17 juin 2015

Glacée...

Enfin, après toutes ces années, il le tenait. C’est fait, il l’avait, comme à la pêche ferré. Cet enfant de salaud avait donné signe de vie, il avait répondu et mieux, il venait d’accepter l’invitation. Il allait voir ce qu’il allait voir…
Un nouvel ami Facebock… Tu parles. Une vieille connaissance pourrie, oui.
Trois années de souffrance et de honte, trois terribles années entières dans la classe de ce petit salopard. Lui et sa bande lui avaient fait vivre tout ce qu’il y a de pire à vivre dans ces circonstances. De la sixième à la quatrième. Chaque récréation était un supplice, chaque sortie une torture… Intimidations, menaces, coups, racket, dénonciation calomnieuse, vols de matériel, vidage des trousses,  arrachage de pages de cahiers, déchirage de copies à rendre, plaintes auprès des profs… Tout ce qui a été possible de faire a été fait. Belzebuth au collège. Un sentiment de toute puissance entretenu par une impunité glaçante. Il en a pleuré des litres et des litres de larmes seul avant de rentrer à la maison pendant trois ans, trois longues années. La deuxième, il a recommencé à pisser au lit dès le quinze Aout parce que la rentrée s’annonçait. Et, malgré tout ça, il a tenu le coup sans l’aide de personne, sans la demander, non plus. Pas un adulte, pas un pion, pas un prof, pas un conseiller d’éducation, pas un parent, pas un grand-parent n’est jamais venu à la rescousse. Seul, contre vents et marées, contre la bêtise et la méchanceté, seul, il était contre les mensonges et les saloperies, contre les humiliations et les brimades. Trois ans de septembre à Juillet et y survivre, quand on en a onze, ça vous forge un caractère. Sa mémoire était intacte, il n’avait rien gommé, rien effacé, rien pardonné. 
Maintenant, l’autre allait payer.
Après s’en être fait un ami de réseau, il lui a proposé de se revoir, de partager un repas ensemble en souvenir de toutes ces années….
Il était bien décidé à lui bousiller sa bagnole, lui casser la gueule ou lui renverser un plat sur la figure au beau milieu du repas, enfin faire un truc qui marque qui le venge de cette adolescence terrible. Il improviserait.
Ils ont convenu d’un rendez-vous un soir. 

Une heure avant l'heure, son portable a vibré. Un sms. C'est la petite frappe qui lui envoyait un sms :
___ Tu t’imaginé que j’allait venir à ton rendez vou ? Avec ce que je t’ai fait vivre au collège ? Tu me prent pour un con ou quoi ?

Il était sidéré. Sur le coup, il n'a pas avancé un mot. Puis, après un moment,  en remettant le portable dans sa poche après avoir effacé le sms, dans un souffle:
___ Toujours aussi nul en orthographe cette saleté.

C’est tout ce qu’il a trouvé de plus méchant à dire…

2 commentaires:

M a dit…

Un sujet qui t'inspire, on dirait !

chri a dit…

@ M Et ce n'est pas fini...

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