Dès que j’ai habité dans cette région, je me suis dit: Un jour tu y rouleras dessus à vélo, toi aussi. On peut comprendre l'attrait qu'il exerce: Où que l’on soit, par ici, à trente kilomètres à la ronde, on ne voit que lui. Un Fuji Yama provençal.
Ah! Il faut le voir, au couchant, les soirs glacés d’hiver avec son bonnet rose de neige… Ah! Il faut le voir au printemps avec sa tête chauve accepter sans brocher les rafales d’un vent colérique… Il faut le voir à l’automne de certains jours, encore grandi, comme s’il était monté sur la pointe des pieds pour voir la mer… Ah! Il faut l’imaginer dessous son bol de nuages, les jours de belles pluies.
Il est là, présent comme un personnage, de partout visible, protecteur et tentant.
Il parait qu’on vient d’Australie ou de Nouvelle Zélande pour lui visiter la frange. J’ai même vu des canadiens qui étaient arrivés, jusque là pour “se le faire”. Des canadiens, ça -t-y du bon sens? Comme si là-bas, avec leur Vancouver il n’y avait pas de montagnes assez grandes pour débouler en Provence au Ventoux. Encore, des hollandais on pourrait comprendre, là-bas les seules côtes qu'ils grimpent ce sont les pans inclinés pour les fauteuils roulants, mais les canadiens...
Et moi, c’est demain que je le fais!
Bien entendu, je me suis entraîné. Cela est nécessaire pour que l’effort reste, quand même, agréable. Vingt six kilomètres d’une seule traite, tu ne peux pas les entreprendre la fleur au fusil, sans préparation, il te faut des munitions dans le barillet. Je suis arrivé à avoir une condition acceptable. Il ne me restait plus qu’à choisir le jour. J’ai consulté la météo, il ne faut surtout pas de vent. Pas question de se faire bousculer par les rafales qui te déséquilibrent et qui te poussent vers le précipice.
Celle de demain est bonne. C’est donc demain!
Je me suis répété une fois de plus les consignes vitales: Surtout bien faire attention, ne pas me laisser griser par les quatre derniers virages, ce sont les plus dangereux. Tu es proche de la fin, tu sens l’arrivée et tu te déconcentres et là tous tes efforts réduits, en une demi-seconde à néant… Tu peux le faire, c’est ta tête qui décide.
J’ai vérifié le matériel, changé les patins de frein, les câbles des vitesses, gonflé les peuneus à la bonne pression, bref tout préparé pour mon affaire. J'ai englouti des brouettes de pâtes dans les dernières semaines. J'ai dû à moi seul redresser les affaires des Lustucrus. Je suis fin prêt.
Cette fois c’est pour demain!
Mon seul problème est de savoir comment retourner chercher la voiture au sommet… Faire du stop avec le vélo, je crains que les australiens, tout enthousiastes qu’ils soient, n'y remontent pas en voiture...
10 commentaires:
Ah parce que vous le descendez ! Bon ben, il vous restera après-demain pour le remonter ! ;-)
même à a descente j'admire (de toute façon je ne sais pas faire du vélo)
Moi aussi, j'admire ! Je vous taquinais Chri !
@Lautreje: Mais moi aussi je plaisante! Ni en montant (sauf à pied) ni en descendant (sauf à skis!).
Ah bravo, Chri ! j'ai failli pédaler, euh... marcher :D
Mais le coup des quatre derniers virages m'a mis la puce à l'oreille.
@Tilia: Comme c'est juste à la fin, ça roule! Je suis content si ça fonctionne!
je me suis, quant à moi, laissée avoir à la lecture :o)
de toutes les façons, c'est vraiment un seigneur ce Ventoux !
mon beau-père, autrefois, l'a fait plusieurs fois à vélo (montée et descente comprises), avec ces vélos lourds comme on les faisait dans le temps
pour moi ça n'a toujours été qu'à pied, en venant du mont Serein juste en desous :o)
Approuvage rigolatoire
@Mi: Grand sourire chez moi, alors!
@Tisseuse Et déjà à pied du Mt Serein c'est une affaire!
Mais c'est un endroit tellement extraordinaire là-haut! Pour peu qu'il fasse grand beau et qu'on voit loin c'est à voir!
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