16 décembre 2015

Je me souviens. Deux.

Je me souviens de mon premier disque, on me l’avait rapporté des Etats Unis. Cétait Bridge over trouble water de Simon et Garfunkel.
Je me souviens du circuit de voitures de course dans le grenier de Guy Claude en Belgique.
Je me souviens qu’elle était toujours de notre côté. Plutôt une grande grande soeur qu’une grand-mère.
Je me souviens d’un petit tricycle en métal rouge.
Je me souviens du bac à sable en forme de bateau dans le petit square près de la Grande Mosquée à Paris.
Je me souviens que chaque semaine j’attendais avec impatience la livraison du journal Pilote auquel j’étais abonné et de la petite coccinelle des Dingodossiers.
Je me souviens de la première fois où j’ai mis les pieds sur l’île d’Oléron.
Je me souviens qu’à Noël ma marraine m’offrait le livre de l’année du reader’s Digest.
Je me souviens de la première fois et de la seule, où au Lycée, j’ai répondu à une question en disant qu’en Inde les gens vivaient castrés.
Je me souviens de la voix de crécelle des frères des Bee Gees dans I  started a joke et dans Massachusetts.
Je me souviens de sa mimique quand, en pleine rue, elle m'a dit: Ne me refais plus jamais ça.
Je me souviens que dans certains cinémas de Paris, il n’est pas rare de trembler sur son siège quand en dessous un métro passe.
Je me souviens du petit court de tennis en terre battue près du Pont du Petit Parc.
Je me souviens du nom du chalet que mes parents avaient loué avec des amis, un été à Val d’Isère. Les airelles.
Je me souviens des escaliers descendant à la plage d’Houlgate et de la grande maison de vacances des Mercier.
Je me souviens qu’il détestait perdre aux boules et qu’il avait la colère facile.
Je me souviens de l’odeur du quartier où mes grands parents avaient loué une maison à Saint Gilles Croix de Vie. Ça sentait le poisson séché.
Je me souviens qu’au cabanon je n’étais, tout l’été, vêtu que d’un short et d’une paire de sandales en lanières de cuir.
Je me souviens de la très haute échelle métallique pour monter tout en haut du bassin rond et de son eau noire là-haut.
Je me souviens de ce blouson blanc à peine rapporté du Japon que j'avais oublié sur un banc d'un square de la Place des Marronniers.
Je me souviens de la finesse de la lame du couteau à force d’avoir été aiguisé qui servait à mon grand-père pour égorger les poulets du dimanche.
Je me souviens du S.A.C. : Service d’Action Civique et de la tuerie d’Auriol qu’il avait été soupçonné d’avoir commis. Puis qu’il avait commise.
Je me souviens d’Akéla la cheftaine. C’était une vieille, elle devait avoir au moins quinze ans.
Je me souviens de ce jambon cru pendu dans la cave, entouré d'un linge blanc. Il m'arrivait fréquemment d'y descendre, en douce, et de m'en couper une tranche... Ou deux.
Je me souviens de la montée vers Clans et de la place du village et de sa fraicheur, le soir.
Je me souviens de nos balades avec six enfants et une chienne noire si heureuse dans la campagne auxoise.
Je me souviens des salades, des laitues, rangées en cagettes, chargées dans la deux chevaux commerciale et livrées avec un grand-père dans le vieil Antibes.
Je me souviens que le soir des résultats des élections présidentielles de 81 nous avons cru voir le haut crâne de Giscard apparaître.
Je me souviens de la maison d’Arzacq Arraziguet, de sa petite terrasse sur le devant, de ses quatre grandes chambres à l’étage du poêle à bois dans la cuisine et de son atelier interdit.
Je me souviens très précisément de la douceur dans la cour silencieuse de La Pitié Salpétrière la nuit du jeudi 28 Mars 1985.
Je me souviens qu’elle était tout pour moi. Pas la seule, mais tout.
Je me souviens d’avoir trouvé que l’arrière de la traction avant de mon grand père était incroyablement spacieux.
Je me souviens d’un spectacle du chanteur Renaud au Grand Rex et de son arbre géant sur la scène.
Je me souviens d’une tristesse après un match de football France Allemagne.
Je me souviens qu’il faisait croire qu’une banane sortait de son aisselle et que cela le faisait beaucoup rire.
Je me souviens du chocolat au lait chaud. Sans passer par le casserole, chaud de la chaleur du pis.
Je me souviens des parties de pétanque en nocturne sur le terrain éclairé le long de la maison.
Je me souviens de l’odeur moite et tiède des immenses serres de roses en fleurs.
Je me souviens de la Celtique qu’elle allumait et se collait dans le coin de la bouche pour faire sa vaisselle et qu’à cet instant, il fallait dégager de sa cuisine.
Je me souviens du premier fast food de Paris à l’angle de Saint Michel et Saint Germain.
Je me souviens d’une visite au musée de la mode et d’une exposition Shisheido.
Je me souviens de sa Renault Gordini, de sa MG coupé verte et de son Opel manta.
Je me souviens d’une longue balade à pied sur les berges de la Seine vers Chessy lors d'un week-end excessivement pluvieux.Tellement qu'il a fini par pleuvoir à l'intérieur.
Je me souviens que la douche du cabanon était une lessiveuse peinte en noir mat et montée sur une structure en bois.
Je me souviens de l’attentat de la rue des Rosiers, de celui du métro Saint Michel, des morts et des blessés.
Je me souviens du long couloir enfumé du Bar Le temps perdu juste en face du Lycée et toutes les heures qu’on y a passées à refaire le monde. On a échoué, c'est un Mac Do aujourd'hui. Il y avait aussi celui de La Croix souris mais on ne le fréquentait pas, celui-là.
Je me souviens d’un figuier dans le fond de la campagne. On pouvait accéder à la première grosse branche, s’y allonger, cueillir les figues sans bouger et les manger sur place.
Je me souviens de son désir. Comme il faisait naître le mien.
Je me souviens de Ferreux sous Quincey de son bar et des ses blancs limés et de la petite largeur transparente de l’Ardusson.
Je me souviens de L’Auberge du Cygne de la Croix à Nogent sur Seine et des repas que nous y avons partagés, en bande.
Je me souviens du square Henri IV et des projecteurs des bateaux-mouches.
Je me souviens combien j’aimais la regarder. Juste la regarder. Je la trouvais si belle. Et marcher à côté d’elle.
Je me souviens d’avoir visité le journal l’Équipe et son imprimerie qui était au même endroit que la rédaction.
Je me souviens de la couleur de la peinture de ce couloir de la maternité Esquirol de Saint Maurice ce samedi 7 Aout 1982.
Je me souviens des pleurs d’une amie sur le parking d’un cinéma d’une ville poussante à la sortie du film Série Noire avec Patrick Dewaere. Bouleversés.
Je me souviens de la bouffée de chaleur ressentie sur le haut de la passerelle de l’avion dans la nuit de Fort de France.
Je me souviens d’un moulin en Normandie, d’un court de tennis et d’une rivière à truites pêchées par la fenêtre du séjour.
Je me souviens du jardinet de Chilly Mazarin et de sa toute petite maison branlante posée dessus. Au bout du jardin le bruit lancinant du passage sur l’autoroute A6.
Je me souviens de toute le chagrin que j’ai pu lui faire. Que nous nous sommes fait.
Je me souviens que j’avais la collection complète du journal Pilote et que j’attendais chaque semaine avec impatience sa livraison.
Je me souviens des bouses de vache à même la rue de la vieille ville après le passage du troupeau deux fois par jour. Et des mouches qui suivaient.
Je me souviens de l’instant où elle a attrapé ma main pour courir plus vite sur une aire de supermarché.
Je me souviens de l’intensité de son regard quand elle a croqué dans une tartine de confiture de groseille grande comme une assiette.


Je me souviens d’avoir vu deux fois Samy Frey au théâtre, pédalant sur une bicyclette jouer Je me souviens de Georges Perec…



7 commentaires:

véronique a dit…

la liste est longue et je suis bien certaine qu'elle pourrait l'être encore plus !

" se souvenir des belles choses "

un jour peut être ferez vous la liste des choses "moches " ! pourvu qu'elle soit toute toute petite

chri a dit…

@ Véronique Bien peur qu'elle soit aussi longue! La vie c'est cinquante cinquante!

Brigitte a dit…

C'est vrai mais nous avons la faculté d"oublier" les choses moches ou dérangeantes ,c'est déjà ça ! Je préfère me souvenir des belles choses moi aussi .
C'est vrai que ta liste est longue

chri a dit…

@Brigitte : En cherchant bien...

M a dit…

Un jour de gloire
Une semaine de bonté
Un mois de Marie
Une année terrible
Une seconde d'inattention
Et...
Cinq ou six ratons laveurs

chri a dit…

Marie Rennard de "Melting pot et vin blanc doux" qui est une référence a écrit:

Touché, simple et superbe !

chri a dit…

@ M Et une bobine de fil qu'on tire, qu'on tire, qu'on tire...

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