On l’avait laissé dans les griffes noires du chagrin.
Déchiqueté. Défait, rincé, sonné. Haché menu, lui, le grand. On l'avait laissé abattu, fauché, saoulé par une avalanche de coups en un seul, tragiquement définitif.
On l’avait laissé seul, terriblement seul face à la bête malfaisante
qui lui avait agrippé le coeur et lui broyait.
On l'avait laissé à, désormais devoir vivre, survivre avec ou plutôt… sans.
Seul à devoir affronter les interminables nuits d’insomnies, de terreur, de vide, de manque. Seul avec l’absence, l’innommable et pesante présence de l’absence et toutes les questions qui allaient avec: Pourquoi ? Pourquoi à moi ? Pourquoi nous ? Pourquoi de cette façon ? Tout ce qu'on doit se demander, ces questions qui doivent se poser, en sachant bien qu’elles n’ont, pas de réponse. En tous les cas qu'aucune réponse ne peut être satisfaisante. On l’avait laissé au bord de quelque chose qui ressemblait bien à un gouffre, un puits sans fond, un ravin, un précipice, une menace. On l’avait laissé avec l’idée qu’il ne s’en remettrait pas de sitôt… Du reste peut-on, vraiment, se remettre d’un tel malheur livré si violemment? Quelles surhumaines forces pourraient arriver à terrasser un tel dragon? On avait misé sur le temps, on mise tous sur celui là quand il n’y a plus que lui. Certains n’y croient plus, alors ils abrègent, ils coupent, ils tranchent, ils pendent ou défenestrent. D’autres n’y croient plus non plus mais ils continuent sans attendre, juste pour continuer comme courent, dans les basses cour, les canards aux têtes tranchées. Les jours passent après jour, nuit après nuit, saison après saison, années après années. Et puis vient le soir, juste s’endormir et, enfin, ne plus souffrir. Ne pas oublier mais ne plus se souvenir, ne pas célébrer, mais ne pas y penser, une douleur chronique toujours présente, comme une pointe dans une nuque, comme un éclat de verre dans le cœur devenu froid.
Seul à devoir affronter les interminables nuits d’insomnies, de terreur, de vide, de manque. Seul avec l’absence, l’innommable et pesante présence de l’absence et toutes les questions qui allaient avec: Pourquoi ? Pourquoi à moi ? Pourquoi nous ? Pourquoi de cette façon ? Tout ce qu'on doit se demander, ces questions qui doivent se poser, en sachant bien qu’elles n’ont, pas de réponse. En tous les cas qu'aucune réponse ne peut être satisfaisante. On l’avait laissé au bord de quelque chose qui ressemblait bien à un gouffre, un puits sans fond, un ravin, un précipice, une menace. On l’avait laissé avec l’idée qu’il ne s’en remettrait pas de sitôt… Du reste peut-on, vraiment, se remettre d’un tel malheur livré si violemment? Quelles surhumaines forces pourraient arriver à terrasser un tel dragon? On avait misé sur le temps, on mise tous sur celui là quand il n’y a plus que lui. Certains n’y croient plus, alors ils abrègent, ils coupent, ils tranchent, ils pendent ou défenestrent. D’autres n’y croient plus non plus mais ils continuent sans attendre, juste pour continuer comme courent, dans les basses cour, les canards aux têtes tranchées. Les jours passent après jour, nuit après nuit, saison après saison, années après années. Et puis vient le soir, juste s’endormir et, enfin, ne plus souffrir. Ne pas oublier mais ne plus se souvenir, ne pas célébrer, mais ne pas y penser, une douleur chronique toujours présente, comme une pointe dans une nuque, comme un éclat de verre dans le cœur devenu froid.
Et puis, on le retrouve des années après dans une sorte de paix qu’il
aurait accepté de signer avec le sort, dans un souffle de vie qui aurait,
désormais, éloigné le malheur, dans une légèreté joyeuse et retrouvée.
Apparemment, la vie, cette surprenante, sait aussi faire ça, elle peut
accomplir ce genre de miracle, elle sait comment toucher de sa paume
bienveillante ceux là, même qu’elle a le
plus durement éprouvé. Si elle le décide, elle peut s’en sortir avec un brio
éblouissant. Et lorsqu’elle se débrouille pour faire ça à un ami, on ne peut
que lui sourire bêtement avec un sourire niais, un sourire de crétin heureux.
Cette armistice dont elle a accepté qu’il se signe là, pas loin, après tout ce
temps de guerre ouverte, retombe sur tous les museaux du coin et c’est une gaie guirlande de plaisirs qu’elle allume dans les cœurs des témoins. Une vertigineuse dose d’espoir qu’elle envoie droit dans les veines des vivants.
Une bien jolie ribambelle de sourires qu’elle accroche aux visages des
présents.
On l’avait laissé pour mort, lui aussi, on le retrouve vivant. Elle aussi.
Alors, évidemment, on a souri intérieurement parce que son bonheur tout neuf faisait tout le notre.
15 commentaires:
Amen
@ M La vie, pas le Ciel!
Ce n'est quand même pas simple, la vie!
Roger
Cela va de soi ! L'autre... perso je ne connais pas. J'aime bien le reveil des guerriers ! (là aussi, il est des mots dévolus à certains sujets, et parfois c'est dommage )
@ M C'est une encore plus jolie histoire que je vous raconterais un jour... peut-être!!!
Bien contente pour lui.
N'empêche que je crève de trouille à l'idée de me retrouver seule un jour...
La lumière au bout du tunnel est d'un bel à propos.
@ Tilia Comme je vous entends...
Non en effet la vie n'est pas simple mais parfois elle amène sont lot de beaux moments Ouf !!!
Et soudain on respire mieux ,on s'inquiète moins le roue vient de tourner enfin ...
Ce fut le cas pour ma fille .Elle est resplendissante de bonheur et moi ça me va .
J'attends ton histoire encore plus jolie,c'est possible?
Comme je vous envie, Brigitte !
Merci chriscot de ce beau texte qui dit bien cette angoisse si singulière.
Papi René
@ Brigitte Content pour votre fille!
@ Papi S'il vous a plu c'est bien!
Joli, ce retour vers la lumière, vers la vie... résilience, renaissance !
Nous avons tous sans doute dans notre entourage connu des exemples similaires. La force de la vie en marche, si bellement racontée.
Je suis très très très heureuse pour lui, et pour la fille de Brigitte.
@ Kris Merci à vous.
@ Nathalie C'est exactement ça force reste à l'élan vital! Bien fait pour le malheur!
c'est beau mais c'est quand même triste ... effrayant même !
j'en connais beaucoup qui aimerait que çà s'arrête tout seul .... et vite s'il vous plait !
@ Véronique Vous trouvez vraiment que c'est effrayant? Il avait tout perdu et il peut être à nouveau heureux...
Je trouvais ça très optimiste et plein de vie...
Enregistrer un commentaire