15 septembre 2015

Ma première séance (six).

C’est un homme presque neuf qui est rentré chez lui ce soir là. D’autant qu’il allait prendre huit jours de repos puisqu’il a quitté l’hosto avec un arrêt de travail d’une semaine. Les douleurs épouvantables qui lui avaient torturé le dos  la veille au soir n’existaient pratiquement plus. Ne restait qu’une vague pointe pour me rappeler l’événement. J’avais une faim de loup. C’est que je n’avais rien avalé depuis la veille au soir ou presque. J’avais encore en bouche l’immonde goût du plateau servi aux urgences.
À se demander s’ils voulaient sauver les malades ou les achever. Ça n’avait rien de mangeable. Etait-ce même comestible? J’ai fondu sur le réfrigérateur et je me suis préparé une assiette avec ce qui y trainait.
Et puis, entamé par la fatigue, les douleurs, le stress et les dolipranes, comme dans un état second, j’ai eu envie d’un bain. Je me suis dit qu’après tous ces malheurs, un bon bain chaud ne pourrait pas me nuire. Je me la suis joué hammam et spa. : J’ai mis en route dans la maison ma play list Deezer : Un verre à la main, l’eau aurait le temps de refroidir, j’en avais pour cinquante cinq heures et vingt sept minutes de musique ininterrompue, beaucoup plus qu’il n’en faut, j’ai fait couler l’eau fumante, j’ai balancé quelques goutes d’huile essentielle de verveine pour l’odeur et j’ai attendu que la baignoire se remplisse.
Une fois dans la flotte comme un jambonneau dans une marmite, je me suis laissé allé et, comme d’habitude, je n’ai pas pu en rester là. Je n’ai pas su être juste dans l’eau chaude et réparatrice, simplement  bercé par  de la musique s’adressant à mon âme comme dans un ventre de mère. Donc, on ne se refait pas, des idées me sont venues.
J’avais une semaine devant moi pour rattraper mon retard sur Vimala.  Vimala était ma camarade d’hôpital, ma jolie rousse et je crois que j’étais tombé un peu amoureux d’elle avant d’avoir su son prénom. Il sonnait comme un nom de posture. Vimala, je me le répétais en boucle. J’allais donc profiter de ma semaine pour travailler mes postures. J’ai établi un programme. Une le matin, une l’après-midi, une le soir, sept jours, vingt et une postures. Et le tour était joué. Cette perspective m’a regonflé d’énergie. J’ai encore un peu attendu que l’eau refroidisse et je suis sorti du bain.
Pour ce soir, j’en resterais là mais demain, demain.
J’ai passé une nuit incroyable dormant d’un sommeil de juste. Les douleurs du bas du dos avaient, au réveil, entièrement disparu. Je me suis branché sur internet peu après le café avalé, j’ai déroulé sur le sol de la chambre un tapis de gym, j’ai ouvert grand les fenêtres, je suis allé chercher le miroir posé dans la salle de bains et je l’ai installé face au tapis pour pouvoir contrôler mes attitudes et j’ai attaqué le travail de ma première posture : J’avais choisi le lever de jambe debout ou Uttita Hasta Padangusthana. Ce n’était pas la plus facile mais elle ne mettait pas en jeu la colonne, je ne voulais pas me retrouver bloqué, j’avais trop souffert la veille. J’ai mis un temps fou à choper ma jambe gauche et un autre à pouvoir la lever tendue. Je me suis longtemps demandé comment la fille de la photo pouvait décocher ce sourire là avec son pied gauche pratiquement dans son oreille gauche… J’ai dû abandonner assez vite quand je me suis rendu compte que ma souplesse ne m’autorisait pas ça sans risque. Il y en a d’autres, je me suis dit. Se replier n’est pas renoncer.
En feuilletant le bouquin, j’ai vu la posture de l’Angle latéral ou Utthita Parsvakonasana.
Cette posture s’inscrit dans la série des étirements latéraux dynamiques
Les pieds écartés, vous pliez votre genou droit, le pied tourné à quatre vingt dix degrés. Vous étirez la colonne vers la droite, ça me convenait parfaitement, en venant poser la main droite à plat sur le tapis, à l’extérieur du pied droit.
Je m’y suis collé. Celle-là ne m’a pas demandé un travail phénoménal. J’en ai eu quand même pour une bonne heure pour la réaliser telle que sur la photo.  J’étais assez content de moi pour cette fois là. Je me suis levé, je suis allé marcher un peu dans le jardin, j’ai levé les yeux au ciel il était d’un bleu électrique, le vent avait soufflé toute la nuit et avait balayé les nuages qui s’étaient amassés menaçants la veille au soir. J’ai apprécié ce moment comme on boit une gorgée d'un verre de bon vin.  Du reste, je suis allé m’en servir un.
Et je m’y suis remis. J’allais travailler maintenant La posture de la Demi-Pince ou Janusirasana. Je me suis dit qu’elle allait un peu tirer sur l’arrière de la cuisse mais que je devrais finir par la passer sans trop  de soucis. Je venais à peine de m’asseoir sur le tapis quand le téléphone a sonné. Quel imbécile, j’avais oublié de le débrancher. Je me suis levé et j’ai décroché.

Je n’ai pas reconnu sa voix aux premiers mots mais après qu’elle ait prononcé mon prénom, oui. Comment avait-elle obtenu mon numéro ? Je n’en revenais pas. J’étais sur le cul. Enfin, façon de parler…

À suivre...


6 commentaires:

Veronique a dit…

Je m'attendais au pire : genre une posture qui tourne mal !

Mais non
,
Qui au bout du fil ? La jolie rousse ou Gisèle pour votre cours particulier de rattrapage ?
Je donne ma langue au chat et vais devoir attendre le chapitre 7 !

Au moins , on apprend des truc, je pense que je vais me remettre au yoga moi

M a dit…

Je vote pour Simone !

Laurence Chellali a dit…

Héhéhé, moi aussi je viens de rattraper mon retard ... de lecture (c'est beaucoup moins risqué !) et et je viens de me faire les 4 chapitres ;) Je me régale de connaître la suite !!

chri a dit…

@ Véronique Vous de criez ça fait un bien fou... Parait-il! :-)

@ Simone? Pas bête, je vais y penser! :-)

@Laurence Dire que je suis lu en Chine non mais tu te rends compte? En Chine! :-)
Elle arrive, la suite...

Brigitte a dit…

Quelle histoire ,mais quelle histoire ... Alors qui au téléphone ?











.

chri a dit…

@ Brigitte Ca se concocte, ça se concocte...

Publications les plus consultées