Je me souviens du jeu de
jambes et du revers de Miroslav Mécir. Il ne donnait jamais l'impression de courir. Il ne donnait jamais l'impression de frapper.
Je me souviens du train à
vapeur qui passait près de chez un ami. Quand nous entendions la locomotive arriver
nous courrions sur la passerelle pour être enveloppés par la fumée blanche.
Je me souviens de Monsieur
et Madame Haudricourt. Lui directeur de l’école, elle institutrice. Deux vraies
peaux de vache. Les deux. Je me souviens que sa
spécialité, à lui, c’était de tirer vers le haut, sur les cheveux fins des
tempes jusqu’à ce qu’on soit sur la pointe des pieds et là, tombait la double
gifle simultanée, cinglante. Des deux mains.
Je me souviens qu’on avait
tiré sur le Président Kennedy et qu’il en était mort. Et nous attristés.
Je me souviens du chat siamois Jojo et de la jolie Elsie qui étaient des usines à câlins.
Je me souviens que je me demandais qui pouvait bien être à la radio cet Emile dans le jeu d'Emile Franc.
Je me souviens du chat siamois Jojo et de la jolie Elsie qui étaient des usines à câlins.
Je me souviens que je me demandais qui pouvait bien être à la radio cet Emile dans le jeu d'Emile Franc.
Je me souviens des encriers
remplis chaque matin en haut à gauche des bureaux pentus.
Je me souviens de mon pull
de louveteau bleu marine en laine avec ses trois galons de sizenier. Et de tous
les badges le long de la manche gauche.
Je me souviens des bocaux
de verre pleins de sucres candy chez le marchand de bonbons du boulevard de
Créteil.
Je me souviens du caniche noir qui venait à ma rencontre quand je revenais de l'école et de la fête qu'il me faisait.
Je me souviens du caniche noir qui venait à ma rencontre quand je revenais de l'école et de la fête qu'il me faisait.
Je me souviens qu’on jouait
aux osselets assis par terre dans le préau et que les places étaient chères
pour avoir le carrelage qui glisse et pas le goudron rugueux.
Je me souviens de la
moiteur odorante dans les longues serres d’œillets Tangerine.
Je me souviens de l’odeur
de lessive de l’aronde commerciale du droguiste qui passait une fois par
semaine en klaxonnant. Quand j’étais la grand-mère lui achetait un paquet par
semaine de Bonux. Elle dépliait un journal et vidait la poudre pour trouver le
cadeau.
Je me souviens de la
piscine des Zalewski qui servait aussi de bassin d’arrosage.
Je me souviens que la DS du
Général de Gaulle avait été prise pour cible dans un attentat et je me demandais qui pouvait bien être ce petit Clamart.
Je me souviens de mon ami
Saka Becher. Nous rentrions ensemble de l’école et durant tout le trajet nous jouions
aux billes dans la poussière du caniveau.
Je me souviens d'un chien qui s'appelait Tabac. Parce qu'il était marron?
Je me souviens d'un chien qui s'appelait Tabac. Parce qu'il était marron?
Je me souviens de la blouse
grise de Monsieur Gosset instituteur à l’école Carnot, quartier d’Adamville à
Saint-Maur des Fossés.
Je me souviens du boxer de
mon grand-père, Mickey, qui mordait au bras celui qui faisait mine de lever la
main sur moi.
Je me souviens de Monsieur
Christian Dorothé un professeur de français sur la chaise duquel nous mettions
des punaises. Nous l'avions punaisé, il nous avait puni.
Je me souviens des soirées
athlétisme du Stade Chéron à Saint Maur des fossés et de la rivalité entre
Michel Bernard et Michel Jazy.
Je me souviens des martinets pendus en grappes vendus par ma grand-mère dans son magasin rue Monge.
Je me souviens que je croyais que l'insulte suprême était laborieuse et qu'une borieuse était vraiment une personne épouvantable.
Je me souviens des martinets pendus en grappes vendus par ma grand-mère dans son magasin rue Monge.
Je me souviens que je croyais que l'insulte suprême était laborieuse et qu'une borieuse était vraiment une personne épouvantable.
Je me souviens des pans
bagnats de dix heures partagés avec l’ouvrier agricole Jeannot qui était mon
colosse ami.
Je me souviens du ciné-club
de Maisons Alfort où j’allais voir des films polonais en noir et blanc sous titrés, pour être, un peu plus, avec elle.
Je me souviens de la
fanfare de la piste aux étoiles, du costume blanc et des cernes sous les yeux de Roger Lanzac.
Je me souviens de l’escalier
en colimaçon pour monter à l’infirmerie de l’école.
Je me souviens de la
librairie marchand de bonbons juste en face de l’école. On y achetait aussi des
billes.
Je me souviens de la ligne
de métro Châtelet, Pont Marie, Sully Morland, Jussieu qui allait de Louvre à
Monge et qui passait sous la Seine.
Je me souviens du cinéma et
des bains douches municipaux de la rue Monge où je suis allé avec mon
grand-père.
Je me souviens de l’anneau de métal à décrocher qui donnait un tour gratuit au manège du jardin des Tuileries.
Je me souviens du spectacle que nous avions répété avec Pierre Jolivet dans le garage des parents de Pierre Barayre.
Je me souviens du billard
français du bar du Pont de pierre où
nous allions jouer en faisant bien gaffe d'éviter l'accroc.
Je me souviens qu’au
Printemps sur les trottoirs en terre on attrapait des hannetons qu’on mettait
dans des boites d’allumettes.
Je me souviens d’un match
de hand-ball à Falaise. Nous y étions allés dans la DS d’un de nos pères.
Je me souviens des départs
en 4 chevaux le soir et des réveils au petit matin dans les rougeurs de l’Estérel.
Je me souviens qu’il
m’arrivait en rentrant de l’école primaire de passer par la charcuterie et
d’acheter des tranches de saucisson à l’ail comme j’aurais acheté des
roudoudous.
Je me souviens du torrent
de sang qui s’écoulait en mer quand à l’abattoir de La Fontonne on tuait les bêtes. L'endroit devenait alors très poissonneux.
Je me souviens du gris
Coubertin avec ses briques rouges à l’extérieur.
Je me souviens du terrain
de tennis de la rue Eblé, des casiers en bois avec des trous d’aération en haut
et de l’odeur des vestiaires de la salle d’Armes.
Je me souviens des
carcasses de viande dans toutes les boucheries du bout de la rue Saint Honoré.
Je me souviens du cinéma Eldorado près de la gare de Saint Maur Le Parc où l’on pouvait fumer. Dans la gare ET le cinéma.
Je me souviens que j’aimais rester à l’étude de l’école pour la grande récréation entre seize heures trente et dix sept heures.
Je me souviens du cinéma Eldorado près de la gare de Saint Maur Le Parc où l’on pouvait fumer. Dans la gare ET le cinéma.
Je me souviens que j’aimais rester à l’étude de l’école pour la grande récréation entre seize heures trente et dix sept heures.
Je me souviens du goût un peu âcre des feuilles d’oseille dans le jardin potager de Rosny sous Bois.
Je me souviens du repas de
communion solennelle dans un restaurant des bords de marne et de la montre que
j’y avais reçue. Je l’ai toujours mais elle a perdu ses aiguilles et je ne
porte plus de montre.
Je me souviens de tous ces
après-midis dans sa chambre, elle n'habitait qu'à deux pas du lycée.
Je me souviens des lanières
des patins à roulettes qui tenaient mal sur les pavés de la Cour carré du
Louvre, d'avant la pyramide.
Je me souviens de l’odeur
du crottin de cheval venue de la caserne des gardes républicains de la Place
Monge.
Je me souviens de
Mademoiselle Lerner notre professeur de français qui, pendant ses cours a
suivi, inquiète, à l’aide d’un petit transistor le développement de la guerre
du Kippour.
Je me souviens que j’aimais les jours d’élection. Le lendemain il n’y avait pas d’école à cause de la désinfection. Désinfectent-ils encore les locaux, aujourd'hui?
Je me souviens d’avoir vu deux fois Samy Frey au théâtre, pédalant sur une bicyclette jouer Je me souviens de Georges Perec…
20 commentaires:
Avant Perec, je te pensais en partance pour le Québec !
Choucroute pour mélasse, vive la culture !
@M Choucroute? Choucroute?
À pédaler dans... (Je me souviens avoir bien fait tourner le pédalier dans ma tête quand j'ai vu la pièce pour tout comprendre, d'ailleurs j'ai déraillé plusieurs fois, ça ne m'a pas empêchée de ressortir de l'expérience plus riche et tourneboulee )
@ M Il était formidable Samy, il pédalait pendant une bonne heure trente... Avec des montées et descentes... Une jolie mise en scène.
Roger Lanzac, la Piste aux Étoiles et... le Jeu des 1.000 FRANCS ;-)
@ Tilia Je me souviens, je croyais que c'était le jeu d'Emile Franc...
Aujourd'hui c'est le jeu d'Émile Euro :-)
Rien à voir, mais tiens à vous communiquer le lien de cette vidéo sidérante, au cas où elle ne vous serez pas encore tombée sous les yeux.
Piètre consolation, je sais...
Mais avant tout une preuve flagrante de son incapacité à gouverner une région !
@ Tilia Je l'ai vue oui et c'est ce qui me conforte dans l'idée que ce vote n'est pas rationnel...
Donc qu'il va être difficile à contrer...
Que de souvenirs ...
C'était l'bon temps ...allons nous le perdre ?
Oui j'ai vu moi aussi cette vidéo ,qui date de 2010, mais cela ne me rassure pas davantage !!!
@ Brigitte Elle peut aussi être battue...
Je me retrouve aussi dans " tes " souvenirs. Mais, n'est-ce-pas aussi le goût de l'autre, de la vie, de l'humanité , tout simplement, que je retrouve ici.
Il ne faudrait pas que cette belle humanité capote pour de mauvais rêves d'ordre nouveau qui ne laisse aucune place aux poètes, aux artistes, à l'expression, à la liberté, en se trompant de cnadidat, Dimanche prochain.
Amitiés.
Roger.
@ Roger LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
Merci d'avoir lu ce que je voulais écrire.
J'espère bien qu'elle sera battue, allons il faut se réveiller ne pas laisser passer cela .
Je croise les doigts !
@ Brigitte Oui, qu'elles seront battues, les deux et quelques autres.
Je me souviens vous avoir dit qu'il ne fallait pas vous faire de bile à l'avance ;-)
Il était inutile de se mettre la rate au court bouillon.. Même si le coup n'est pas passé loin :-/
Bonne fin de soirée électorale !
@ Tilia: Vous n'aviez pas tort mais jusqu'à quand?
Jusqu'à quand ? Tant que des regards comme le vôtre existeront...
(la puissance d'évocation de ce texte est époustouflante. J'ai lu, suis revenue, c'est épou s t ou flant)
Merci bien, M'sieur Chri.
Lou
@ Lou Madame Lou... Je suis sans... voix.
c'est amusant, parce que je me souviens de presque tout comme vous ! pas tout mais presque !
alors merci !
@ Véronique Ah voyez!
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