14 novembre 2019

Quatre ans

Voilà quatre ans j'ai écrit ça, ça s'appelait "Ils" je ne déplace pas une virgule:


Ce jour là, ils se sont réveillés, ils se sont habillés puis ils sont montés dans des voitures, ils ont sans doute traversé la ville ou bien le pays, ils sont venus à pas feutrés, en silence, en cati-mini. Le soir venu, ils se sont rendus dans des quartiers plein de vie, de jeunesses joyeuses, d’insouciance légère. Alors, ils sont sortis de leurs voitures et puis ils ont armé leur engins de mort et le sang gelé, ils ont tiré des balles dans le dos de nos enfants désarmés qui écoutaient de la musique, mangeaient en terrasse, riaient, échangeaient, buvaient un verre avec leurs amis… Ils ont tiré sur nos enfants. Ils les ont transpercés de balles, déchiquetés, coupés, troués, achevés, les uns après les autres, en prenant leur temps, en y revenant, en recommençant, en rechargeant leurs armes, en ne s’occupant nullement de savoir sur qui ils tiraient. Ils ne blessaient et tuaient ni des juifs, ni des musulmans, ni des catholiques, ni des gens de droite, ni des gens de gauche, ils blessaient et tuaient des enfants, nos enfants, qui vivaient, un vendredi soir dans Paris… 
Ils l’ont fait froidement, implacablement, longtemps très longtemps. 
Puis, leur folie furieuse exprimée, leurs crimes, leurs carnages, leurs entreprises de destruction terrifiantes accomplis, à bouts de munitions, à bouts de leurs arguments, à bouts de puissance, ils se sont fait exploser.
Et vous savez quoi ? Ils étaient eux aussi des enfants. Perdus, terrifiants, épouvantablement effroyables, assassins, meurtriers, tueurs, mais des enfants. Du même âge que ceux qu'ils ont  tués.
Et nous voilà maintenant, les autres, les épargnés, les encore vivants avec notre infinie tristesse, avec nos larmes pour un oui, pour un nom, avec notre rage, avec nos questions, avec nos peurs… C’est qu’il nous reste des enfants… 
Quel autre assassin va venir nous tirer dessus ? Où ? Quand ? Dans quel quartier ? Dans quelle ville ?
Ce terrifiant sentiment d’impuissance parce que  nous n’avons pas su les protéger nos enfants, ni  d’eux même ceux là qui ont tué.
Et nous sentons bien que ce n’est ni la force, ni la violence, ni une surenchère à la haine qui pourra régler ça définitivement…

Parce que c’est bien ce que nous désirons le plus au monde: La paix. Que de la folie dure on revienne à la raison douce.


4 commentaires:

Brigitte a dit…

En effet pas une virgule ni un point à changer …
Triste et terrible

chri a dit…

@ Brigitte Oui, Même émotion, même chagrin

Pastelle a dit…

Tellement bien exprimé... L'impuissance et la tristesse oui. Et la recherche de solutions pour l'avenir. Je n'en vois qu'une, l'éducation. Mais ça prendra du temps. Trop de temps...

chri a dit…

@ Pastelle J'en ai peur

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