28 février 2016

Allés et venus.

Au beau milieu de ce dimanche de pas encore l'printemps mais déjà plus l'hiver, en une heure de temps mon petit coeur fragile a reçu deux nouvelles. Une triste et une réjouissante. 
La nouvelle triste est le décès du père d'un ami. Certes, il n'était plus de la première jeunesse et passait ses dernières années dans une maison dite de retraite en attendant. (On devrait quand même se pencher un peu sur l'établi et réussir à leur trouver un nom plus souriant, moins définitif, moins douloureux que celui de "retraite" à ces maisons là. Pourquoi pas maison de débâcle ou de naufrage, tant qu'on y est? Et, si possible, j'aimerais bien que les solutions aient été trouvées avant mon arrivée prochaine... Merci, vous serez bien gentils de réfléchir à l'affaire et de régler ce problème, sinon ne comptez pas sur moi pour me plier à vos soupes de poireaux mixés, ni à vos séances de gym en fauteuil pas plus qu'à Tino Rossi à Noël...). 
Il n'empêche que le départ de quelqu'un qu'on a connu est toujours une tristesse qui vous tombe sur les épaules et vous le serre comme il faut. Quoiqu'il se passe, on ne le ou la verra jamais plus. De toute sa vie. Entière. Et cette tristesse, à l'intérieur s'ajoute à toutes celles d'avant, comme un  empilement des chagrins, cette sorte de tas nocif de sédiments douloureux avec lequel il faut, plus que jamais,  s'habituer à vivre. Au revoir Monsieur...
Et l'autre nouvelle, qui m'est arrivée une heure après environ, était celle de la venue sur terre du tout nouveau fils d'amis du mien. On l'a appelé: Oscar. Premier sourire,  Oscar a déboulé dans la banlieue de Lyon vendredi et si l'annonce de sa venue ne nous est parvenue que ce soir, nous sommes le jour pile poil de ceux remis à Los Angeles... Deuxième sourire. On risque de t'en parler tous les ans, bonhomme...
Alors, quelqu'un s'en va et un autre s'en vient sur cette terre de passage...
Comme si l'arrivée de l'un avait poussé l'autre vers la sortie et pourtant les deux évènements n'ont aucun lien, si ce n'est cette idée du passage dont le trait principal est justement de s'échiner à défaire sans cesse les liens entre les choses et les gens. 
On est, on avance, on s'en va.
On nait, on vit, on meurt. Comme la terre, comme l'ensemble de l'univers connu et inconnu, comme la pluie, comme les pleurs, comme la douceur subtile de l'odeur des roses, comme les gris soyeux des nuages,  les diamètres des anneaux de Saturne, comme les chants des oiseaux qui repeuplent en ce moment le vert naissant des haies, comme la puissance des marées du grand galop, comme la découpe des croissants de lune, comme les aubes triomphantes, comme les lueurs des crépuscules d'Alpha du Centaure, comme  nos chagrins immenses et nos joies parfois consolantes, comme la force des souffles sur les flammes des bougies d'anniversaire...

Tout cela est, existe et puis s'en va.
Alors bienvenue par ici, petit Oscar. Belle vie t'est souhaitée, installe toi bien...  Tranquillement, la place est encore chaude...



Désolé, je ne peux pas m'en empêcher: Mr et Mme Tefigue ont un fils...

27 commentaires:

Tilia a dit…

Plus le temps passe et plus l'album photos de notre mémoire se rempli de visages que nous avons connus et aimés. C'est comme ça, il faut faire avec.. jusqu'à ce que ce soit notre tour.

Il a bien joué Oscar. Encore un peu et il aurait poussé la mauvaise porte, celle qui ne s'ouvre que tous les quatre ans !
Bon courage à ce petit bonhomme pour faire son chemin sans embûches dans notre monde de brutes.

chri a dit…

@ Tilia: Merci pour lui, pas mieux comme voeu.

Anonyme a dit…

Quel est le siège de la mémoire ? Le cerveau ? Pas sûr, je les vois souvent, les miens, juste en tournant un peu la tête à droite, perchés sur mon épaule, qui me murmurent des choses. C'est fou la place qu'il y a sur une épaule.
Bises.
Marie.

chri a dit…

@ Marie Oui, l'épaule... .

Laurence Chellali a dit…

J'aime toujours autant venir chez toi pour l' humanité que j'y trouve, même si depuis quelques mois la porte m'est bien souvent fermée pour cause technique. Mais à chaque fois, je suis sûre que mon coeur fera badabong-badabong !
Cette fois-ci, l'inéluctable de la destinée a encore une fois raison de mon émotion !
Souhaite tout le meilleur du meilleur au petit Oscar !

chri a dit…

@ Laurence Tes mots me caressent le ventricule. :-)

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Il aurait pu s'appeler César, ce nouneau-né et s'avancer dans la vie, plaqué or et compressé et tu n'en aurais rien dit. Mais Oscar, recevoir un Oscar dans le cercle d'amis,à cette époque de l'année, c'est le voir entrer dans le cercle des élus et rejoindre, Juliette Binoche,Claude Lelouch, Jean-Luc Godard, Marion Cotilard puis de faire lui-même son cinéma ! Ah la belle carrière qu'il aura ce petit Oscar, capable d'effacer toutes les peines de la terre, même la tienne...fraîche.

Belle semaine en amitié.

Roger

chri a dit…

@ Roger César est un beau prénom aussi, manquant peut-être d'humilité... Oscar sonne bien!

véronique a dit…

nous ne pouvons rien devant le temps qui passe, inéluctablement, rien de rien !
le pire est d'en prendre conscience ! l'insouciance de la jeunesse a du bon ! mais ça ne dure pas.
et puis Christian nous ne mourrons pas tout à fait ... nos enfants, nos petits enfants, puis nos arrières que nous verrons peut être, prendront le relais, je leur passe bien volontiers !
c'est comme ça ! j'accepte

chri a dit…

@ Véronique J'aimerais, un jour, ressentir votre fatalisme... Le fait que nous devions mourir, que les gens qu'on aime doivent mourir est pour moi un abîme insondable. Je suis contre cette idée là. Mais comme je ne suis pas tout à fait dingue, je sais malheureusement que c'est notre condition humaine.

M a dit…

Un télescopage de front, c'est peut être ça qui fait le plus mal, la spirale s'accélère et nous emporte... Ou l'obligation du grand écart facial ... quoiqu'il en soit bienvenue Oscar et surtout, profite !
Les Tefigue... est ce car le sale gosse revient au galop ? J'y crois pas !

chri a dit…

@ M Hé oui, le sale gosse a frappé!!! :-) !

odile b. a dit…

Ça peut sembler relever de la superstition, du hasard, ou de la simple coïncidence, mais voilà trois fois que, dans ma propre famille, on constate qu'un départ est accompagné, de près, par une naissance. 

En avril 2006, le décès inattendu de mon frère avait été suivi de près par la naissance d'un petit garçon chez nos enfants. Bien obligés de sécher nos larmes... Puis, en juillet de la même année, la naissance d'une petite fille chez nos enfants avait précédé le décès d'une belle-sœur, en octobre... Deux qui partent, deux qui arrivent... Dans les grandes familles, il faut s'attendre à tout, et, parfois, l'ordre des départs est chamboulé... Une sclérose en plaques à emporté ma belles-sœur de 60 ans, alors que, ironie du sort, sa mère était encore là, hagarde, dans la Maison de Retraite du village qui se préparait à fêter ses 100 ans, avec tout le tralala : le maire, le photographe et compagnie... J'entends encore la petite Mathilde, 8 ans, sangloter en disant : "C'est pas normal : Mamy était plus jeune que Mémé !"
Le rapprochement et l'association de ces évènements familiaux sont marquants, et, chaque année, ces dates-là, bien imprimées dans les mémoires, remontent en surface. Et les plus anciens  de répéter "c'est la vie !...". 

Mon frère aîné, 85 ans, revenant, l'autre jour, de la sépulture d'un " conscrit", disait, en hochant la tête : "Ça fait drôle : on n'était plus que deux gars de La Classe, Robert et moi, à l'enterrement  d'Edmond... ça  fiche un coup d'vieux..."

odile b. a dit…

Je me surprends à fredonner "Mississippi" Old Man River  :

Fleuve éternel roulant sous le ciel
Si tu nous disais tout ce que tu sais
Nous en saurions trop,
Tu roules sans dire un mot !

Et les pauvres gens, les bons, les méchants
Les arbres, les fleurs, les rires, les pleurs
Tout meurt tour à tour
Mais toi tu roules toujours

Vous et moi, je sais pourquoi
Nous peinons, nous luttons, nous souffrons
Sans espoir et sans savoir
Si ce labeur cruel nous vaudra le ciel

Mississippi, vieux Mississippi
Toi tu le sais bien
Mais tu n'en dis rien
Sous le firmament, tu roules éternellement"

odile b. a dit…

Que je ne parte pas sans souhaiter longue et belle vie à Oscar !

odile b. a dit…

Tefigue ou... Hamel :D

chri a dit…

@ Odile Peut-être quand on devient très vieux, à force d'assister à des enterrements, on finit par se demander Mais qui viendra au nôtre?
Oui, ou Tonpate, aussi bien sûr

odile b. a dit…

Tomate, bien sûr !
ou Hibou (ÔvÔ) houhou
ou Ambar

Une recommandation : 
Si vous allez en car à Vannes ou en car à Melles, ne mettez pas le car à fond dans les carrefours, car, si le car touche, le car pète et le car casse, et vous trouvez le car en bas et les pièces du car en dessous... 
:D)
Bonne journée !

odile b. a dit…

J'ai voulu dire, comme vous : "Tonpate", bien sûr, et non pas "Tomate"... :-/
à moins que "Tomancien"... Hin Hin...

chri a dit…

@ Odile Je vois que vous êtes dans une éblouissante forme et ça me réjouit!

Brigitte a dit…

L'un s'en va et l'autre s'en vient, c'est le télescopage de la vie ...
Bienvenue à ce petit bout
Bonne et belle journée

chri a dit…

@ Brigitte Merci de tes voeux!

chri a dit…

@ Odile J'y repense Mr er Mme Habinabouchon aussi en ont eu un.

Nathalie H.D. a dit…

Mon père a écrit le récit de sa vie qu'il a appelé 'passage d'un vivant sur la planète Terre' - c'est dire s'il était conscient de cette notion de passage dont tu parles.

Un clou chasse l'autre.
Une maison de fin de vie (je suis sûr que tu adoreras ce nom) a maintenant une place libre et Mr. et Mme Illon ont un fils. Ainsi va la vie.

chri a dit…

@ Nathalie: Comme il voyait juste!!! Bien Mr et Mme illon...!!! :-)

Pastelle a dit…

Un jour j'ai lu une histoire de science fiction sur ce thème, un "transfert d'âme" du meilleur ami d'un couple, décédé juste avant la naissance de leur enfant. Ca m'avait marquée, car j'ai lu ça il y a plus de vingt ans et j'y pense encore. Est ce vraiment de la science fiction d'ailleurs ? Qui sait...
Quoi qu'il en soit bienvenue en ce monde à Oscar.

chri a dit…

@ Pastelle Merci pour lui.
Mr et Mme Hamelmou en ont eu un, aussi.

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