13 novembre 2012

NOV.



Pour finir, il s’était dit : Je pars.

Alors, il était parti. Non sans mal, il était plutôt du genre de ceux qui restent. 
Et, si tout ne s’était pas résolu dans une totale simplicité, il n’y a que dans les films que le héros  claque la porte et change de vie comme on tire une chasse d’eau, c’était allé relativement vite. Il lui avait fallu mettre sa baraque en vente, expliquer à quelques uns ce qui se tramait, mais sans se préoccuper de savoir si il allait être compris, trouver un boulot là où il envisageait d’atterrir, y acheter une maison, appeler Stan pour sa camionnette et ses biceps, donner un dernier tour de clé, faire le trajet d’une seule traite et se dire, enfin, qu’il y était. Avec tout ça, le mois de juin s’épuisait en soirées aussi lumineuses qu’interminables…
Les toutes premières semaines, il les avait passées à cheval sur un nuage rose tendre entouré des volutes volages d’un bolduc bleu pâle. Il vivait sous ce qu’il pensait être une perfusion de bien être. Il n’était pas d’un naturel méfiant. Il était même plutôt naïf. Pour bien assurer le coup, il avait pris le parti de ne jamais rester inactif et se jetait sur le moindre balai dès que se pointait l’esquisse de l’ébauche d’une idée un tant soit peu grisouillante… Ainsi, c’est en couleurs qu’il avait abordé l’été. Les gens du coin avaient fini par le reconnaître au sourire d’imbécile heureux accroché à son visage et au parfum de tranquillité qu’il laissait dans son sillage. Ils le saluaient d’un geste quand il passait à l’aube, trimballant sa grimace forcée dans tous les coins. Une fois passé, ils se disaient entre eux :
___ Té le ravi… Ça le quittera, va t’inquiète ça le quittera… en Octobre, il l’aura épuisé son sourire… Venu Novembre, il va se le crisper son sourire…
Quand il en croisait un avec qui il échangeait quelques grognements, il entendait souvent :
___ Alors, toujours occupé ? Toujours aussi bien par chez nous ? 

Chez Nous? Mais merde, il était chez lui, maintenant, non ? Il se demandait parfois comment il avait atterri par ici. Il lui semblait pourtant qu’il avait  toujours vécu là, où mieux qu’il aurait du toujours y vivre… Qu’il avait été appelé. Il commençait à oublier.
Cet endroit, il avait laissé le hasard choisir pour lui en pointant son doigt sur une carte des rivières. C’était en décembre d’avant, au plein cœur d’une vilaine insomnie. Pour s’endormir, il avait jeté :
___ Plus rien à faire là, je pars. 
Alors, au réveil, pâteux, il avait cherché un pays où il y ait de l’eau, peut-être, simplement, parce que comme le sang des hommes, elle est la même partout. Et puis où il y a de l’eau, il y a des vallées et il sentait qu’il ne pourrait plus vivre dans un pays plat. Un temps, il avait songé à vivre dans une péniche pour pouvoir se tirer encore plus vite. Pour n’avoir qu’à détacher un ou deux boutes et puis cette idée l’avait quitté. Il lui fallait du dur, de la pente, une colline, que son regard s’emporte et qu’il se sente adossé, protégé par un flanc. Que les emmerdes ne puissent plus venir que d’un seul endroit. Il voulait savoir d’où débarqueraient ses ennemis. Bref, sil n’était pas encore tout a fait certain de savoir ce qu’il souhaitait le plus, il avait quelques idées pour la suite éventuelle. Il savait en tout cas ce qu’il voulait quitter. La ville, la ville furoncle et ses chancres banlieues, la ville quelle qu’elle soit et tout ce qui va avec : son vacarme étourdissant, son indifférence hystérique et l’absence d’humanité de ses indigènes.
 Il voulait laisser dans son dos ce monde contagieux d’abrutis totaux qui galopaient en tous sens, espérant fuir la seule chose à laquelle ils n’échapperaient jamais… eux-mêmes.
Lui, il avait renoncé à courir, il avait jeté l’éponge rougie par ses sangs rongés, il s’était assis sur ses valises, il avait quitté le peloton, vidé ses étagères et débarrassé le plancher.
En acceptant, enfin, d’affronter son ennemi fidèle, il avait abandonné ce monde de chiffonniers rances qui maniaient l’invective pour un rien dans les super marchés, ceux qui s’arrachaient les yeux pour les six mètres carrés d’une place de parking, se marchaient dessus pour un rang dans une file d’attente, grenouillaient pour une reconnaissance éblouie, s’échinaient pour un article dans le journal, ou s’ulcéraient l’estomac en attendant que baisse le prix de l’essence… Il n’était pas loin le temps où les quartiers s’organiseraient en milices armées pour protéger des traces de pas le vert miteux d’un gazon galeux, défendre comme un Saint Graal trois pots de fleurs anémiées, regarder de travers puis courser en hurlant les mines étranges, aboyer sur les enfances jouant dans les cours, quand ils ne leur tiraient pas dessus à coups d’insultes, voire de fusils à pompes…D’ailleurs, ici ou là, on avait commencé à dresser des chiens, piéger les maisons et partout, fleurissaient les képis de polices municipales qui invoquaient à tout bout de champ le respect avec un mépris sans vergogne.
 À mesure qu’on avançait, il avait le sentiment de plus en plus prenant que le monde des villes galopait à reculons. Il n’y avait jamais eu en vente autant d’engins permettant aux gens de se parler, on allait bientôt leur greffer un téléphone dans chaque oreille et c’est le silence qui devenait tonitruant. La plupart des conversations se rétrécissait comme de la peau de chagrin et les slogans se prenaient pour des idées. On n’avait jamais autant manié l’injure, l’invective ou le cri. Quand on avait gratifié quelqu’un de génial ou d’enculé tout était dit. Et si, certains, de plus en plus nombreux, le méritaient bien, pour le deuxième, ils n’étaient quand même pas tous pratiquants.
À dire vrai, tout le monde parlait de tout et personne n’écoutait personne...
S’il n’y avait jamais trop cru, il désespérait inexorablement de ses congénères et même s’il trouvait cela injuste, il était temps pour lui d’aller voir ailleurs en espérant seulement qu’ILS n’y soient pas déjà. Sans illusion mais sans faiblesse… Loin de s’estomper, la barbarie gagnait chaque jour du  terrain. Face à la tempête, les marins le savent bien, il n’y a que deux solutions : mettre à la cape ou bien foutre le camp. Il ne se sentait pas l’âme d’un croisé, il avait choisi le sien. Il fallait songer à sauver sa peau, éviter la contagion, se mettre en quarantaine d’imbécillité, trouver un abri, se rayer des listes, sortir des couloirs, abandonner la course… Alors, comme on lisait un peu partout que les campagnes se vidaient, il s’est dit que s’il y avait un endroit, un seul où l’on puisse trouver une chance de survivre, c’était bien celles là qu’il fallait remplir.
Et puis surtout, surtout, ELLE l’avait quitté.

Aussi, bien plus qu’avec ses quelques meubles, des caisses de livres et ses appareils photos, c’est avec les pouces levés qu’il avait débarqué dans le pays.
Les premiers mois, les plus longues conversations c’est avec sa brouette qu’il les a eues. Il lui parlait en charriant les gravats qu’il débarrassait de l’intérieur de la baraque à laquelle il s’était attelé à redonner un coup de fouet.
Elle était posée au beau milieu d’une colline, à l’abri des pattes feuillues d’un tilleul généreux. Il n’avait pas mis bien longtemps à pointer le doigt sur elle. Comme il n’avait pas trop mal revendu l’autre, il s’était offert les hectares de cailloux, de lavandes et d’oliviers qui allaient autour. La pente menait droit sur une rivière inconsolable, large comme un galop d’âne et ce paradis là commençait d’un pont de pierre. Tout ce qu’il avait désiré à l’endroit où il l’avait désiré, dessiné par un architecte de génie.
 Le premier village était à quelques tours de pédaliers et un peu plus loin, une ville bourrée d’étudiants qui ne viendraient jamais vivre par ici, leur seule ambition, pour l’instant étant de se nouer des cravates autour du cou pour rejoindre en hurlant la horde des excités que lui avait fui.
Avant son premier hiver, il avait entrepris de descendre ici ou là quelques cloisons, d’arracher les linos à fleurs mauves des carrelages anciens, de virer les moquettes sales collées aux parquets de chêne, des redonner vie aux pierres des murs épais enfouies sous des crépis hasardeux.
Il avait manié pioche, la masse, la massette et le burin avec ardeur et à chaque coup qu’il portait, c’était un pan des deux dernières années de son ancienne vie qui tombait. C’est avec un bonheur sans nom qu’il virait toutes les vieilles peaux de cette maison, dans la cour avant de fourguer le tout à la décharge.
Il y mettait tant de vaillance qu’il s’arrêtait assez souvent pour s’éponger le front, il en profitait pour bien mesurer l’étendue des dégâts...Ce faisant, il accordait un répit mérité à ses mains meurtries. Très vite, celles-ci s’étaient couvertes d’ampoules, il avait même été jusqu’à enfiler deux paires de gants de maçons sur ses pansements rougissants, il ne lui manquait que les épines de la couronne… Il fallait le voir, le soir attraper les queues des casseroles avec les coudes.
Heureusement, pendant toute cette période, son dos qui, avant, n’hésitait pas à l‘abandonner pour une quinte de toux, était resté un compagnon fidèle. Comme il n’était pas doué pour les travaux d’Hercule, il avait perdu pas mal de temps à tout réinventer. A la fois pour se faciliter la tâche et par goût, il avait choisi d’aller au plus simple, une seule et vaste pièce aux murs de pierres dénudées, habillées d’elles-mêmes, il avait rendu vie à la vie et débarrassé le tout de ce qui n’avait rien à voir avec l’ancien.
Il avait fait comme pour lui.
Sur le devant de la bâtisse, entre le tilleul et l’endroit où l’on voyait le mieux le soleil se coucher, il avait posé des pierres larges et plates comme des toits de dolmen. Il les avait arrachées au flanc de la colline, là où elles affleuraient presque, puis descendues une à une, posées sur la brouette chancelante, accrochées à lui par une corde lui rongeant les épaules…tout ce mal pour tant de bien…ils les avait taillées au bistouri pour qu’elles s’accordent entre elles sans qu’on s’y prenne la peau. Au taillage de précision, il s’y mettait le soir, juste avant que la nuit débarque et c’était déjà du repos. Certains soirs, il tombait endormi comme sa masse, auprès d’une dalle à peine scellée et c’était le frais de la nuit qui le réveillait et le poussait à rentrer.
Autant dire que tout ce temps il ne lui en est pas trop resté pour penser, et ça, c’était plutôt bien. Il n’a vraiment commencé à respirer qu’en balançant dans l’appentis la dernière bûche coupée en prévision de l’hiver. Celui là pouvait se pointer… Comme il reprenait son vrai boulot dans une semaine, il s’est offert quelques jours d’entier repos.
Malgré l’ampleur de la tâche, il avait pas mal avancé, il ne lui restait plus que les petites bricoles, la dentelle des maçons… Il reconnaissait volontiers qu’il avait été bien épaulé par toutes ses connaissances qui avaient cru en venant le voir se payer du bon temps dans la région… Elles s’étaient bien fait avoir. La bagnole à peine rangée sous le tilleul, la dernière gorgée, pour se remettre du voyage avalée, elles se retrouvaient un outil dans chaque main à danser au folklore de l’endroit… Gratter, taper, porter, raboter, peindre, enduire, arracher, clouer, visser et… dormir. Aussi, les séjours prévus pour durer huit jours s’étaient à chaque fois raccourcis de moitié, une mauvaise nouvelle qui oblige à partir, tu comprends, on ne peut pas faire autrement, on serait bien resté, mais on reviendra promis quand tout sera fini, non, non, je t’assure on s’est régalé, et puis l’endroit est tellement formidable… C'est si beau.
On va t’en laisser un peu tout de même… sinon, tu vas t’ennuyer… Si fait, cela avait permis que le plus gros avance du moins pour ce qui était de l’extérieur. Il lui resterait l’automne pour s’attaquer aux finitions.
Il a débarqué un matin d’Octobre, juste après que les hirondelles aient remballé leurs banderoles de fin de saison, se soient assises sur leurs valises pour les fermer et aient disparu sans qu’on ait eu le temps de faire ouf. Un peu trop vite à son goût.
Elles avaient à peine épousseté leurs boussoles qu’un vent polaire s’est mis à souffler quatre jours et quatre nuits durant. Il en a profité pour vérifier la pose des fenêtres et leur résistance au glacial.
À part un ou deux joints qui laissaient à désirer, le reste tenait le coup. S’il devait mourir, ce ne serait pas de froid.
À cette période agitée, il y a perdu trois ou quatre bonnets qu’on retrouverait sans doute au printemps, a succédé une dizaine de jours de grand beau. Il se levait le matin, à l’aube, des graines lumineuses d’étoiles dans le coin des yeux. La plupart des oiseaux qui avait fermé leurs becs les jours précédents s’étaient remis à piailler à qui mieux mieux. De la vallée commençaient à monter les odeurs des premiers feux de cheminée qu’on avait rallumé en catastrophe et l’on sentait bien que le pays tout entier se préparait à l’hiver. Les gens qu’il croisait au village avaient doublé les épaisseurs de vêtements et s’étaient mis à marcher plus vite, comme si le temps n’était plus à perdre. La tournée des comptoirs, elle, rétrécissait comme les jours.
Quelques temps après, un chien qu’il ne connaissait pas, l’avait suivi depuis le village jusqu’à chez lui. Il avait mis une dizaine de jours à pouvoir s’en approcher, puis une autre dizaine à le faire entrer dans la maison. Il n’avait eu besoin que d’une nuit pour le faire se coucher devant la cheminée. Pas téméraire, mais pas fou. Un endroit qui allait devenir le sien.
 Comme on était en Novembre, il l’a appelé NOV et a trouvé que c’était un beau nom pour un chien. Ils s’étaient très vite entendus comme le vent et les blés tous les deux.
Depuis toujours il les aimait mais n’avait jamais voulu appartenir à l’un d’eux, justement parce qu’il les aimait. Comme NOV était un étrange mélange de tous, ils sont vite devenus inséparables.
Quand il lui arrivait de descendre en ville, NOV s’en allait de son côté prendre des nouvelles d’une ancienne conquête, arroser toutes les gouttières, sentir quelques culs, enfin mener sa vie de chien et ils se retrouvaient le soir venu, l’autre couché sous la bagnole.
Là, c’était à se demander lequel avait eu le plus peur de ne pas revoir l’autre. C’était fête avant les fêtes. Impossible de se soustraire au rituel. Caresser, être léchouillé. Puis ils remontaient chez eux, NOV en copilote, assis brinqueballant sur le siège avant. Durant ces premiers mois, il avait reçu un courrier de Ministre des Postes. Ceux qui étaient restés au front s’inquiétaient gentiment de sa solitude, de son isolement. Tout juste s’ils ne lui envoyaient pas en recommandé des rations de survie lyophilisées. Le facteur qui n’avait plus emprunté son chemin depuis des années lui montait son paquet de lettres jusqu’à la maison. Très vite, elle monta même s’il n’y avait pas de lettres…
Au début, c’était juste pour s’en dire… Elle avait la trentaine musclée, des cheveux bouclés couleurs d’automne, qui refusaient mordicus de se ranger sous sa casquette d’uniforme, des yeux d’un vert à s’y noyer, des chevilles d’une finesse à se rompre, un sourire d’avril et une santé de marathonienne. Le vélo sans doute. Quand il y en avait, elle déposait les lettres dans les boites comme on offre une paire de jambes à un paralytique, elle était attendue partout comme une bonne nouvelle et par lui comme un Don du Ciel. Elle a fini par chambouler l’ordre de sa tournée pour finir par chez lui. Comme il travaillait souvent en fin d’après midi, ils avaient toujours une heure ou deux devant eux pour voir venir. Elle avait émis quelques fois le souhait de venir s’installer chez lui, mais le regard qu’il lui avait lancé quand elle en parlait l’avait découragée.
Ces deux là finissaient toujours leurs séances par un goûter qui ravissait NOV. Ils avaient mis un moment à comprendre que ce qui plaisait le plus à NOV, c’est qu’elle s’asseyait encore nue, les cheveux cascadant, le dos offert au feu crépitant, en mangeant une tartine de confiture large comme une raquette à neige… Il y en avait un morceau pour lui.
Après l’avoir engloutie, le Malin faisait semblant de dormir et de temps à autre, après avoir levé un œil, il lassait retomber sa paupière en lâchant un soupir à réveiller une forge assoupie. Discret quand elle débarquait, NOV profitait de l’ouverture de la porte pour s’en aller tacher de jaune le blanc de la neige, se dégourdir les pattes en coursant un chat malade ou lever un merle à moitié gelé, mais il réclamait de rentrer dès qu’il sentait qu’à l’intérieur les choses s’assagissaient, et il se boulait près du feu, la truffe enfouie, l’œil en alerte rouge. La théière vide, la factrice se rhabillait, puis les deux se quittaient sans se dire à demain. Jusqu’au jour où elle a été mutée. Le goûter a été supprimé et, des deux, c’est NOV qui a le plus souffert.
Si ce premier hiver, s’est à peu de choses près, passé comme il l’avait rêvé, n’allez pas croire qu’il ne fut que coussins soyeux de loukoums rosis. Il a traversé plus d’une soirée à se faire suer comme un coureur d’extrême grand fond. Il en a profité pour écrire, lire et dormir. Ces dernières années il avait pris du retard dans ces domaines. Avant de venir s’échouer par ici, il en avait usé des nuits, le regard d’un Saint Pierre embrumé, pas même fichu de venir à bout du premier chapitre d’un roman-photo, alors il s’est attelé à surtout rattraper.
C’est avec soulagement et dans une forme éblouissante qu’il a vu s’évanouir les dernières flaques de neige, les premiers crocus s’arracher du sol, les arbres endosser du vert tendre et débarquer les premières vagues d’escadrilles d’hirondelles. Il était comme la terre prêt à tout, c'est-à-dire enfin accessible à … des malheurs nouveaux.
Vers la mi-Avril, a soufflé du Sud un vent chaud qui charriait dans ses bras des odeurs d’outre mer et le ciel s’est offert des couleurs impensées. Il est redevenu possible de s’allonger le soir sur la terrasse et d’y perdre son regard dans les nuits naissantes. S’adressant aux mauves assombris qu’il avait sous les yeux :
Enfin, je suis en paix, soulagé. Etre heureux ça ressemble à ça ? Le vrai bonheur ne serait donc qu’un soulagement ? 
Puis après un long silence :
Ayant payé, je ne dois plus rien, c’est le prix des choses ? 
Mais, au fond du fond,  je... m’emmerde… Si vous saviez.

Ah ! Ah ! Quand on obtient ce qu’on désire, on n’est pas forcément vainqueur…
Au dessus de lui, en amassant des divisions de nuages noirs, le Ciel :
CELUI LA, JE LE SENS PRÊT, VA PAS FALLOIR TARDER A ME LE RENDRE AMOUREUX…
Là bas, assis sur le muret, surveillant la vallée, NOV balayait l’air tiède d’une queue énervée…
Une idée de goûter, sans doute...




11 commentaires:

M a dit…

S'il vous plait Monsieur, un petit recadrage de texte serait le bienvenu pour goûter vraiment cette année bien remplie (la partie droite est légèrement grignotée) !
Entre autres et pour en laisser à chacun, j'adore l'idée de s'entendre comme le vent et les blés, vraiment l'image est d'une simplicité magnifique !

Tilia a dit…

Quel souffle ! j'en suis toute ébouriffée !
Va falloir qu'il fasse fort, le ciel, pour rendre amoureux un type qui laisse filer sans une larme une femme aux yeux d'un vert à s'y noyer...

Anonyme a dit…

Décidément j'aime bien cette nouvelle! Je sais que c'est une fiction, c'est Nov qui me l'a dit.




Carré Rouge

chri a dit…

@ M Texte recadré!

@ Tilia: Merci Parfois il peut pleurer à l'intérieur!

@ Carré Rouge Merci à vous: N'écoutez pas Nov, il parle trop.

chri a dit…

PS Si je ne la remontre pas en début Novembre quand vais-je le faire!

Anonyme a dit…

Ah oui,mais ce n'était pas un reproche! J'aime sincérement cette nouvelle et je suis contente d'avoir eu l'occasion de la relire. Elle me rappelle des années de presque jeunesse encore où le coeur pouvait s'emballer .
C'est Filo qui m'a raconté ce que Nov lui avait confié.le flair...


CR

chri a dit…

@ CR Je suis bien certain que le coeur peut s'emballer à tout âge ne serait-ce que pour devenir un joli cadeau!

Brigitte a dit…

Le coeur peut s'emballer n'importe quand ... évidemment !!!

chri a dit…

@ Brigitte Et pour pas cher... Cent balles c'est rien!

odile b. a dit…

Bouleversifiant, Chri !

La rage comme le dépit donnent, on le sait, des forces décuplées jusqu'à l'épuisement qui soulage. Faire sien un endroit, démolir, créer, reconstruire avec autant de pugnacité est un bon exutoire...
Etre prêt à tout, s'isoler, au risque de... "s'emmerder", plutôt que de s'exposer à... "de nouveaux malheurs". Devenir riche de cet esprit de détachement si durement acquis., ancré dans une solitude propice à cette sensibilité contemplative.
Qu'est-ce qu'être "vainqueur" ? Gagner contre l'autre ou gagner sur soi-même en paix et avancer en sérénité ? Big question ? C'est facile de croire qu'obtenir tout et exactement ce qu'on désire conduise au bonheur... (d'ailleurs, le sait-on vraiment, ce que l'on désire ?...)
La chanson dit... : "à défaut d'avoir c'que l'on aime, faut aimer c'que l'on a"...
Visiblement, novembre fait remonter des chose en surface...
NOV, quant à lui, est le type même du bon compagnon complice et silencieux... Comme dit l'autre : "plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien !"... et de préciser a: "quand je dis 'les hommes j'embrasse les femmes..." :)
Comme lui, rêver de tartines de confiture en surveillant la vallée... ;-)
L'histoire ne dit pas, si, finalement, depuis le passage éclair de fantômette, hébergée dans la chambre d'Amy, la grande baie vitrée donnant sur la vallée a été creusée dans le mur de la grange, pour profiter du paysage en même temps que pour les voir mieux arriver, venir ou revenir... fantômette, la nouvelle factrice, ou Elle... ou encore la marathonienne matricule 11 246, enfin touchée par la petite annonce passée dans le journal... L'histoire ne dit pas, non plus, si les chaussures de course sont restées au placard...
Comme Tilia, je doute que Le Ciel soit capable se décider seul de "rendre" quelqu'un amoureux... :(
Comme M, je déguste la mise en ambiance... "les banderoles de fin de saison... ou les premières vagues d’escadrilles d’hirondelles... les mauves assombris à l'horizon... les épousailles du vent et du blé... les graines lumineuses d’étoiles dans le coin des yeux, à l'aube"... et tant d'autres images qui donnent le grand frisson.
Une belle grande page touchante d'humanité, d'énergie déchaînée mêlée de finesse poétique.
On vous l'a déjà dit : il y a du Giono là-dedans !...

PS
Profitez bien de la couleur des vignes. Ici, le muscadet est uniformément jaune. Ça et là seulement, quelques traces de rouge, en dehors des "maisons feuilles" (appellation Vincent, 6 ans) couvertes de vigne vierge, transformées en dragons qui crachent du feu.

chri a dit…

@ Odile: Merci pour tout, Odile...
Merci aussi à Vincent pour: ces maisons feuilles...

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