15 novembre 2014

Arrière toutes.

Le soleil lassé, enfin, s’éloigne un brin de la terre, il soulève sa paume et, ainsi, la caresse, maintenant, de plus loin. Alors, le fond de l’air redevient respirable. Il pèse moins, il étouffe moins, il oppresse moins. Aussi, ici, le jour se lève dans des fraîcheurs et des brumes allongées, les touristes en caravanes ont levé les camps, les routes s'ensilencent, les écureuils et les hérissons les retraversent sans crainte d'être aplatis, le calme vient à nouveau de s‘étendre sur l’arrière pays.
Au vieux port, dans une rue déserte et sableuse, une bouée d’enfant, rouge et dégonflée roule, poussée par un air tranquille. Les terrasses en bord de mer sont presque vides, deux ou trois couples de vieux s’y réchauffent les os, à l’abri du fâcheux qui vient de se lever. Devant eux l’assiette d’une salade, une niçoise un peu triste, un peu fadasse, comme un arrière goût d’été.
Deux chiens en goguette se courent après et chahutent sans entrain en se reniflant l’arrière-train. Ils jouent, se chamaillent et se mordent les truffes sans arrière-pensée. J'ai dû prendre froid avec ce vent maudit, je tousse, moi, c'est dans l'arrière gorge que j'ai un chat.
Sur la plage, quelques corps d’étrangers s’obstinent à faire comme si l’Aout torride était encore de mise, ils sourient et font semblant les touristes de l’arrière ban. Nordistes égarés ? Comme une arrière garde ?
Les vitrines des magasins de souvenirs s’occultent de blanc, certaines sont bardées de planches, la marchandise a été soldée, les réserves sont vides, ici ou là on balaie les arrière-boutiques.
Un marchand de glace emboule ses derniers cornets, il n’ouvre plus qu’en fin d’après-midi, quelques serviettes de bains sèchent sur des fils agités par un vent nonchalant. En fin d’après-midi, on ne revient plus de la plage mais on la regarde du muret de la route. Les feuilles des grands arbres commencent à pleuvoir lentement. Les balais s’agitent dans les arrières cours.

Sur le front de mer, je croise une jeune fille toute emmitouflée que je trouve jolie mais elle ne m’adresse aucun regard. À ses yeux, je dois être devenu transparent. Plus de doute possible, comme on s'approchait d'un anniversaire, j’ai compris que j'avais désormais basculé dans mon arrière saison...
Tandis qu'un autocar presque vide passait en faisant un bruit du diable qui a couvert la fin de ma  phrase je me suis dit en souriant jaune:
"Mon petit bonhomme, pour l'instant ils te laissent au front, mais t'inquiète, ils ne vont pas tarder à  te rapatrier à l'ar..."


12 commentaires:

Anonyme a dit…

Ben alors, on est pas mal, à l'arrière, un peu de douleurs dans les épaules, d'arthrose ici ou là, mais bon, on fait avec non ?
Et on retape trois fois le code à la mords moi le mormon...
Marie.

chri a dit…

@ Marie Mais qu'est-ce-que c'est que ce code dont tu parles? Je n'ai jamais installé de code... Comment tu sais pour les douleurs dans les épaules et l'arthrose?

Brigitte a dit…

Comment ça des douleurs ? C'est quoi ? Enfin pas de douleurs pour moi, j'suis toujours jeune héhé malgré le temps qui passe pour moi aussi !!!
Allez bon dimanche quand même ,hein ...

chri a dit…

@ Brigitte Profitez, profitez...

Anonyme a dit…

Ben mon grand, moi aussi je commence à être d'arrière saison.
Marie.

chri a dit…

@ Marie Mon grand... J'adore!

Tilia a dit…

Dites-moi si je me trompe, pour continuer la route il vaut mieux avoir vent arrière que de se heurter au vent debout, non ?
Bon vent pour la suite, Chri, et surveillez bien vos arrières ;-)

chri a dit…

@ Tilia Merci, merci je les veille! Au près serré on doit tirer des bords...

Laurence Chellali a dit…

C'est pas mal aussi d'être à l'arrière, ça donne un autre point de vue qu'on n'avait pas avant. Moi, en tout cas, j'espère profiter de cette opportunité quand le jour viendra :)

chri a dit…

@ Laurence A-t-on vraiment le choix? Autant le vivre bien, non? Et puis, oui, c'est un autre point de vue!

véronique a dit…

j'y suis ... et pour l'instant j'y reste ! comment diable faire autrement !
mais l'hiver approche Chri, là nous sommes à l'automne de notre vie ! profitons

chri a dit…

@ Véronique: Bien obligés...

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