__ Heu tu vas peut-être vite en besogne là! N'oublie pas comment tout a commencé. Je n'appelle pas ça du bol mais, au contraire, un sacré manque de chance...
__ Au final tu as tout retrouvé, non? Alors? De quoi te plains-tu?
__ Mais je ne me plains pas, j'essaie de regarder les choses froidement.
__ Je te le dis, froidement, tu as une veine magistrale!
__ Mais je ne me plains pas, j'essaie de regarder les choses froidement.
__ Je te le dis, froidement, tu as une veine magistrale!
Vu sous cet angle, il n'avait pas tort. Mais c'était l'éternel combat entre les optimistes, les pessimistes et les réalistes. Lui était un réaliste optimiste, voilà tout. J'avais tout récupéré, oui, mais à quel prix?
Tout avait commencé dans le début de l'après midi. Il faisait une belle chaleur revenue. Plutôt que de m'allonger pour une sieste, mon dos se rappelant sans cesse à ma mémoire, j'ai décidé d'enfourcher ma bicyclette et d'aller voir là-bas si j'y étais. Comme le soleil plombait encore bien dru à cette heure, j'ai choisi un itinéraire un peu ombré. Le long du canal qui passe pas très loin de chez moi et qui court à flanc des collines du coin pendant un long moment. Je peut en sortir vers L'Isle et ensuite rouler jusqu'à Fontaine en bord d'eau, qui sait me baigner un petit coup, avant de monter vers Lagnes par le raidillon de la route touristique qui mène vers Gordes voir un peu ce que mes mollets ont dans le ventre en ce milieu d'été et revenir par l'acqueduc qui surplombe Fontaine et les verts magnifiques de la sorgue naissante. Il y aurait sans doute une ou deux images à attraper avec tous ces canoës qui devaient glisser sur le transparent de la flotte. Le long du canal, c'était plat et on pouvait y rouler tranquille, sans voitures... A cette heure, les chiens auraient sans doute fini de se soulager et les poussettes ne seraient pas encore de sortie. Voilà une belle idée d'itinéraire, je me suis dit satisfait. Pour une fois, j'étais heureux de mes choix et de mon flair et puis tout pouvait encore changer, rien n'était inscrit, je n'étais obligé à rien. En tout ça devait faire une belle trentaine de kilomètres et il pouvait y avoir un bel arrêt à Lagnes au petit bar de la place dont la terrasse était blottie sous l'ombre d'un platane aux bras accueillant...
Je suis monté tranquille jusqu'au canal et j'ai pris à droite vers L'Isle. Jusqu'au viaduc, tout s'est très bien passé. Le petit raidillon, (touristique mes genoux...) je l'ai avalé comme qui rigole sans poser le pied par terre, j'en ai même profité pour pousser jusqu'au col au-dessus de lagnes d'où l'on voit le début du Lubéron et Oppède dans le fond, le vichy du bar de Lagnes était parfait, j'étais à deux doigts d'en descendre deux. A la sortie du village j'ai repris le chemin le long du canal et je suis arrivé au viaduc. C'est là que ça s'est un peu gâté...
De la haut, j'ai voulu prendre une photo d'en dessous, celle que vous avez vu en ouvrant la porte. J'ai posé mon engin contre la balustrade et pendant que je cadrais, à l'instant pile où je déclenchais, le vent lui en faisait une belle. Il a déséquilibré ma bécane, l'a poussée c'est avec un joli plouf étouffé qu'elle a complètement disparu dans le gris sombre de la flotte... Vélo, plus de vélo. En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. De suite, sont remontés à la surface la poche en cuir de l'appareil, une bombe anti crevaison et une boite de rustines qui ont dû foutre le camp de la sacoche ouverte. Sont restés au fond, dans la sacoche, les clés de la maison, le portable, la monnaie du vichy et mes lunettes... J'étais comme un con sur le bord du pont mon vélo enfoui dans la flotte. Il y avait un courant plutôt galopant, je ne connaissais pas la profondeur de ce foutu canal et mes trucs qui foutaient le camp... J'ai réfléchi, je ne voulais pas sauter à la baille, je n'avais pas envie d'ajouter un drame à la mésaventure... Vous auriez fait quoi, vous? Tout malin que vous êtes.
Je suis descendu en quatrième jusque chez le loueur de kayaks en dessous où on m'a d'abord conseillé d'appeler les pompiers... J'ai obéi, j'aurais mieux fait de m'abstenir. Ils m'ont ri au nez et j'ai bien compris. Ils n'avaient pas tort. Leur truc c'était les blessés, les feux, les drames pas les vélos dans le canal. Puis un type m'a prêté un râteau en me disant qu'il s'appelait "reviens"... Je me suis dit qu'ils étaient bizarre dans ce bled, donner des noms aux râteaux, je n'avais encore jamais vu ça... Je suis remonté sur le viaduc...
__ Dis moi mais tu ne nous avais pas appâté dans le titre avec un hymne aux hollandais? Ils sont où dans cette histoire tes bataves?
__ Patience, j'y arrive: c'est précisément à cet instant là que j'ai béni les hollandais et leur amour de l'eau. Une fois arrivé au bord de cet aqueduc de malheur, j'ai vu deux grandes blondes plantureuses (des hollandaises je vous dis...) qui rigolaient comme deux foldingues dans le plein milieu du viaduc à trente mètres de haut dans une eau... étrange. Je leur ai baragouiné: Vous n'avez pas senti un vélo sous vos pieds... Au début, elles m'ont pris pour un dingue et puis elles ont compris. J'ai fini par poser le pied sur mon biclou dans le premier virage à peu près à une cinquantaine de mètres d'où il avait plongé. On l'a remonté, les costaudes et moi, il était farci d'algues vertes... On s'est congratulé, elles et moi. Je suis allé rendre "Reviens" à son proprio. Pour le reste, je suis remonté sur le vélo, j'ai suivi le canal et j'ai replongé à trois kilomètres en aval, Tout arrivait là, à la queue leu leu, gentiment poussé par le courant... Il n'y a que mon portable qui n'a pas bien aimé la baignade... En rentrant, je l'ai débarrassé des algues, il était comme neuf. Pas le portable, le vélo...
C'te foutu engin qui faisait du plongeon, c'était un Riverside... Bizarre ce bled... A-t-on idée de donner un nom pareil à un biclou?
Je suis monté tranquille jusqu'au canal et j'ai pris à droite vers L'Isle. Jusqu'au viaduc, tout s'est très bien passé. Le petit raidillon, (touristique mes genoux...) je l'ai avalé comme qui rigole sans poser le pied par terre, j'en ai même profité pour pousser jusqu'au col au-dessus de lagnes d'où l'on voit le début du Lubéron et Oppède dans le fond, le vichy du bar de Lagnes était parfait, j'étais à deux doigts d'en descendre deux. A la sortie du village j'ai repris le chemin le long du canal et je suis arrivé au viaduc. C'est là que ça s'est un peu gâté...
De la haut, j'ai voulu prendre une photo d'en dessous, celle que vous avez vu en ouvrant la porte. J'ai posé mon engin contre la balustrade et pendant que je cadrais, à l'instant pile où je déclenchais, le vent lui en faisait une belle. Il a déséquilibré ma bécane, l'a poussée c'est avec un joli plouf étouffé qu'elle a complètement disparu dans le gris sombre de la flotte... Vélo, plus de vélo. En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. De suite, sont remontés à la surface la poche en cuir de l'appareil, une bombe anti crevaison et une boite de rustines qui ont dû foutre le camp de la sacoche ouverte. Sont restés au fond, dans la sacoche, les clés de la maison, le portable, la monnaie du vichy et mes lunettes... J'étais comme un con sur le bord du pont mon vélo enfoui dans la flotte. Il y avait un courant plutôt galopant, je ne connaissais pas la profondeur de ce foutu canal et mes trucs qui foutaient le camp... J'ai réfléchi, je ne voulais pas sauter à la baille, je n'avais pas envie d'ajouter un drame à la mésaventure... Vous auriez fait quoi, vous? Tout malin que vous êtes.
Je suis descendu en quatrième jusque chez le loueur de kayaks en dessous où on m'a d'abord conseillé d'appeler les pompiers... J'ai obéi, j'aurais mieux fait de m'abstenir. Ils m'ont ri au nez et j'ai bien compris. Ils n'avaient pas tort. Leur truc c'était les blessés, les feux, les drames pas les vélos dans le canal. Puis un type m'a prêté un râteau en me disant qu'il s'appelait "reviens"... Je me suis dit qu'ils étaient bizarre dans ce bled, donner des noms aux râteaux, je n'avais encore jamais vu ça... Je suis remonté sur le viaduc...
__ Dis moi mais tu ne nous avais pas appâté dans le titre avec un hymne aux hollandais? Ils sont où dans cette histoire tes bataves?
__ Patience, j'y arrive: c'est précisément à cet instant là que j'ai béni les hollandais et leur amour de l'eau. Une fois arrivé au bord de cet aqueduc de malheur, j'ai vu deux grandes blondes plantureuses (des hollandaises je vous dis...) qui rigolaient comme deux foldingues dans le plein milieu du viaduc à trente mètres de haut dans une eau... étrange. Je leur ai baragouiné: Vous n'avez pas senti un vélo sous vos pieds... Au début, elles m'ont pris pour un dingue et puis elles ont compris. J'ai fini par poser le pied sur mon biclou dans le premier virage à peu près à une cinquantaine de mètres d'où il avait plongé. On l'a remonté, les costaudes et moi, il était farci d'algues vertes... On s'est congratulé, elles et moi. Je suis allé rendre "Reviens" à son proprio. Pour le reste, je suis remonté sur le vélo, j'ai suivi le canal et j'ai replongé à trois kilomètres en aval, Tout arrivait là, à la queue leu leu, gentiment poussé par le courant... Il n'y a que mon portable qui n'a pas bien aimé la baignade... En rentrant, je l'ai débarrassé des algues, il était comme neuf. Pas le portable, le vélo...
C'te foutu engin qui faisait du plongeon, c'était un Riverside... Bizarre ce bled... A-t-on idée de donner un nom pareil à un biclou?
Ça, c'est pour ceux qui pensent que ce que je raconte n'est que fiction...
14 commentaires:
Attends attends, les lieux je les connais, l'itinéraire à vélo comme ma poche (bon bon, pas le raidillon jusqu'au col au-dessus de Lagnes !), ce viaduc j'y ai pris quelques photos... mais tu veux dire que les deux zozottes elles se baignaient dans l'eau du viaduc là-haut ? Et du coup t'as sauté avec elles et c'est avec vos pieds que vous avez cherché le vélo, jusqu'à le sentir 50 mètres plus loin, au premier virage à angle droit juste après le viaduc? C'est ahurissant comme histoire. C'est vrai qu'il n'est pas très profond ce canal, j'ai vu cet hiver lorsqu'il a été vidé quelques semaines pour être curé.
Trois kilomètres pour tes autres objets flottants ? C'est vrai que le courant est visible mais c'est impressionnant.
La prochaine fois tu fais comme moi, tu laisse ton vélo avant le viaduc et tu vas à pied faire tes photos !
@Nathalie Maintenant je sais qu'on peut s'y baigner et se laisser porter par le courant pour traverser le viaduc à trente mètres de haut et que c'est assez rigolo... J'ai tout récupéré bien après le golf de Saumane pour ceux qui connaissent. Oui, mais si tu laisses ton biclou sur une rive, tu ne peux pas faire une boucle...
PS: Elles avaient de l'eau jusqu'à la taille et moi jusqu'à la poitrine...
quand les poules auront des dents, les vélos sauront nager !
toujours un plaisir de suivre vos balades !
J'ai mis du temps à visualiser l'affaire, vu que comme une idiote j'avais pensé que le vélo était tombé dans la Sorgue ! Heureusement, le commentaire de Nathalie m'a remis sur les rails.
Il a raison celui qui dit que vous avez eu de la chance. Un peu comme moi qui, ayant perdu ma montre dans un bois, et ne m'en étant rendu compte que le soir une fois rentrée à la maison, y suis retournée le surlendemain pour refaire l'itinéraire de l'avant veille et, au saut d'un fossé, l'a retrouvée là où elle était tombée de mon poignet, le bracelet ayant trouvé cet endroit idéal pour lâcher la rampe !
Effectivement ça sent le vécu... Il vous en arrive des trucs dites moi ! A la première lecture, j'ai eu un peu de mal à visualiser tout ça, parce que c'est pas simple du tout ces histoires de courant ...de râteau, d'Hollandaises plantureuses!..à côté de ça je veux bien vous croire pour le vélo, mais on aurait bien aimé avoir une photo ..... Des Hollandaises !!!
@Véronique: cette photo la, je me la garde!!!
@tilia: une jolie chance qui m'a pris quatre heures et m'a donne matière a raconter!!!
@laiterie:merci!je me donne du mal, vous savez!!!
@laiterie?n'importe quoi i pod!!! L'autre je! Pas laiterie!!!
J'ai bien aimé cette histoire. Quand c'est écrit avec talent, ça ne gâche rien.
Merci pour la ballade,
Roger
@Roger Merci à vous... Pour une fois ce n'était pas une fiction... A croire que parfois, les choses vous arrivent pour le seul plaisir de les raconter.
Pour le plaisir de raconter, je prendrais bien des détails sur les hollandaises qui en avaient jusqu'à la taille et toi jusqu'à la poitrine. A mon avis il y a d'autres histoires qui dorment par là...
@Nathalie: Comme on le sait, TOUTES les hollandaises sont immenses et... moi pas trop!
Enregistrer un commentaire