12 mars 2013

La sniper aux arêtes.


Comme tous les soirs ou pratiquement, j’avais fait un arrêt au stand du supermarché qui était sur le chemin de la maison. Je déteste tellement faire les courses que j’y suis fourré tous les jours que Dieu fait. Je suis tellement incapable d’aller une fois par mois remplir des caddies gros comme des semis remorques comme le font la plupart de mes congénères. L’avantage d’y passer chaque jour c’est que ça ne dure pas et qu’on finit par y recevoir un sourire presque avenant du pitt bull qui garde l’entrée. Et un sourire par jour ça ne se refuse pas.
J’étais devant le rayon poissonnerie, j’attendais.
Devant moi, un petit groupe, trois couples âgés, la septantaine bien avancée étaient en grande discussion devant l’étalage. A leurs fringues, ils n’étaient pas du coin. A leur langue non plus. Z’ont jamais vu de poissons, je me suis dit ! J’ai assez vite compris qu’ils souhaitaient une chose un peu spéciale. Seulement voilà la vendeuse ne l’entendait pas de cette oreille. Elle n’en avait rien à faire et n’était audiblement pas décidée à leur filer un coup de main.
Je parle pas étranger, ici on est en France, on parle français qu’elle disait dans sa moustache.
La sniper aux arêtes avait frappé fort. Si c’était si simple… Je lui ai dit et je me suis mêlé de leurs affaires. Ces gens étaient charmants, ils ne souhaitaient qu’acheter une boite isotherme et de la glace avec leur poisson parce qu’ils avaient pas mal de route à faire et voulaient garder un semblant de fraîcheur aux dos de cabillaud qui leur faisaient tant envie.
Deux couples venaient d’Australie et un troisième de Nouvelle Zélande, ils étaient en virée en France et s’apprêtaient à filer sur la côte Ouest. Ils n’avaient qu’un seul défaut : ils ne parlaient pas très bien la langue et n’arrivaient pas très bien à se faire comprendre de la vendeuse qui avait décidé de ne faire absolument aucun effort convaincue de son bon droit du sol bien de chez elle sous ses pieds d’ici. J’ai tenté de l’amadouer :
Vous vous rendez compte ? Ces gens là ont parcouru viennent de l’autre côté de la terre pour venir vous acheter à vous personnellement dix malheureux petits dos de cabillaud et ils ne veulent qu’un peu d’eau gelée et une boîte pour les mettre dedans. C’est tout ! Vous devriez être folle de joie. Et puis dites ça fait de vous une représentante de la France, non? C'est pas rien ça tout de même! Que vont-ils dire de nous là-bas si vous les envoyez bouler?
Oui mais moi je comprends rien à qu’est-ce-qui disent et pis z’ont qu’à le dire en français. Quand je vais en Australie, je parle australien...
Ah mais vous y êtes déjà allé, j’ai dit. Vous en avez de la chance. Moi, j’irais volontiers faire un tour là-bas…
Nan j’y suis jamais été et je suis pas prête d’y aller, je ne parle pas la langue.

On tournait un peu en rond. 
C’est aussi le problème des snipers… On les entraîne à ne pas penser plus loin que leurs fronts...



7 commentaires:

M a dit…

Comment dire, ça tire à vue autour de vous !!! Pas étonnant qu'il y aie des tueuses partout !!!

*Terre indienne* a dit…

Elle est bien celle-ci aussi, frangine de la précédente? C'est une région particulièrement "nationaliste" chez vous... Tiens, je me demande ce qu'ils votent :-(


chri a dit…

@ M Vous savez d'où ça vient!
@ Terre indienne Oui, on a le front bien bien national par cheu nous...

Tilia a dit…

Une histoire qui me rappelle un sketch de Fernand Raynaud, suis certaine que vous voyez lequel :)

Anonyme a dit…

Tu vois, c'est pour ça que j'achète jamais de poisson, je maîtrise que le langage légumier, ça craint.
Marie

Laurence Chellali a dit…

Décidément les étals de poissons sont pleins de snippers embusqués !!

Dernièrement, j'ai été témoin d'un tir d'élite de la part d'une serveuse de bar à l'Aéroport International Charles de Gaulle, à Paris. Le type ne parlait qu'anglais, quelle honte !

chri a dit…

@ Laurence: Je suis d'accord! Une seule langue? La honte!

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