03 novembre 2018

Îles


D’abord, il y a l’eau. 
Puis un pont par dessus l’eau ou un bateau enfin, un lien entre la terre et elle.

Au-dessus, il y a ces lumières comme personnages, habitées de cent mille bleus, persuadées de dix mille blancs.

Il y a ces nuances, ultimes et définitifs traits du temps, horizontales mémoires, intimement comme nous, passagères.

En remparts, Il y a les plages d'or blanc bousculées par les vagues voyageuses de longs cours... Les landes des jaunes, des ajoncs des immortelles et des oyats, que le vent d’ailleurs décoiffe ou exaspère.

Au bleu, il y a les ventres des oiseaux immobiles épinglés dans le clair, leurs vols en grappes de désordres et leurs cris en paroles échangées ou les lances des migrateurs de passage.

Sur la vase, il y a les bedaines baillantes éventrées des barques échouées.Repues de départs… 
Flottant dans l'air, les souvenirs humides des marins perdus, désormais amarrés aux corps morts de ports sans eau.
Dans l’air vigoureux d’iode, il y a le vent et les conversations qu’il grimace sur ses épaules solides. Il y a son souffle et ses plaintes contre le temps qui abrase, efface ou polit. Lui, sifflant, gravant aux dunes des évangiles éphémères.
Il y a l’air d’ailleurs, qui n’est pas encore d’ici, celui qui fait silence, qui ne me donne jamais de tes nouvelles…
Parfois, il peut y avoir, le soir couchant dans un coin de ciel, une virgule de lune. Comme une trace d’infini.
Une fois le sombre dressé, il y a, dans l'air, les concerts impérieux et apaisants des grenouilles du soir qui habitent le noir. Et les ombres bercées des grands arbres époussetés par la nuit.

Et, autour, passé le cordon de dunes, les mille miroirs des marais où s’égarent et s’évaporent
 d’ombrageux et susceptibles nuages.

Il y a, surtout autour, l’Océan, comme une colère rentrée qui balbutie, 
tes grèves infinies découvertes aux basses marées ruisselantes de lumières, ravinées comme des visages de femmes vieilles…

Et puis, ces odeurs d’outre-Atlantique, apportées par l’écume 
qui déferle sur les pontons noirs comme des promesses non tenues …
Et vos ports comme des nids, vos quais comme des lits.

Vois-tu, il y a, enfin ces îles, toutes ces îles de liens tissés où j'aimerais qu’elle soit...






2 commentaires:

M a dit…

Je viens de prendre un bain de délicatesse et de beauté ! Merci pour tant de talent

chri a dit…

@ M Oh merci! Mais c'est surtout l'île qui a du talent! De ces horizons...

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