25 novembre 2017

Six quatre. Deux six.

On était parti dès la sortie du boulot. Le matin on avait mis dans le coffre nos deux sacs de voyage avec quelques fringues chaudes pour une fin de semaine qu’on allait passer à la campagne mais qui s’annonçait pelante.
Il faut dire que c’était un vendredi de fin Novembre. La nuit était tombée depuis longtemps quand on a pris route. Il avait flotté toute la journée et ça tombait encore sur la banlieue et sur tout le chemin. Vers l’arrivée, on a même rencontré du brouillard mais on s’en foutait, on était ensemble, au chaud dans la voiture, on avait deux jours devant nous, il y avait de la bonne musique et dehors une paire d’essuie glaces presque neuve s'activait en rythme.
Le trajet n’avait pas été si long. Deux bonnes heures, tout au plus. Une fois sortis de la banlieue, on avait fait du Sud Ouest, puis attrapé un long bout d’autoroute et quelques kilomètres après la sortie, on avait fini par trouver l’endroit qu’on avait réservé par téléphone. Internet n'avait pas encore débarqué dans nos vies... Une grande ferme avec sur la partie droite, un gîte aménagé dans une dépendance. Prévenus de l’heure de notre arrivée, ils avaient allumé le chauffage, mis des bûches dans la cheminée et une bouteille de vin (pas terrible) sur la table en cadeau d’arrivée. Posé sur elle, un petit mot nous attendait. On se verrait demain, on nous souhaitait bonne nuit, vous savez, à la campagne on ne traîne pas le soir. Il y a de la soupe dans le frigo. Bienvenue et bonne nuit. Heureusement, on avait vidé nos frigos à nous avant de partir et donc un festin rapide pouvait se préparer. On a mangé et on n’a pas lambiné. Le trajet, la journée de travail, la fin de semaine on était crevés. On a débarrassé la table et on est monté se coucher. Heureusement, il y avait deux chambres, on s’est empressé des les occuper. On a sombré.
Dans l’après-midi, André a démolli Guy mais Henri qui était soit disant perdu, fini, rincé, déclassé, rompu a atomisé Pete. Ils étaient à une victoire chacun. Tout était encore possible.
Le lendemain matin, un brouillard à couper au chalumeau envahissait la cour de la ferme. Après un petit déjeuner de parisien on est pari au bourg, au marché, dont on nous avait dit qu’il était à voir. Nous n’avons pas été déçu. On y a acheté des huitres et du poisson pour le soir. Le début de l'entrainement pour les fêtes à venir. Le marché arpenté, nous avons mangé là-bas, dans une brasserie. Un croque Monsieur chacun comme on avait forcé sur le petit déjeuner, on n'avait pas une faim d'ours. En sortant de table, on a pris la direction de la campagne et comme le brouillard s’était dissipé, on s'est offert une longue virée dans les champs autour du gîte. C'est à la nuit tombée que nous sommes rentrés. Nous avons fait couler un bain chaud dans lequel nous avons plongé ensemble. Un verre de rouge à la main. Nous avons trinqué dans la mousse. On ne s’était pas gêné pour monter le thermostat dans la salle de bain et c’est d’un hammam ou presque que nous sommes sortis pour ouvrir les huitres, mettre la table et ouvrir la deuxième bouteille. La soirée a été douce. Quand nous nous sommes couchés, Henri et Guy avaient botté les fesses de Ken et Robert en quatre sets. Ça avait rajouté à nos sourires.
Le dimanche, il pleuvait comme Dieu qui pleure. On a pris notre temps pour faire griller les tartines et chauffer le café. On a traîné. Ensuite nous nous sommes habillés comme il fallait pour une longue balade sous la flotte. Un grand tour comme nous disions. On est rentré trempés, fourbus et affamés. Des ogres se sont mis à table et se sont installés devant la télé, les pieds au chaud des bûches rougissantes. On a aussi crié, sauté, chanté quand Guy a giflé Pete et  qu'il est tombé sur le court après avoir balancé sa raquette dans les cintres.
On a fermé la porte du gîte Yannick n’avait pas fini son tour de piste avec les autres derrière. Ils étaient tous en pleurs d'une joie indicible qui leur resterait quand ils seront vieux et forbus et leur immense plaisir ce soir là faisait le nôtre.

Après ça se gâterait un peu quand ils iraient vivre ailleurs pour une vulgaire histoire de fric ce qui leur ferait oser quelques fausses notes en braillant la Marseillaise. 
Il y a vingt six ans, une bande de potes avait battu la soit disant plus forte équipe du monde et nous, nous avions passé un joli week-end dans le Perche…

Vingt six ans... Déjà... Deux six, un score de tennis.
Moi, j'en suis déjà à six quatre. Un autre score de tennis. Décidément.






8 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est joli ! C'est vraiment comme ça un bon souvenir.
Papy

chri a dit…

@ Papy. Merci Papy!

Célestine ☆ a dit…

Le pouvoir de conter...
J'adore ton talent !
¸¸.•*¨*• ☆

chri a dit…

@ Célestine Oh Merci Célestine.

Brigitte a dit…

Un excellent souvenir oui, maintenant je ne suis plus cela de si près. Passer d'excellents week-end par contre je suis toujours preneuse !!!
Belle fin de semaine

chri a dit…

@ Brigitte: Vous ne suivez plus cela de si près? C'est à dire?

Brigitte a dit…

Je suis le tennis... mais de loin et beaucoup moins que les années Noah .
Belle fin de semaine

chri a dit…

@ Brigitte Ah oui, j'avais oublié que la note parlait, aussi, du tennis!!!

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