24 décembre 2014

Les boules.

 À Noël, ce qui compte, ce n'est pas le sapin, ce sont les boules m'a dit Thérèse au téléphone.
Pendant qu'elle m'envoyait son trait de génie, j'étais en train de me vider de partout à cause d'une saleté de grippe intestinale (tout de même plus chic que la fidèle gastro...) attrapée voilà vingt quatre petites heures, juste avant le réveillon. Autant dire que je n'étais pas brillant. J'hésitais en permanence sur la destination finale: Le lavabo OU les toilettes. Pour finir, j'ai opté pour les wc avec bassine ET couverture sur les épaules, j'allais pas, en plus, prendre froid.
J'ai longtemps cru avoir mangé des sushis douteux et puis non, la pharmacienne m'a confirmé une épidémie sévère d'intestinal gripp dans les parages. D'un côté ça m'a rassuré, je savais d'où me venaient ces douleurs qui me pognaient le ventre. Ce n'était pas comme cette fois où j'avais descendu un vieux bout de figatelli qui trainait dans le frigo dont j'ai mis quinze jours à m'en remettre et dix ans avant de pouvoir penser à en manger à nouveau. La mémoire intestine qu'ils disent.
Ça avait commencé dans la nuit où j'ai été mal tout le long. Je transpirais, j'avais chaud, j'avais des crampes d'estomac et j'ai, donc, plutôt mal dormi... Alors ça... Une crampe au mollet on sait quoi faire mais à l'estomac? À part se tordre de douleur.... Donc j'ai passé une nuit délicate et le matin, je suis allé prendre deux charbons de Belloc dans leur jolie boite noire. C'est tout ce que j'ai trouvé contre ces maux là dans la pharmacie de la baraque. Et un paracétamol mille. Oui, j'achète ça surtout pour les sonorités: charbon de Belloc et paracétamol mille... Ça sonne hyper bien. 
C'est environ une demi-heure après que la première salve est partie. J'ai juste aperçu, au passage, les enveloppes noires des algues des sushis et après, j'ai fermé tous les yeux. Sont arrivées, derrière, quatre ou cinq répliques comme dans un tremblement de terre ou un tsunami. Un tsunami intestinal. C'était exactement ça. Aussi violentes que la première. Heureusement, j'ai eu, à chaque fois, le temps de filer dans les toilettes... D'une certaine manière ça les honorait avec malice puisque le plombier devait venir les changer le matin même. Ce que je ne savais pas c'est que j'inaugurerai la nouvelle, la flambant neuve, la brillante par des salves d'un autre genre... De celles qui m'ont pris la matinée une couverture sur le dos.
Et donc, en deux jours, j'ai eu cent huit ans et la tremblante de la chèvre.  Je marchais en trainant des pieds comme un vieil ours en bout de course. Le jour du soir du réveillon où partout en ville, toutes les pubs ne parlent que de bouffe, où toutes les émissions à la télé, à la radio y vont de leur petite recette de derrière les fagots, ou chacun vante ce petit champagne vendangé à la pince à épiler, ce caviar déroulé à l'ongle, cette langouste pêchée avec les dents ou ce foie gras gavé à la main, alors que mon coeur sursautait à la simple évocation d'une feuille d'endive. Un martyr à peine déguisé. Une journée enfoui sous la couette à me demander: Mais de quelle épouvantable faute suis-je donc coupable pour mériter une telle punition? Je me suis consolé en me disant que vivre seul avait au moins un avantage, quand un truc pareil vous arrivait vous ne le faisiez subir à personne et vous pouviez rester enfoui sous une couette sans qu'une voix vienne vous y trouver: Mais tu ne vas pas rester la dessous comme un légume toute la journée. Ben si, je suis si malade... Hop hop allez debout... Laissez moi mourir tranquille... Rien de tout ça, seul, vous aviez droit à une paix royale.
Puis, vint le soir du réveillon de Noël. J'avais heureusement repris du poil de la bête. Une soupe de potiron, un demi bol. Un demi aussi de riz basmati sans rien d'autre avec, une demi tranche de jambon comme moi,  à l'os et un bien beau verre plein de Badoit, pour le plaisir... J'ai laissé du riz. J'étais couché à neuf heures, un avant goût de la maison de retraite.

Elle a bien raison Thérèse, à Noël ce n'est pas le sapin qui compte, ce sont les boules. Les miennes étaient assez imposantes, voyez. 


PS Ce soir, j'ai mis le nez dehors pour la première fois depuis trois jours pour prendre un peu l'air frais et quelques images... 
Le ciel était si beau...
Figurez-vous que mon appareil est tombé en panne AVANT que je déclenche...
Déplorable Karma...
PPS Quand ça ne veut pas... En allant à Avignon ce matin j'ai trouvé un portefeuille sur le parking. Il semblait tout épais et, à la vue de l'épaisseur, il doit regorger de billets, me suis-je dit malicieux et excité... Je tiens ma vengeance sur le destin, les affaires reprennent, mes chakras s'ouvrent, le monde est à nouveau mien... Aucune pitié: ce que je trouve est à moi et ce qui est à moi est... à moi, un appareil photo neuf dans la journée? Va savoir. Un Leica, même  qui peut dire? Je farfouille à l'intérieur, fébrile. Toutes les cartes et permis divers sont là et... Deux euros vingt trois centimes... À vous dégouter d'être malhonnête. J'ai tout balancé dans le Rhône. Ça lui apprendra.

17 commentaires:

Tilia a dit…

Cette fois j'espère que ce n'est pas pour de vrai.
Noyeux Joël et Viva La Vida !

chri a dit…

@ Tilia Je me lève à peine...

Anonyme a dit…

joyeux noel mon grand (je sais que tu aimes quand je te dis "mon grand"). Bises. Marie.

chri a dit…

@ Merci Marie Un beau, à toi aussi.

M a dit…

Il y a le ravi de la crèche et le ... caganer ! (Pardon) Bises de Noël :-)

chri a dit…

@ M Le caganer? Sans le connaître, j'ai peur de comprendre... Si c'est bien lui, ce fut bien moi... Boulettes.

Brigitte a dit…

De belles fêtes de fin d'année auprès de ceux que tu aimes ,tu as besoin d'être chouchouté ...

chri a dit…

@ Brigitte Merci de tes voeux mais je ne vois pas ce qui te fait dire que j'ai besoin d'être chouchouté :-)

Elise a dit…

et un verre à l'humour qui sauve !

chri a dit…

@ Elise Oui, un verre! C'est une bouée très efficace!

chri a dit…

@ Elise Mais ça ne console pas... Non plus! :-)

Brigitte a dit…

Ah bon, tu ne vois pas ? Alors cherche !!!
Bon réveillon et à l'année prochaine .

chri a dit…

@ Brigitte, je vais m'y mettre! Merci de tes voeux! Les miens pareil!

Slevtar a dit…

2015, tu sais quoi ? J'ai beau me trifouiller la grise matière .... que dalle, macache ! Et toi, de ton coté ? Sinon, c'est vraiment que la 2015 ne rime à rien.
Année de la prose, donc. Qu'elle te soit prolifique.

chri a dit…

@ Slev Je dirai de quinze à seize année sans ascèse... Qu'elle vous soit belle!

véronique a dit…

dommage Chriscot, elle est trop courte votre histoire, j'aurais aimé qu'elle dure encore ! mais suis contente qu'elle finisse bien et que vous alliez mieux !
un réveillon dont vous vous souviendrez sans doute !

chri a dit…

@ Véronique Moi, j'avais plutôt hâte que ça s'arrête...

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