14 juin 2012

La petite liste.

Je suis sorti ce matin avec une petite liste de courses ou une liste de petites courses . Comme il ne me manquait presque rien, j'ai juste noté:

Un petit stylo en acier pour écrire d’inoxydables mots d’amour avec.
Un bouquet de fleurs des champs pour une histoire sans vase.

Des bols de riz cru pour avoir la chance d'éviter les dures à cuire .
Huit ou neuf enthousiasmes, que le cœur, dissous, s'emballe.
Une topette de blanc pour la soif.
Une trinquette, une balancine et un pataras parce qu'à les prononcer on est déjà loin de l'enrade.
Un fromage à pâte molle contre les coups durs.
Une verte salade pour la couleur. 


Un sachet de mercis, pour les rendre, un peu.


Un parapluie, pour les jours de pluie, un paratonnerre pour les jours d'orage, un parachute pour les jours de vacarme.

Une poire pour la soif, une pomme pour croquer, une cerise pour... le gâteau.

Une palette de désir pour n'être jamais pris de court.


Un sac entier de "bonsoir mon amour tu as passé une bonne journée?" pour y répondre, le soir, en rentrant.

Un avenir tout léger contre un passé trop lourd.
Une relique de Saint Tol contre toutes les souffrances.
Des sachets de dix doux mots d'amour en kit à dire les jours de gros crachin.

Un trente huit juillet et un quarante Aout pour prolonger l'été de trois semaines.
Une ou deux poignées d'éclats de rire à jeter dans l'air pour meubler le silence tonitruant d'une maison vide.
Un cœur en guenilles pour lui tailler un costume et l'habiller pour l'hiver.
Un sourire tous temps pour les jours sans.
Une crique sous-le-vent, comme le creux d'une main, pour un mouillage paisible.
Une boite de mouchoirs sèche-larmes pour les jours sang.
Une indignation ou une colère pour ne pas perdre la voix.


Un collier de douceur pour entourer sa nuque avec.
Une autre solitude pour qu'elles le soient un peu moins.

Un sac d'encore pour en avoir toujours sous la main.
Une poignée de main, juste pour la serrer.
Un verre à côté d'un autre pour qu'ils trinquent ensemble.
Dix centimètres carrés de ta peau pour pouvoir y déposer quelques uns de mes baisers.

Une boite de crayons de douleurs contre la voix blanche.

Un oui vigoureux et fleuri plié en trois dans un sachet de pétales de roses séchés. 
(En cas de demande en mariage inopinée).
Une peine légère, qu'on la remise avec délicatesse.

Une caresse dans les cheveux pour en dompter les épis.
Deux pincées de sel de Guérande pour se les jeter par le dessus des épaules.
Une paire de mains baladeuses pour égayer de possibles promenades à deux.
Un kilogramme de sable blanc pour avoir toujours sa plage sur soi. (Cinq cent grammes dans chaque poche...).
Un livre à écrire pour dire de quoi l'avenir était fait.
Un chagrin latent pour que le bonheur ne soit pas trop envahissant.
Des lambeaux de ton amour, même soldés, même bradés, même au rebut.
Un paysage ouvert, large, généreux et habité pour l'humide des cils et le repos des yeux.
Un sachet de bienveillance en poudre pour les jours de Grand doute.
Une source, une fontaine, une eau qui s'écoule pour nettoyer les oreilles des terribles clameurs du monde.

Tout ce qui n’est pas encore sur cette liste et qui pourrait apaiser les vingt prochaines minutes... ou mieux, les vingt prochaines années... Heu, les deux siècles à venir?


Ah, j’oubliais : Un soupir de rechange pour... après le dernier...

24 commentaires:

odile b. a dit…

Eh ben voilà, Chriscot...
Incroyable, les coïncidences !!
Je viens de mettre un comm à votre précédent billet, avant de lire celui-ci... Vous y trouverez tout ce qu'il faut comme support pour vos listes à rallonge !!!
C'est à me faire regretter de l'avoir écrit sous votre mot précédentr : il aurait eu sa place ici !!!!
Je relis votre note d'aujourd'hui plus en détail...
Bonne journée !

odile b. a dit…

Je relis et me ré-ga-le !
Impromptue ou non, cette note mérite d'aller chez Swann !
Bravo ! Superbe ! ENCORE !!!

odile b. a dit…

PS
Pardon : c'est pas n'importe quel papier qu'il vous faut pour ces notes-là... c'est un carnet à feuilles de vélin ou parchemin avec couverture molesquine, fermoir et plume or.
J'ADORE !!!

Tilia a dit…

Un fromage à pâte molle contre les coups durs.
ça, c'est de la politique :D

Une palette de désir pour ne pas être pris de court.
In-dis-pen-sable !

Un trente huit juillet et un quarante Aout pour prolonger l'été de trois semaines....
à condition qu'il y eut un été :-/

Une indignation ou une colère pour ne pas perdre la voix.
toujours utile.

Deux pincées de sel de Guérande pour se les jeter par le dessus des épaules.
...ou à jeter dans le feu pour éloigner l'orage (et continuer à bloguer tranquillement !)

Un soupir de rechange pour... après le dernier
de première importance !
Bravo pour y avoir pensé :)

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

La poésie coule dans tes veines, ma belle mais avant de partir,je t'en pie, assoies toi sur cette belle chaise jaune et reprends ton souffle. Dis, tues de famille avec un certain,...Jacques Prévert?

Un tel travail vaut au moins une bise.

Je t'embrasse bien amicalement.

Roger

Brigitte a dit…

Je rajouterai juste un soupçon d'éclats de rire pour la joie
Merci de cette réca, j'y adhère totalement !!!
Amicalement

chri a dit…

@ Odile Merci à vous! Vous êtes extra!
@ Tilia: Merci...
@ Roger Je suis touché, venant de vous!
@ Brigitte Ca me ravit!

M a dit…

Merveilleuse idée d'ajouter une infinité de petits riens, histoire de rendre le panier ... plus léger ! Merci du cadeau pour débuter cette belle journée !

Anonyme a dit…

souperbe !
Marie.

Anonyme a dit…

Ps : et je suis bien d'accord, ça m'aurait bien convenu pour swans -)

chri a dit…

@ M A vous le merci!
@ Marie Content, donc!

chri a dit…

@ Marie Je me colle à une deuxième!

Slevtar a dit…

Si l'art de la cuisine est d'abord de savoir faire ses courses, avec un tel cabas le tien est au sommet.

odile b. a dit…

Discret, vous n'avez pas tiré la sonnette pour nous conduire "Au fil de l'eau", du côté de chez Swann... Mon p'tit doigt m'avait bien dit... et je vous y ai retrouvé, au "Partage des Eaux"...
Pur bonheur, cette page, on s'y laisse glisser. C'est frais, poétique, coulant, et nourri de tellement d'amour et de vénération pour cette déesse aux cheveux verts.
Il y a du Giono, là-dedans, sans aucun doute, mais avec une plume bien à vous !
En vous souhaitant plus de soleil qu'ici pour les couleurs et quelques degrés de plus pour vous y saucer ou lézarder sur le sable, les yeux mi-clos à boire à ce vert...

chri a dit…

@ Odile Je suis content que vous y soyez venue faire un tour... Vous verriez, le soir quand le monde est parti, on peut y ouvrir une bouteille de blanc frais, sortir un verre et entre deux bains... Jusqu'au couchant...

odile b; a dit…

Boire à ce vert (t) me suffirait !... :-)
J'apporterai un melon bien mûr et de la menthe. Ici, c'est menthe à l'eau et, de ce côté-là, en ce moment, on est servi : ça tombe "à verse"... :((
Mais la bouteille au frais dans le courant, ça doit être bien appréciable avec la chaleur !

chri a dit…

@ Odile Alors qu'ici on est douché de soleil...

Catherine L a dit…

Bravo Chri ! M'en voudrez-vous si je vous dit qu'à défaut de connaître votre voix, j'ai fait la lecture de votre liste avec la voix de Leprest ? C'était... Vos mots dits par Leprest ! J'ai aimé !

*Terre indienne* a dit…

Une liste qui fait tour à tour sourire, réfléchir, méditer un temps avant de poursuivre. Quelle belle capacité à la poésie, en toutes circonstances!
Quand à moi, en référence au vingt troisiéme article de votre liste, après une colère exprimée, j'ai perdu ma voix.

chri a dit…

@ Terre indienne J'espère qu'elle en valait le coup...
Merci à vous ici, aussi.

chri a dit…

@ Catherine L: Mais par quel miracle? Comment avez vous fait ça?

Catherine L a dit…

Chri, je ne sais pas ! Lorsque je reçois une lettre de quelqu'un dont je connais la voix, je la lis dans ma tête avec sa voix. Lorsque je lis un livre, selon qu'il s'agit d'un personnage masculin ou féminin, la voix que j'imagine y est ajustée. En lisant votre liste, c'est la voix de Leprest qui s'est imposée très vite ! Je ne fais pas exprès, je fonctionne comme ça ! Je suis bien sûr incapable d'imiter oralement toutes ces voix, je les imagine juste pour lire. J'ai toujours fait ça ! Si la voix de Leprest s'est imposée pour la liste, c'est que sûrement, il y avait des mots qu'il aurait pu écrire ! Je ne m'explique pas toujours par un raisonnement mes associations de mots et de voix imaginaires... D'ailleurs je n'y fais pas attention ! Mais là, en lisant votre liste, je me suis juste rendue compte à un moment que c'était la voix de Leprest que j'empruntais. Et c'était bien !

chri a dit…

@ Catherine L: Ca alors! C'est une capacité formidable, je trouve et dans ce cas, elle est flatteuse pour moi... La voix de Leprest est un continent!

Anonyme a dit…

Alors ça c'est pas banal...
Je vous invite à (re)écouter l'émission sur France Inter ce midi "LA PROCHAINE FOIS JE VOUS LE CHANTERAI par Philippe Meyer" où il est question d'Allain Leprest
http://www.franceinter.fr/emission-la-prochaine-fois-je-vous-le-chanterai-la-comedie-francaise-bernard-dimey-et-allain-lepre-0
et puis si vous allez jusqu'à la fin vous mettrez dans votre agenda un RDV samedi prochain à la même heure

J'ai immédiatement pensé à vous en écoutant dans ma voiture et en arrivant à la maison je lis-lie ça ici ...

Bien à vous Chriscot,

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