12 avril 2018

Alternatif et continu.


Soir de concert en province. Nous avons des places. C'est fête. L’autre chantant fou s’y donne. Corps et âme. Nous le savons. Il fait fièvre. Le spectacle n’a pas vraiment commencé. Les musiciens sont sur scène prêts à jouer. On les devine dans une brume suspecte. La salle est surchauffée d’impatience. Dedans, des Mona Lisa klaxonnent.
Le noir se fait, d’un coup, partout. Les gens hurlent leur joie de le voir apparaître, d’enfin l’entendre. C’est qu’ils savent à qui ils ont affaire. Si l’on peut dire. Affaire est un mot grossier. Pour lui. Et sans doute pour eux. Ils y sont déjà venus, ils savent la générosité, la folie et le voyage que ça va être.
La lumière ne revient pas. Le temps se fige. L’attente dure, pèse, inquiète.
Sa chevelure en bataille arrive d’entre le rouge des rideaux. Il explique sans micro à capella. Le transfo a sauté. Panne électrique, putain plus de courant. On va jouer quand même, mais ailleurs. On ne va pas se laisser emmerder par du fil électrique.
On s’en va tous dans une salle libre à côté. Suivez nous. Les musiciens en tête. Dans les allées vers la sortie. Ils jouent, nous chantons. Le public incrédule au début, finit pas se lever et suivre. C’est une troupe entière et joyeuse qui sort dans la rue, la traverse, marche un peu et finit par entrer dans une autre salle éclairée celle-ci. On s’y réinstalle, les musiciens reprennent possession de la scène. Ça branche, tire des câbles, court, connecte, à la vue de tous. Une agitation sereine. Nous, assis, on attend, gentiment, patiemment.
Alors, le miracle. Intense et beau. Barry Lindon vitaminé, citerne à lithium. 
Dans la salle, enfin, le silence respectueux descend. Et ça se met à jouer.
Il a chanté trois heures et c’était lumineux, puissant et merveilleux.

L’ambiance était électrique, il était LE courant. Alternatif et Continu.
Inoubliable et fou.

Au revoir M’sieur. Merci pour tout.




4 commentaires:

Tilia a dit…

Merci pour cet hommage bien en phase.

chri a dit…

Merci à vous Tilia!

Anonyme a dit…

C'est un beau portrait, on reconnait tout de suite le bonhomme. Déjà enfant il était poète et généreux, racontait des histoires aux petits de l'école et avait la tête davantage aux rêves qu'aux études.

Papy

chri a dit…

@ Papy Merci Papy.

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