07 août 2009

Au vingt et unième jour…

C’est au matin du vingt et unième jour qu’il s’est pointé.

J’étais allongé sur le ventre, sur lit dans la chambre, je lisais le journal. Oui, c’est dans cet équipage que je lis le journal et même parfois les livres. Je pose le tout par terre, comme ça je n’ai rien à tenir et je parcours les pages. L’actualité de ce début d’Août était d’une densité à faire pleurer un rédac chef, mais je me suis réjoui de tout: On avait enfin découvert l’identité mystérieuse du piéton retrouvé voilà quelques jours à moitié dévêtu, les jambes griffées, mort noyé, dans cette piscine du Vaucluse, dans cette commune, un festival d’artistes au camping avait accueilli peu de visiteurs mais il serait renouvelé l’an prochain, dans l’enthousiasme et ici, la fête votive allait battre son plein et l’on espérait la présence, en chair et en os, sic, de l’Evêque ce qui n’était pas arrivé depuis cinquante deux ans… Bref, le monde était, dans ces pages, à peu près aimable et presque souriant.

J’allais tourner la dernière page du journal local, ce vingt et unième jour d’été sans voir un humain, hormis, le matin une boulangère et un vendeur de journaux, mais je n'en ressentais aucune acrimonie, aucune frustration, aucune acerbité, j’en étais le comptable et le responsable, quand il a débarqué.

Bien entendu, je ne fermais pas les portes fenêtres du bas, tout était ouvert sur le jardin. Comme je n’avais pas de sonnette en état de marche, il n’a pas pu prévenir de son arrivée et comme ils savent s’y prendre pour se faire discrets, je n’ai pu me préparer à rien.

Il m’a vu, s’est arrêté un long moment, m’a regardé, à dû penser que je représentais un danger, dérisoire, a fait le tour du lit, a sauté dessus, est venu s’allonger près de moi qu’il n’avait jamais vu et s’est offert une toilette cinq étoiles. Il est resté une bonne heure dans la maison, m'a suivi à peu près partout où j'allais, a refusé ce que je lui proposais à boire, a bien joué avec le canapé, qu’il a sans doute trouvé plus amusant que moi, a sauté dans le lavabo pendant que je m’y rasais, sur le clavier de l’ordinateur pendant que j’envoyais un courriel, s’est installé pour une micro sieste dans un des fauteuils puis il a peut-être trouvé que ça suffisait. Où alors, a-t-il trouvé que je le pressais de trop de questions? Je n'y étais pas allé de langue morte! Et d'où viens-tu? Où habites-tu? Quel age as-tu? Qui t'as donné cette adresse? Comment as-tu trouvé? Facilement? Comment se fait-il que nous ne nous soyons jamais croisés dans le quartier avant ce matin? As-tu mangé? Veux-tu quelque chose? Etc, etc... En rafales, un véritable interrogatoire de police, auquel il n'a d'ailleurs absolument rien lâché.

Il est reparti par où il était venu. On avait passé une bonne heure ensemble, lui et moi. On avait beaucoup parlé, enfin surtout moi, mais je me suis aperçu, une fois qu'il avait levé le camp que je n’avais même pas pensé à lui demander son nom...


Le chat noir

5 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est le fils de Mô,je le reconnais!
V de Ste Cécile

chri a dit…

@V Oui c'est lui! L'âme du fantôme du fils de Mo...
Sainte Cécile? Les vignes?

P a dit…

C'était sans doute le chat de Kipling, celui qui s'en va tout seul et pour qui tous les lieux se valent..
. ce qui par parenthèse est assez vexant pour nous autres...
PP

chri a dit…

@PP Oui, ou comme le film de Truffaut, c'était "le chat d'à côté"... Mais en vrai les chats sont-ils de quelque part?

Anonyme a dit…

Non,la mer !
V

Publications les plus consultées