:

Pas plus trouble, à mon sens, que le mariage pour tous porte ouverte à la GPA...

chri a dit…

@ Tilia Que le mariage pour tous soit trouble, c'est votre opinion.
La mienne c'est que c'est le mariage qui est trouble!

:-)

Brigitte a dit…

Mariage ,compagnognage ...Au final ça ne change pas grand chose on est souvent seul quand même !!!Enfin j'dis ça j'dis rien
Et pourquoi pas pour tous? ils peuvent eux aussi avoir le droit de divorcer ...Nan mais !

chri a dit…

@ Brigitte Ben chui d'ac, moi.

M a dit…

C'est pas compliqué : chacun fait, fait, fait, skiluiplait plait plait, enfin, peut être ! Le jour ou on trouvera une solution... Mais est ce souhaitable ? Du mieux qu'on peut, jusqu'au jour ou c'est juste plus possible quelques soient nos choix... Sur ce bonne soirée msieurdames

chri a dit…

@ M Donc, je résume: Chacun fait c'qui lui plait jusqu'au moment où ça lui déplait... C'est ça n'est-ce-pas? Fastoche.

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Ils chantaient comment déjà, les Rita Mitsuko ? ...Les histoires d'amour finissent...

Pour l'écriture, toujours aussi agréable à lire.

Amitiés.
P.S.
Superbe la photo, en bas du texte. Un vrai tableau abstrait.

Anonyme a dit…

Ben non M'sieur Chri, justement, pas si fastoche, surtout au moment où ça plait moins... n'est ce pas... :)
Votre texte me fait bigrement penser à la chanson '"pour ne pas vivre seul".
Bonne soirée là haut
Lou

M a dit…

Pas fastoche, lapalisse ! (Toujours mieux qu'une taloche ou la police ) Fatiguée je suis !

chri a dit…

@ Roger Merci, merci l'image vient de Paris deux boutiques côte à côte...

Lou Justement... Si vous saviez... Mais quelque chose me dit que vous savez.
Je ne connais pas la chanson. Qui chante?

Là haut comme vous dites il y a de l'eau dessus et dessous en en bas?

chri a dit…

@ Lou Chui allé entendre la chanson... Je la trouve comment dire? Gratinée? Oui Gratinée, non?

Anonyme a dit…

Ca doit bouillonner sec à Fontaine de vaucluse... ici, ça déborde, l'Issole est rebelle, comme d'hab, bientôt je ne pourrai plus sortir le matin. Il pleut des torrents d'eau dans un vacarme à lever le sommeil des plus ensuqués.
EN parlant de gratin, me ferais bien un pti dauphinois avec trois morilles.
Lou

chri a dit…

@ Lou. Bonne idée, je vais aller tâter le bouillon dimanche et je vous dirai.
Ben faisez-le, le gratin. Faisez-en pour deux, même :-)

Anonyme a dit…

Bon... pour 4 alors :)
Saluez la pour moi, et "là où c'est profond, laisse un peu mesurer les autres"...:))
Lou

chri a dit…

@ Lou Allez zou! Va pour cinq Fanny en sera, aussi.

odile b. a dit…

Un joli beau patchwork des deux boutiques
Avec de jolis beaux débit de mots :-)

1 - Dans ma rue, y a deux boutiques
Dans l'une on vend de l'eau dans l'autre on vend du lait
La première n'est pas sympathique
Mais la seconde en revanche où l'on vend du lait l'est
Et c'est pour ça que tous les passants
La montrent du doigt en disant

Ah qu'il est beau le débit de lait
Ah qu'il est laid le débit de l'eau
Débit de lait si beau débit de l'eau si laid
S'il est un débit beau c'est bien le beau débit de lait
Au débit d'eau y a le beau Boby
Au débit de lait y a la belle Babée
Ils sont vraiment gentils chacun dans leur débit
Mais le Boby et la Babée sont ennemis
Car les badauds sont emballés
Par les bidons de lait de Babée
Mais l'on maudit le lent débit
Le lent débit des longs bidons du débit d'eau de Boby
Aussi Babée ses bidons vidés
Elle les envoie sur le dos de Boby
Et Boby lui répond
En vidant les bidons
Les bidons d'eau de son débit et allez donc
Les bidons d'eau de son débit et allez donc.

2 - Dans ma rue y a un mariage
Celui du beau Boby et de la belle Babée
Les voilà tous deux en ménage
Le débit d'eau épouse le grand beau débit de lait
Ils ont repeint leur boutique en blanc
Et chacun dit en y allant

Ah qu'il est beau le débit de lait
Ah quel palais le débit de l'eau
Débit de lait si beau, débit de lait palais
S'il est un débit beau c'est bien le beau débit de lait
Boby a mis du lait dans son eau
Et la Babée de l'eau dans son lait
Ils ont enfin compris que leurs débits unis
Font le plus grand le plus joli des beaux débits
Et les badauds sont emballés
Par les bidons de lait de Babée
Oui mais Boby garde pour lui
Les deux plus beaux bidons de lait de la Babée jolie
Et maintenant si vous y alliez
Vous entendriez de joyeux babils
De deux beaux bébés blonds
Qui font tomber d'un bond
Tous les bidons d'eau et de lait de la maison
Tous les bidons d'eau et de lait de la maison.
Ils se battent à coups de beaux bidons
Chez Boby et chez Babée et allez donc.

odile b. a dit…

De jolis beaux débitS de mots

chri a dit…

@ Odile Oui, Trenet! :-) Je pensais plutôt à Stendhal...

odile b. a dit…

Stendhal, of course...
Miró-bolant d'évocations
ce bô tableau
images et mots
des soupirants, des soupiraux

Anonyme a dit…

Encore un qui veut le fromage ET la poire !
Marie.

chri a dit…

@ Marie En l'occurrence, c'est elle qui propose ça...

Anonyme a dit…

oui, quand tu sais pas comment t'en sortir, tu chipotes, je sais, je te pardonne.
Marie.

chri a dit…

@ Marie Et Maryse sur Alfredo, je chipote!

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