01 août 2009

La vache, son sourire!

Vaucluse, l’Isle sur la Sorgue, le Café de France, celui de Willy Ronis, un soir de fin de journée, caniculaire, à l’heure apéritive... Peu de monde dans les rues, pas mal de tables prises par des groupes, des touristes aux tongs écrasées, aux shorts exangues mais aussi des collègues de travail prenant un verre pour fêter la débauche (au propre) avant de rentrer chez eux…
Les derniers rayons du soleil du jour mourant frappent la façade rénovée de frais, donnant l’impression que la pierre est en train de prendre feu, quelques pigeons épuisés s'en sortent d’entre les corniches déjointées en gloussant mécaniquement. Un vague courant d’air, glisse le long de l’église, dont la cloche sonne la demi pour les retardataires, en portant sur ses ailes des odeurs de cuisine, de sorgues et des sonorités de langues étrangères mêlés. Le corps banal et fatigué d'une longue journée d’été qui s’en va finissant.
Peu de temps après moi, elle s’assied à deux tables de la mienne. Elle n’est pas seule. Mais c’est la plus jolie d’entre toutes et même de la terrasse entière. De la ville? Elle sourit. La vache, ce sourire!
Une trentaine éclatante dont j’ai seulement pu admirer le petit haut gris très moulant à fines bretelles sur ses épaules carrées, noueuses et bronzées, sa petite jupe à plis grise mais d’un gris plus soutenu sur ses jambes musclées et fines et cuivrées et terminées par des sandales plates à lanières très fines de cuir rouge. Pas de bijou, pas de niama-niama, des cheveux longs châtains indisciplinés, des yeux verts sorgue profonde (à vous ça ne dit rien mais ici, croyez-moi ça parle!) et un sourire… Ce sourire, la vache!
Une fois que j’en suis tombé raide, je ne l’ai bien entendu plus regardée du tout. Je ne voulais pas que ça se remarque, qu’elle le sente, qu’elle me voit, qu’elle s’en aperçoive, qu’elle me repère, qu’elle me débusque, qu’elle me découvre… De toutes façons comment une telle étoile miraculeuse pourrait remarquer un tel cafard rampant, je me disais, enfin, vous voyez le genre très dans l'estime de soi, tout en nuance et en justice… Je n’ai pas non plus écouté les conversations qu’elle avait avec ses amis, je n’ai plus entendu que son rire! La vache, ce rire…
Et puis ils se sont levés. J’en étais à mon deuxième verre de blanc, j’avais refait le plein pour rester à côté d’elle et après une distribution générale de bises enjouées, ils sont partis chacun de leur côté. Elle, je l’ai vu s’éloigner et son trajet passait devant ma moto garée contre le mur de l’église. Elle je l’ai vu s’arrêter à hauteur de mon engin et déposer une carte sur le réservoir d’essence, elle l'a glissée sous le bouchon. Je l’ai vu! Puis elle a continué son chemin. Mais avant, elle s'est retournée vers moi... Ce sourire, la vache!
Jamais je crois je n’ai souhaité une note aussi vite. Elle m’avait laissé sa carte, je n’en croyais pas mes yeux! Mon Dieu que la vie peut-être une belle expérience... quand on sait attendre! Mon Dieu comme je l'aime quand elle propose à vivre ces moments là! Mon Dieu que j'ai bien fait de continuer à espérer!
De longue, j’ai laissé dix euros pour deux sur la table sans attendre la monnaie, comme dans les films et j’ai presque couru vers mon engin…
La carte était celle d’un institut de remise en forme et d’esthétique pour homme…
Comme la vie peut être griffante: une telle beauté, un sourire si... vache...

A 055

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Un sourire qui voulait te faire la peau alors !
V.

chri a dit…

@v J'en ai fait un fromage de cette vache... qui rit.

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