11 janvier 2015

Et après? Demain?

A part pour le pavé des rues, ce fut un bien beau dimanche de Janvier.
Paris, et d'autres villes, dans le pays tout entier, parcouru par les pas tranquilles d'un monde fou, enfin, je me comprends, un monde opposé à la folie des fous. Des marseillaises chantées faux, ou juste murmurées parfois, des pancartes amusantes, du chagrin aigu, lourd, pesant, une première mondiale: des acclamations pour la police, les forces de l'ordre.Certains s'en sont évanouis.
C'est que quand même on compte depuis le début de ce bazar dix sept morts et plusieurs blessés graves. En seulement trois jours... 
Dites, dans le même temps, combien à Alep, Mossoul, Kobané ou au Nigeria?
Hier dimanche des jolis sourires, des gentilles choses dites, des mains tendues, des paumes ouvertes, Netanyahu et Abbas côte à côte, Douste... (Mais si, vous vous souvenez sûrement... Douste Blazy, oui celui-là, même... Tiens il serait vivant celui-là et Dati ensemble (enfin, je me comprends,  ensemble au même moment dans la même rue), tout le gratin de l'Europe et d'une partie du monde en autocar. De beaux symboles, de belles images, de belles accolades, de chaudes embrassades, des bisous, des caresses en veux-tu en voilà... Après la rudesse des derniers jours, une calinothérapie sévère.
Ce qui ne gâte rien, une Marine et son état major, loin de tout ça, exilée volontaire dans son jardinet secondaire et tout riquiqui de  Beaucaire avec son petit balcon, son petit discours tout rance et ses petits fans tout petits (jusqu'à journalistes au bûcher parait-il...)... C'est bien, Beaucaire pour elle. Juste à côté de Tarascon dans le Gard. Qu'ils se la gardent? Ah elle, la chef du FMI, on ne l'a pas vue...
Un vrai beau dimanche de Janvier fraternel deux jours après l'horreur, le massacre, la haine les corps meurtris la peur et le sang versés.
Je ne suis pas certain que ceux qui ont été tués parce qu'ils dessinaient pour faire rire auraient été très heureux de tous ces élans de sympathie mielleux, mais bon, ils n'avaient qu'à être là pour gueuler que ça ne leur disait rien, aussi.
Les absents ont furieusement tort.

Alors après demain?
Comment se fait-il que des jeunes gens français qui sont allés dans nos écoles en soient arrivés là?
Qu'est-ce-qui va être fait pour que cela ne recommence pas?
Comment éviter que ce magnifique soufflet républicain retombe et que dans quelques semaines on ne se regarde pas les uns et les autres en chiens de faïence, en ennemis potentiels, en menaces possibles?

Après cette journée, que va-t-on faire de toutes les autres?
Hier dans les rues, la fraternité s'est exprimée pour la liberté. 
Allez France, encore un effort pour le troisième.



Photo prise dans le rassemblement républicain.

23 commentaires:

Tilia a dit…

Bonne question ! je vous remercie de l'avoir posée :-/
Bon, à question sérieuse, réponse sérieuse.
Primo : trouver, ou former, des spécialistes pour détricoter le bourrage de crâne des prêcheurs exerçant leur sinistre office auprès des jeunes français.
Secundo : former des psychologues dans le débriefing des jeunes chopés au retour de leurs stages au Moyen-Orient.
Tertio : extrader vers le pays de leurs origines les sinistres prêcheurs.
Quarto : parallèlement à celles des philosophes des Lumières, faire connaître dans les collèges et lycées les œuvres des poètes persans tels que Omar Khayyam ou Farid al-Din Attar.

Plus facile à dire qu'à faire, j'en conviens.

J'allais oublier : demander à Radio-France qu'un temps d'émission égal à celui des autres religions soit diffusé le dimanche matin sur les ondes de France-culture et/ou modifier l'horaire de ce genre d'émission de manière à ce qu'elle soit diffusée à une heure de grande écoute.

Tilia a dit…

J'oubliais (fichu esprit d'escalier, sort de mon corps !) ce lien à propos d'Adonis.

Brigitte a dit…

C'est la bonne question !
Hé oui que faire maintenant ?
Eduquer encore et encore ,former davantage d'éducateurs,que les classes soient moins surchargées...
Alors que c'est tout le contraire qui a été fait malheureusement.
Après les horreurs que l'on sait voir tous ces gens rassemblés et entendre par vague des salves d'applaudissement cela m'a fait chaud au coeur malgré les circonstances .

chri a dit…

@ Tilia et Brigitte Oui, je crois que maintenant c'est la question qui se pose à tout le monde: Que faire avec ça?

Laurence Chellali a dit…

RE-SIS-TER !!! Résister à écouter tous les messages de haine, de division et d'intolérance.
Tout aussi concrètement et parallèlement, les solutions proposées par ma compatriote de commentaires Tilia me semblent un très bon début, sauf le point tertio car leur pays d'origine, c'est la France, à moins qu'on puisse s'extrader dans son propre pays ?

Tilia a dit…

@ Laurence Chellali

Pardon, je me suis mal exprimée, j'aurais dû écrire le pays de leurs ancêtres.
On ne peux pas garder en France des individus aussi dangereux pour la société toute entière. Les prêcheurs du d*had par l'épée sont des fanatiques irrécupérables, des foudalas !

chri a dit…

@Tilia Un avis éclairé:
http://link.brightcove.com/services/player/bcpid3353344780001?bckey=AQ%7E%7E%2CAAABJqdX_vk%7E%2CFMAd6xUAgai9-Tbfcq2VmUiOgwSGwxf3&bctid=3979593465001

@ Laurence Oui, résister à la peur, la haine le mauvais en nous. Le repérer, déjà.

Anonyme a dit…

"Je ne veux pas qu'un juif ait peur, je ne veux pas qu'un musulman se sente coupable". C'est pas tout à fait le genre de déclaration qui pousse à l'optimisme. Il me semble que les musulmans, ces jours-ci, ont autant de raisons d'avoir peur que les autres, mais sûrement que si on brûle les mosquées, ça sera, comme les Charlie, qu'ils l'auront un peu cherché.
Allez, comme dit le Canard, on se laisse pas abattre !
Marie.

Anonyme a dit…

PS : j'avais lu quelque part que le sens premier du djihad, c'est la guerre qu'on se fait à soi-même pour devenir meilleur. Si c'est bien ça, la solution à l'extrémisme, c'est le djihad pour chacun.
Marie.

chri a dit…

@ Marie Ce serait déjà pas mal, ça: Le djihad pour chacun. Perso, j'ai donné.

Anonyme a dit…

Chri, merci pour ce lien, enfin.
merci
(se référer au titre de ma dernière photo pour comprendre... si vous pouvez)
Lou

chri a dit…

@ Lou Mais entre temps vous en avez publié une sans titre, alors ce n'est pas si facile...

Véronique a dit…

certains se diront confiants en l'avenir .. moi pas ! j'ai assisté à de drôles de choses ces derniers jours. Je sais qu'ailleurs, loin, trop loin sans doute pour qu'on s'en pré occupe, se sont passées des choses plus horribles encore et je sais aussi que personne ne bouge et que ça va continuer encore et encore.
alors, beaucoup de bruit pour rien ? je me sens un peu perdue et très en colère aussi.
Le terreau mûrit dans nos écoles " élémentaires " . 10 ans et déjà rebelles alors imaginez la suite.
Non, je ne suis pas confiante mais je n'ai pas peur , je suis juste inquiète, j'ai juste envie que mes petits enfants vivent libres et heureux.

J'ai pas franchement d'idées .. Résister semble être une solution mais pour le reste !

Véronique a dit…

désolée pour le pessimisme de mon commentaire ! pardonnez moi

chri a dit…

@ Véronique Ce soir je me suis excusé auprès d'eux pour ce qu'on leur laisse comme monde moche. Il faut, au moins avoir confiance en eux pour qu'ils réparent ou corrigent un peu nos bêtises.

véronique a dit…

vont devoir être costauds les petiots !

Anonyme a dit…

Allez, sortir de ma tristesse pour faire un petit signe et dire que ce n'est pas un petit effort mais un gros qu'il va falloir faire. Quand j'entends au quotidien le son de la connerie lambda, je suis heureuse aussi d'entendre l'intelligence de certains...
Ré-initier une société ressemblera à une ré-éducation : difficile, douloureuse mais nécessaire.
Je ne sais pas si tu as trouvé le lien du com de Lou ; comme la lumière est nécessaire, moi j'ai envie de le partager en grand ! Il s'agit (je pense) d'un poème de R Char : Le risque et le pendule
Bises à tous

M a dit…

Toi qui ameutes et qui passes entre l'épanouie et le voltigeur, sois celui pour qui le papillon touche les fleurs du chemin.


Reste avec la vague à la seconde où son cœur expire.
Tu verras.


Sensible aussi à la salive du rameau.


Sans plus choisir entre oublier et bien apprendre.


Puisses-tu garder au vent de ta branche tes amis essentiels.


Elle transporte le verbe, l'abeille frontalière qui, à travers haines ou embuscades, va pondre son miel sur la passade d'un nuage.


La nuit ne s'étonne plus du volet que l'homme tire.


Une poussière qui tombe sur la main occupée à tracer le poème, les foudroie, poème et main.

(Pour éviter de chercher)

chri a dit…

@ M J'étais déjà en train de taper le vers quand j'ai lu ton deuxième commentaire... Merci M tu te soucies de ma fainéantise!
Quel beau poème. Sacré R'né.

Nathalie, Avignon a dit…


Que faire ? Comme le dit Tilia, travailler sur l'éducation, et ce dans tous les sens du terme. Voir ce récit sur l'enfance des frères Kouachi :
http://reporterre.net/L-enfance-miserable-des-freres

(pour sa proposition sur les émissions de Radio France, je ne suis pas sûre - est-ce que les jeunes écoutent Radio France ???)

A titre individuel, pratiquer et encourager la bienveillance, avec les enfants comme avec les adultes.

Nathalie, Avignon a dit…

... mais parfois je manque d'espoir.

J'ai l'impression que notre monde pris dans les affres d'une mondialisation qui va trop vite pour les esprits, brassant les cultures au-delà de ce que nous sommes capables de gérer, va nous entraîner tous dans un grand trou noir.

J'espère que c'est juste le deuil qui me rend si fragile car j'ai envie d'espoir.

Nathalie H.D. a dit…

PS - j'étais à l'enterrement de ma maman le 10 janvier à Paris, et évidemment à la marche entre République et Nation le lendemain - where else?

Recueillement et une forme de joie à se voir si nombreux dans la fraternité.

Garder cet esprit.

chri a dit…

Ce rassemblement du 10 est comme un baume. On doit en faire quelque chose.
Les Kouachi sont aussi des enfants de France...

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