06 octobre 2011

Voir, juste...

Avant hier, je prenais un autobus entre Mic. et Manu...(Je veux dire que j’étais dans un bus assis entre ces deux gars là). J’ai entendu leur conversation. J’ai tout transcris le plus fidèlement possible. J’en ai manqué mon arrêt:
___ Gna fef eti labarrou...(Incompréhensible…)
___ Tu connais le proverbe africain? : « N’attends pas de la colère du lion qu'elle te caresse ! »  Tu savais à qui tu avais à faire, non ?  On t’avait bien prévenu, on te l’avait dit qu’il ne fallait pas y aller, mais Mossieur n’écoute jamais personne… Mossieur n’écoute rien, pas même ses amis, SURTOUT ses amis, il fait comme il veut, quand il veut où il veut et voilà le résultat, Mossieur à le cœur dans la merde !
___ Manu ? Tu me fatigues ! N’oublie pas pourquoi tu ne voulais pas que j’y aille, comme tu dis… Ne transforme pas tout à ta convenance, ne réécris pas l’Histoire, ne mets pas du désodorisant dans les toilettes ni des guirlandes aux poubelles, veux tu ?
N’oublie pas ce que tu me disais d’elle… Veux tu que je te répète ce que tu me disais d’elle dans un souffle acide ? Veux-tu, vraiment, que je te renvoie à tes grimaces et à tes simagrées? Tu as une faculté à oublier les choses qui est sidérante. Proprement sidérante, mon pauvre Manu. Une mémoire de poisson rouge ! Ta gifle tu ne l’as pas volée, si tu veux mon avis. Ce qui est étonnant c’est que tu n’en reçoives pas davantage…
___ Tu t’emportes, là non ?
___ Au contraire, je minimise ! Qui a les yeux presque exorbités quand il se promène en ville, qui leur lance des regards de loup affamé quand il les croise, qui s’il n’y avait pas de loi et si ça n’était pas unanimement condamné, si ça ne se faisait pas, tout simplement, qui se jetterait sur elles, sur toutes ou presque en soufflant comme une forge allumée, comme l’autre malade là,  hein qui ?
___ C’est ainsi que tu me vois ? Comme un obsédé ?
___ Oh non, Manu, ce ne serait pas gentil pour les obsédés. Tu n’es pas un maniaque, tu es LE maniaque. Tu as inventé l’obsession. C’est à cause de gars comme toi qu’on a tous deux yeux : au cas où on en perde un !
___ Mic, tu me déçois. Je te considérais comme un ami, un véritable ami et voilà que tu me poignardes en plein cœur avec une fourchette sans dent. Voilà que c’est un crime, maintenant que de « juste » les regarder. Elles passent dans la rue, elles marchent et je les regarde. Devrais-je les ignorer ? Devrais-je porter moi des lunettes de soudeur pour ne pas avoir, selon toi, ce regard de soudard ? Devrais-je me les crever, les yeux ? Excuse moi, vieux, je « juste » les regarde  passer dans leurs jupes courtes et leurs collants épais sur des bottes à tomber, je "juste" pose un œil léger et bienveillant sur ces merveilles de jambes qui marchent dans la ville. Je « juste » regarde leurs pieds élégamment chaussés de ballerines Repetto, je « juste » regarde la hauteur de leurs talons et les galbes des mollets qu’ils dessinent à chaque pas, je « juste » admire en silence le régulier mouvement balancé du tissu de leurs jupes, le tombé de leurs robes ou les lignes de leurs pantalons... Y-a-t-il un mal à ça ? Y-a-t-il un vrai mal à ça ? Y-a-t-il quelqu’un qui en soit blessé, meurtri ?
Que je sois foudroyé sur place si UNE personne trouve à redire à ça !
Qu’une lance divine dégringole du ciel et me partage en deux si, « juste » les regarder, est devenu un crime! Que mes yeux tombent des orbites si on ne peut plus marcher dans la rue qu’en regardant ses propres chaussures, qu’en ne voyant pas plus loin que le bout de son nez, qu’en baissant la tête ! Un de mes bonheurs est de m’asseoir à une terrasse, de les regarder passer et de leur inventer des vies, quel mal je fais à qui ? Qu’on le dise ! Manu, putain mais ressaisis-toi ! Dis-moi que tu me  comprends.
___ Je te comprends, bien sûr mais de là à tomber amoureux de chaque paire de jambes que tu croises il y a une marge !
___ Et alors ! Avoir déjà deux enfants t’empêche d’aimer le cinquième ?
___ D’accord mais Il faudrait que tu comprennes qu’elles n’ont pas toujours envie qu’on les regarde, qu’elles ont le droit à ce qu’on les ignore, aussi… Et avec ça, je sens que tu vas avoir du mal… Dis une question me préoccupe : Les garçons tu les regardes aussi, les garçons ?
___ Pas autant, bien sûr, mais oui quand j’en vois un joli, je « juste » regarde !
___ Rien ne t’arrête, alors ? C’est bien ce que je dis, tu vas avoir du mal à entendre certaines choses…
___ Ben… non. Quand il s’agit de juste regarder, rien ne m’arrête. Il faudrait ?
___ Je me permets de te le rappeler, puisque tu sembles avoir oublié, avant que je te dévoile mes intentions envers elle, tu la trouvais moche cette fille qui t’en a collé une…
___ Décidément, t’es pas du genre à oublier quoique ce soit, toi… T’as un bocal à archives dans le cerveau, ou quoi ? Toi  le bocal et moi le poisson ! 
___ C’est pour ça qu’on est amis, non ?
___ Regarde un peu la fille qui vient de monter… C’est pas une merveille absolue ?
___ Tu me fatigues, Manu, mais à un point, c’est inimaginaux comme dirait l’autre grand con de maintenant ministre judoka san…



14 commentaires:

Michel Benoit a dit…

La bande jaune est sans doute sans rapport avec la fille qui vient de monter je pense.

chri a dit…

@michel: Aucun rapport, aucun...

Tilia a dit…

Hypocrisie ou inconséquence de certaines gamines, je ne sais pas. Elles veulent ignorer le rôle de la testostérone et s'imaginent qu'elles peuvent toujours traverser sans regarder et que les autos vont s'arrêter parce que ça ne se fait pas d'écraser quelqu'un.
Je dis "gamines", même si parmi elles il y en a qui qui sont plus proche de la quarantaine que de leurs quinze ans, car leur comportement ne semble pas être celui d'adultes responsables.
Elles veulent le beurre et l'argent du beurre et elles s'étonnent quand le crémier ose poser un regard appuyé sur leurs appâts offerts à tous vents.
La publicité mensongère est illégale, pourtant au nom de leur sacro-sainte liberté nombriliste, elles s'habillent comme des "travailleuses" et crient au scandale quand un benêt les prend pour telles.
La pluie de protestations qui va sans doute suivre ce commentaire ne servira qu'à me renforcer dans ma conviction que ce monde marche sur la tête.
Et pour que tout soit bien clair, je précise que je parle exclusivement du sujet de ce billet : les mecs qui aiment bien mater les gonzesses.

Mater Bénit a dit…

On regarderait quoi dans la rue, sinon ?

chri a dit…

@Mater Les boute roues, les panneaux de sens unique, les antennes radio actives, les poutres de toits etc etc...
@Tilia: Les filles, les femmes doivent pouvoir s'habiller comme elles veulent. On peut regarder, juste regarder sans appuyer le regard, sans qu'il soit libidineux. Regarder, juste regarder... Enfin, je crois!

Mater Bénit a dit…

@ Chri : Ah ! Ah ! Excellent !

Lautreje a dit…

n'ont pas pris une ride ces deux là !

véronique a dit…

vous allez rigoler mais ... j'aime bien regarder les jeunes jolies filles dans la rue, les jambes légères, les épaules à l'air, les cheveux dans le vent ! (sans aucune arrière pensée bien sûr) ... les envierai je d'être aussi à l'aise dans leur corps ?

MAIS ... certaines encouragent le regard libidineux par leur provocation il faut l'avouer ! par ici, pas de limites ..

chri a dit…

@Véronique: Et moi aussi j'aime assez ça! Pas la provocation, les jolies "choses"...

véronique a dit…

les envieraiS je ! au conditionnel bien sûr ...

Christine a dit…

Ben, moralité de l'histoire: le bocal et le poisson ont tous les deux raison!

chri a dit…

@Christine Comme souvent...

nathalie, Avignon a dit…

Chri, MDR en lisant ta réponse à MB. En effet, y'a matière !!!

Je comprends ce que dit Tilia, mais alors où on met la barre de la décence ? A quelle longueur la jupe acceptable? Non franchement, à ce petit jeu les censeurs se sont essayés et ça n'a jamais marché.

Il vaut mieux accepter le jeu croisé "je me montre/tu regardes" qui plait au plus grand nombre et qui a toujours existé quelle que soit la longueur de la jupe. Les jeunes filles aiment qu'on les regarde, elles testent leur séduction, les garçons aiment admirer. Je ne vois pas d'autre solution que de l'accepter tout en enseignant aux filles que ce n'est pas tant la longueur de leur jupe que leur attitude qui fera la différence. Franchement aguicheuse ou juste heureuse de marcher librement? Il y a un monde entre les deux et beaucoup d'hommes sentent ça très bien.

Inversement, enseigner aux garçons que regarder le beau n'a rien de choquant mais que lancer une main ou mal se comporter, c'est NON.

chri a dit…

Voilà C'est l'intention qui compte pas les longueurs ou lourdeurs... Donc, ce qu'il y a derrière le regard...

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