05 juin 2015

Charleville, mais hier.

Pour Les impromptus littéraires de la semaine. La consigne était comme un comptoir des cotonniers. Il fallait débuter le texte par un vers improbable de Cocteau: Soleil, je t'adore comme les sauvages À plat ventre sur le rivage... et, en plus y caser dix mots parmi les quinze suivants: Réjouissance, jamais, altérer, effleurer, marche, cavatine, italienne, tocsin, amant, là-bas,étincelle, fragment,bichon, manipuler, souscrire.
Les quinze y sont:

Si Jean Cocteau a écrit:
Soleil, je t’adore comme les sauvages
A plat ventre sur le rivage
Un autre aurait pu, tout aussi bien écrire :
Sauvage, je t’adore comme les soleils
À plat rivage sous le ventre.

Ah mon bichon chéri ! Nom d’un mot, la réjouissance en marche de triturer ainsi, voire de manipuler l’ordre établi. Celle qui nait quand on bouscule un texte écrit. Celle d’en altérer le sens visible et d’en effleurer les sens cachés, de sonner le tocsin du confort, de faire naitre une étincelle dans l’œil de la cervelle, de ne jamais souscrire, l’âme fermée à ce qui est lu, d’avoir cette superbe vaguement italienne qui fait de là-bas un proche d’ici, d’un fragment le voisin du tout.
Tu vois, du genre qui, en une retraite ou un roman fait rimer lentille et béquille,  bottine et cavatine...

C’est sans doute cela, ami, aimer être amant des mots.


2 commentaires:

Tilia a dit…

Magnifique tour de force.
"faire naitre une étincelle dans l’œil de la cervelle," quelle belle trouvaille, j'adore !
Bonne semaine, Chri

chri a dit…

@ Tilia Merci à vous!

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