03 avril 2010

Imagine.

Imagine un chagrin...
Imagine un boulot, un job, un taf, un turbin, un gagne-pain, un labeur, une profession où tu as le plus souvent le sentiment de travailler CONTRE ceux à qui tu t’adresses qu’avec…
Imagine que la plupart des adultes que tu y croises, ceux qu'on appelle, vite fait, collègues te regardent à peine, ne te disent bonjour que lorsqu’ils sont nez à nez avec toi dans un étroit couloir, bref, uniquement quand ils ne peuvent faire autrement…
Imagine qu’en plus, ces adultes qui sont donc sur le même navire que toi, te condescendent sévère du haut de leur hauteur, s’autorisent à intervenir dans ce que tu fais, reprennent tes décisions pour les transformer, reformulent tes affirmations, tes dires, finissent par t’expliquer ce que tu as voulu dire ou faire. En un mot: abusent...
Imagine que lorsque tu es dans un conflit, tu sois rarement soutenu, par envie de: surtout pas de vague…
Imagine que, là-bas, tu y sois contesté, dénigré, qu’on t’y demande des comptes, des explications, qu’on t’y remette en cause à chaque option prise, à chaque parole prononcée…
Imagine que cette activité se fasse dans des conditions matérielles délicates. Bruit, poussière, risques physiques…
Imagine que tu sois la moitié du temps debout, dehors qu’il vente ou gèle…
Imagine qu’il t’arrive de t’y faire insulter, de manière parfois violente, qu’on t’y méprise, crache dessus pour de faux et parfois pour de vrai…
Imagine qu’on fasse tout pour t’amener au bout de ta patience et qu’on en jouisse de voir ta colère, bref, qu’on t’y sadise sans conscience, mais sans vergogne, sans embarras et sans limite…
Imagine que tu passes tes journées dans un monde violent, criant, hurlant, s’agressant, se frappant…
"Gros bâtard, m'a-t-elle lancé, à moi... Gros bâtard... Bon bâtard, ça passe, je sais d'où je viens, mais gros... là, non, désolé, ça ne passe pas...
Imagine que pour aller sur le lieu de tous ces plaisirs sans nom, il te faille faire chaque jour de la semaine cinquante minutes de bagnole… Et autant pour en revenir.
Imagine que tu y côtoies tout le long du jour la bêtise lourde de groupes despotes, tyranniques qui détestent la marge et la fantaisie, qui n’exigent que le conformisme abêti, leur désordre, leur dérangement, leur agitation stérile, leurs règles imbéciles…
Imagine qu'en sus tu sois géré par une machine qui t’utilise, se sert de toi comme d’un pion, te place et te déplace, ne répond pas à tes questions, t’envoie paître, parfois. Bref, qui te méprise allègrement…
Imagine qu’on se moque quand tu évoques un léger coup de fatigue, un vague affaissement, un blues passager…
Imagine tout cela alors que tu n’aimes rien tant que le calme, la paix, la musique, l’harmonie, la douceur, la bienveillance et les beautés des choses, des mots, des phrases, des âmes et des paysages…
Imaginez tout ça et dites moi un petit peu si vous ne soufflerez pas quand vous aurez, devant vous, deux semaines de congés. Et même, si vous ne souhaiterez pas qu'elles se prolongent, les deux semaines. En vacances définitives...
Deux petites semaines…
Ben, allez pfuit pfuit, inspirez, soufflez soufflez
Imagine un chagrin...
Arbre incruste

11 commentaires:

clo a dit…

oui j'imagine très bien...
des vacances permutées en éternité...loin des cons, des méchants, des serviles.
15 jours pour se ressourcer, se détendre, se nettoyer des éclaboussures....et souffler oui c'est ça....
on commence tout de suite...:o)
je vous souhaite de bonnes vacances ,et un bon weekend de Pâques...

chri a dit…

@Clo Merci à vous Clo! Qu'il vous soit doux, le Pascal.

Lautreje a dit…

Oui, j'imagine et je comprends !Alors Bonnes vacances Chri ! Profitez du printemps, de la douceur qui arrive (surtout chez vous!) aérez-vous les méninges, rien de tel pour retrouver goût à la vie !

Catherine Lirelo a dit…

J'imagine, oui, très bien... Des coups qui sans jamais marquer la peau tentent de défoncer l'âme et le cerveau. Alors forcément, le souffle, on y tient, on le veut, on compte sur lui, on espère s'y retrouver, s'y perdre le temps d'un vide, s'en regonfler, s'en bercer, s'en faire des mots nouveaux.
Bonnes vacances Chriscot !

chri a dit…

@L'autre je Catherine: Merci à vous! Je vais me les faire belles!

Anonyme a dit…

Et dire qu'il y en a qui déprime sérieux dès le lendemain du pot d'adieux ...
Ah ?
Sans doute ceux qui condescendent du haut de leur hauteur.

Allez, kimbé raid' pa moli, j'te dédie mon ti' de ce soir, le premier maracuja d'avril vient de tomber dedans.

Slev

chri a dit…

@Slev: Un seul? C'est bien, un, pour commencer... Et c'est ce qui est doux quand on en partage à plusieurs, c'est d'être plusieurs...

Catherine Lirelo a dit…

Et à chaque fois qu'on y revient, une surprise, des mots en plus...
Merci Chriscot !

chri a dit…

@Catherine... C'est gentil Catherine mais ça s'appelle aussi des ratures!

Anonyme a dit…

Quelle horreur... si tellement ordinaire de nos (vos) jours !
C'est horrible et j'imagine bien le désespoir envahissant parfois ...
J'espère que vos vacances vous ressourcent... un jour après l'autre, tranquillement !
Bien à vous cher Chri
Coquelicot

chri a dit…

@Coq: C'était une fin d'une semaine délicate!
Du plein nord de la Hollande, grâce au plat du pays et à d'autres trucs (ton mesage, entre autres...) ça s'apaise!!!
Merci.

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