Tu ne me croiras jamais ! Je l’ai vu à la boulangerie ! Je suis prêt à te le jurer ! Mais tu ne me croiras pas ! Il était là, dans la queue qui attendait comme toi et moi, comme pour ainsi dire Monsieur N'importe qui attendant d’être servi… C’est moi qui ait été servi ce matin ! Quel choc!
D’ailleurs qui pourrait croire une chose pareille ? Qui va penser que je ne suis pas en train de raconter un bobard grand comme moi ? Qui va pouvoir penser qu’une telle présence est possible ? Dans notre village ? Perdu ?
Je me suis levé comme d’habitude le mardi vers neuf heures. Oui, ce jour là, je ne travaille que l’après midi. J’ai donc un peu de temps devant moi. J’en profite pour sommeiller davantage que les autres jours, trainer un peu sous la couette, ne pas me lever de suite, faire durer. Pendant que le café se prépare, je prends une douche et je file chercher les journaux du jour et un…
Ben oui du jour, non je n’achète pas ceux du lendemain… Ne m’interromps pas s’il te plait, sinon je vais perdre le fil...
Et un croissant ou deux. J’aime ces instants où le village s’ébroue, quand les chats dégrisés descendent des gouttières, quand les cloches pimponnantes de l’église sonnent de tardives mâtines, quand le soleil s’en vient éclairer, de ses tout fringants rayons, les fonds perdus des sombres ruelles et les ventres noirs des arrière-cours abandonnées…
Dis donc, ça te rend tout étrange de te lever plus tard…
J’aime ça, vraiment. Il y a encore un peu de sommeil aux regards de ceux que tu croises, ils sont encore un peu dans l'abandon et la connivence, enfin, bref, j'aime cette ambiance. Et là, figure-toi que j’arrive devant la boulangerie. J’entre. De suite, je l’ai vu. Je l'ai reconnu de dos. C'est dire si c'était lui. Il était là dans la petite queue qui attendait...
Je te le jure. Comme deux et deux font quatre. Je me suis dit : impossible. Le voir là, lui ? Imagine, c’est comme voir Zidane à une finale de basket, Estrosi à une assemblée de Nobels ou BHL à un congrès de modestes ! C’était bien lui et pas un de ces sosies bizarres. Lui, en personne. En chair et en os. Dans un de ses costumes qu’on lui connait. Rasé de près, sans cravate, très comme nous, finalement. Tu ne me crois pas ? Dis et à quoi me servirait-il mon mensonge? Quelle utilité aurait-il? Parce qu'il faut bien que ça serve à quelque chose, non? Que ça protège, défende, masque, transforme, adoucisse, embellisse un mensonge non? Et, dans ce cas là, quoi? Tu penses que ce que je suis en train de t'embrouiller, hein c’est ça ? Je m’en doutais un peu…
14 commentaires:
mais si bien sûr je te crois - c'était lui - qu'est ce que ça a d'extraordinaire - d'ailleurs je l'ai vu un eu plus tard, sur la place
@Brigetoun: Ah tu vois bien! Quand elle le dit tu la crois, elle...
Ici j'aime beaucoup ta description d'une grasse matinée moelleuse, calme et douce, mais elle ne sert pas le propos.
Cette histoire ne fonctionne pas très bien pour moi. Pour moi un bon mensonge ne doit pas commencer par "tu ne me croiras jamais..." et puis je ne comprends pas bien où tu veux en venir. Il n'y a pas de progression narrative entre la première phrase et la dernière.
Bon, désolée, je suis très critique sur ce texte. C'est sans doute parce que je suis si admirative de tant d'autres que tu a écrit. Suis-je trop dure ?
Et voilà que je culpabilise pour la dureté de mon commentaire...
J'aime bien la photo avec les mongolfières de pissenlits et les coquelicots modestes. Est-ce à Avignon qu'on peut se la procurer ?
Gaston
@Nathalie: Pendant ce temps là, moi, je cherche une Vologne où me jeter...
@Bachelor: Aux abord de l'Isle sur la Sorgue, dans des fossés de bords de route des coquelicots fricotent avec des Larousse.
ainsi c'est donc vrai ! vous l'avez rencontré ,vu ,vivant, lui qu'on disait mort .Ce cher aloïs quand même! Mais comment s'appelait-il déjà ? zut,je me souviens plus !
moi de toutes façons, je crois tout ce que vous dites ! alors :o)
@Véronique: Heureusement que vous êtes là!
Si, si, c'était bien lui !
Mais voilà, à force de raconter des bobards, on finit par ne plus te croire quand pour une fois tu dis la vérité.
Je parle en général, bien sûr ;-)
@Yvelinoise: A vous, je vais livrer une confidence: La boulangerie était fermée ce matin là...
On dit parfois de lui que c'est un vrai menteur. Un poète donc.
slev
Ah, la boulangerie était fermée ce jour-là ? Je suis nulle. Quand je pense que je me suis échauffée les sangs pour rien ! J'aurais mieux fait de traîner sous la couette moi aussi !
@Nathalie: Ah ben non pas pour rien! C'était pour mon petit mensonge quand même...
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