02 février 2014

Cet été là.

Pour Marie.


Ça, pour l'avoir cassée, nous l'avions bien fracassée, notre tirelire...
Pour les vacances, nous voulions du changement nous avons fait ce qu'il fallait. Nous avions mis le paquet. Fini le camping au coeur de la Creuse. Nous avions loué pour un mois entier une petite maison blanche sur l'île de Donussa en Grèce. Quelques mois au paravant, nous avions vu un reportage sur cette île, joyau perdu des cyclades comme ils disaient.Tout juste en plein milieu de la mer Egée, entre Naxos et Amorgos. En vrai, ce n'était pas un joyau, c'était Van Cleef, Arpels et la Place Vendôme tout entière...
Une petite galère pour y parvenir, avion jusqu'à Athènes et puis des bateaux, deux ou trois, je ne me souviens plus mais une fois arrivé... Quel bonheur!
La cabane, on peut appeler ça une cabane: Quatre murs blancs, un toit plat, une terrasse, une pièce principale, un tuyau à l'extérieur pour salle de bains, une chambre, un wc à la turque...( En Grèce...) que nous habitions était sur la colline au-dessus  de Stavros le petit port de pêche... Comme s'il y en avait eu un autre qui ne soit pas de pêche... Plus qu'un port, c'était juste un quai où accostaient les barcasses revenant vers le midi avec une cagette de poissons de roches, quelques poulpes... Bref, de quoi faire la soupe et d'en griller un ou deux. S'y amarraient aussi les canots des annexes des gâteaux mouillant dans la baie et parfois quelques vedettes à gros moteurs et faible tirant. De là-haut, sur la terrasse en pierres plates aux joints teintés de blanc sur le devant de la maison à une seule chambre, nous avions une vue imprenable sur l'arc allongé de la plage et, le soir au couchant,  nous n'avions qu'à nous poser et assister au spectacle magnifique du soleil disparaissant sous l'horizon, un verre de blanc à la main. Alors, après avoir allumé les lampes à pétrole qui nous éclairaient, nous nous mettions à table et mangions d'une salade, vite faite, bien faite et d'un poisson généralement grillé au feu de bois de ceps de vignes,  arrachés, entassés contre le mur blanc. Et puis, la nuit noire qui s'amenait avec ses grappes d'étoiles vibrantes, nous prenait sous son aile bienveillante et nous permettait d'encore vider quelques verres. Nous nous retrouvions au petit matin blottis dans le hamac double, à admirer le levant tout juste rafraichis par une brise souriante. Une douche à l'extérieur nous requinquait pour de bon avant d'enfourner un petit déjeuner de roi où il était question de fromages de chèvre et de café noir.
La fatigue nous importait guère puisque la chaleur venue, nous irions nous offrir une sieste sur une des plages toutes plus belles et sauvages les unes que les autres. Comme il n'y avait pas de voiture sur cette île bénie, c'est en scooter que nous la parcourions de long en large.
Nous en profitions pour nous arrêter où bon nous semblait pour explorer avec les palmes, le masque et un tuba les fonds rocheux où là encore des merveilles se laissaient non seulement  voir mais presque toucher des doigts.
Et le lendemain serait semblable à ce jour-ci. La première semaine, nous n'avons pas vu le temps passer. Du reste, en arrivant, nous avions balancé nos montres, nos portables et sur pas un endroit de l'île il n'y avait de réseau ni aucun malheureux petit g qui vaille...
Les seules musiques que nous attrapions étaient celles, lancinantes des vagues venues de la plage plus bas ou bien celles chuchotées par les feuilles des orangers au dessus de la location et parfois celles du port mais il nous fallait tendre l'oreille et cet effort là était difficile. Ah... Il y avait aussi celles de nos mots d'amour, ceux que nous disions en braille comme chantait l'autre... Nous n'étions que là mais bel et bien là. Et je n'ai pas trop parlé de ce qui se passait entre nous, entre nos deux corps, je veux dire... De ce côté là, tout allait très bien, aussi, merci!
Chaque minute de chaque jour à côtoyer le beau, le bon, le doux... A force, on finit par s'ennuyer un peu quand même, non? C'est venu avec force au beau milieu de la troisième semaine...
A force, oui, on s'est emmerdé. On s'est emmerdé tranquillement, calmement, gentiment mais on a fini par s'emmerder... Puissamment. 
Alors, on n'a pas tenu.
On a attrapé le premier bateau possible et on a fichu le camp de cette île de... 
On est retourné en ville dans le bruit, la fureur, l'agitation comme deux imbéciles toxicomanes...





10 commentaires:

Laurence a dit…

Et bien là, tout de suite, cet emmerdement me fait tout simplement rêver ! C'est exactement comme ça que j'aimerais être maintenant ...

chri a dit…

@ Laurence Ce ne serait venu qu'après deux semaines quand même!!! J'adorerais ça aussi, là, maintenant!

M a dit…

Je ne voulais pas griller la politesse à Marie, mais voilà... Oh oui des vacances de casse tirelire, de soleil, de mer et de farniente ! Une île de ... rêve bien sûr :-)

chri a dit…

@ M On irait bien n'est-ce-pas? Quitte à s'enquiquiner un peu!

Brigitte a dit…

J'irai bien là bas moi aussi et je veux bien m'ennuyer un peu !!! Dans un tel cadre ça doit être possible de "tenir" quelques jours ?...

chri a dit…

@ Brigitte Oui, oui, je pense qu'on doit pouvoir "tenir" un peu!!! Au moins huit jours, il n'y aurait qu'un bateau par semaine...

Anonyme a dit…

Ha, mission accomplie. Je me suis demandé où tu avais semé le drôle jusqu'à la dernière ligne, et puis j'ai éclaté de rire.
Merci christian, et pardon du retard à la lecture, mais comme je suis plongée dans des recherches pour un article, je n'erre que peu au web depuis quelques semaines.
Marie.

chri a dit…

@Marie Cet éclat me paie!

emma a dit…

ben oui, au paradis, si on n’est pas des anges, on finit par s'emmerder, le travail est ta drogue, c'est ton destin !

chri a dit…

@ Emma Dieu m'en préserve! Bienvenue à vous ici, Emma.

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