08 janvier 2017

Les deux sans soif.

Pour Les impromptus littéraires de la semaine. Le thème était: La dynamique des verres à pieds.

De l’assemblée joyeuse et animée qui avait déboulé dans la salle des fêtes, juste à côté de la mairie du village, les deux premiers qui ont cogné leurs verres n’étaient pas les plus malins mais, sans doute, les plus assoiffés. Une heure qu'ils attendaient devant le buffet sans en descendre un, ils commençaient à trembler des oreilles, ces deux là. Ces deux cousins étaient connus comme des loups blancs dans nos familles. Depuis qu'ils avaient été en âge de picoler, on les avait surnommé: Les deux cent soifs. Mais ils avaient été saouls beaucoup plus que ça. Ils avaient tout fait pour être digne du surnom en tous cas. Il n’y avait que de ça dont ils étaient dignes, du reste.
En levant son verre, santé a fait l’un, mais pas des pieds a répondu l’autre comme d’habitude. À part eux deux personnes n’a ri. En vrai, personne ne l’a entendue. S’étonne-t-on d’une chose quand elle est devenue habituelle ? Ils nous la faisaient depuis si longtemps. Pire, ils n’en avaient qu’une. Celle là. Quand l’autre avait fini de jeter sa bêtise, ils avaient éclaté de rires comme les deux grands couillons qu’ils étaient. Ah elle était connue leur dynamique à ces deux imbéciles ! Tout se passait dans le lever du coude. Aussi souvent qu’à leur tour voire même davantage. Ils étaient si connus qu’on prévoyait des cartons rien que pour eux. Du deuxième choix. Des vins qu’eux seuls buvaient. À la vitesse à laquelle ça descendait il valait mieux que ce soit du pas cher. Ils s’en fichaient pas mal. Ce n’était pas le vin qui les intéressait mais l’alcool. On leur aurait servi du dilué, ils n’auraient pas dérogé. Ils buvaient, point. Quand mon verre est vide je le plains, et plein je le vide. Une dynamique binaire. Oui, non, un deux, avec du blanc ils finissaient noir. La vie n’était pas si compliquée pour eux. Ah ça ils ne restaient pas longtemps sur deux pattes, ces deux là. Ils oscillaient et vacillaient vite, les deux compères. Il y avait du roulis dans leurs démarches. Aussi, une fois pleins, saouls comme des barriques, ronds comme des cochons, farcis comme des dindes, bourrés comme des urnes, démontés comme des legos, ils s’endormaient dans un coin, d’un injuste sommeil. Si lourd.
Pas grand chose alors ne pouvait les réveiller, les ramener à un peu de conscience. Ils cuvaient dans un coin puis une fois le compteur à zéro, ils recommençaient à boire. Combien de temps ce cycle infernal pourrait-il durer ? Il n’y avait que leur foie capable de répondre à cette question.


Et quand on mise tout sur le foie, dieu seul sait ce qui peut advenir…





6 commentaires:

M a dit…

Il était deux foies pas roses...

chri a dit…

@ M Pas si roses, donc... Tant mieux pour eux!

M a dit…

Ah flûte, je l'avais le "si" qui change tout ! Ben voilà...

chri a dit…

@ M Je suis sûr que tu l'avais , en plus!

Tilia a dit…

Qui a bu aboiera
et qui mange un chien chihuahua
ouaf ! ouaf !
:D

chri a dit…

@ Tilia Validé Tilia!

Après quelques verres, mais validé!

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