15 septembre 2009

Vols au vent…

Je préfère te dire que je n’aime pas bien le silence qui envahit l’endroit quand tu as mis les bouts. C’est donc pour ça qu’à peine la porte refermée, Montcalm Térez chante à pleine poutine dans la baraque, désormais en deuil de ta présence... Une manière de le remplir, ce vide avec lequel tu me laisses.
En règle générale, je n’aime pas quand les gens s’en vont. Je n’aime pas non plus partir, remarque… Parfois, je n’aime pas quand ils arrivent, mais c’est une autre histoire. Quand c'est vous deux, j'aime encore moins.
J’ai beau savoir que c’est dans l’ordre des choses, que c’est logique, que c’est la vie, que c’était écrit, que je le savais, je ne me fais pas à l’idée que tu t’en ailles, qu’un de vous deux s’en aille ou plutôt, je me fais assez mal à l’idée que tu/vous ne soyez plus dans le coin quand tu/vous y avez passé quelques jours.
Comme si on m’arrachait un ventricule, comme si on me découpait un bras, me défaisait d'une main… qui, très vite, commenceront à repousser puisque le compte à rebours avant la fois prochaine démarre le lendemain.
Ce soir, ici, c’est encore l’heure du regret des heures passées avec toi.
Tu me manques à partir du moment où l’on s’approche de l’heure du départ. Avant même que tu n’aies franchi le seuil, bien avant que ce soit l’heure. Et, qui plus est, il n’est même pas question de tenter de te retenir, de te dire: Reste, pour une fois, encore, un jour ou deux, un peu, quelques heures, s’il te plait, ne t’en va pas cette fois, comme la dernière... Il n’en n’est pas question une seconde… J’aimerais avoir des arguments… Je n’en n’ai trouvé aucun de valable. Au contraire. Tout, tout plaide pour ton départ. Y compris ma peine. A cet instant précis, je fais appel à un ami, Claude Roy: “Il y a au fond de nos attachements la certitude que nous en serons un jour détachés… L’amour est une invention de la mort…”
Et voilà.
Il manque seulement l’idée que toutes ces lamentations font bien peu de cas du plaisir qui nous étreindra à coup sûr, quand… bientôt, nous nous retrouverons.
Bon vol, ma belle… Bons vols, mes beaux…
Je garde la piste 84 ouverte, balisée, balayée, le camion de pompiers au bout, en alerte, en cas de besoin, pour vos atterrissages à venir…


Aile avion

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme je vous comprends Chriscot ! Je me faisais la réflexion cet aprés-midi encore §
Est-ce qu'un jour on se détache, on les oublie ? Je ne m'endors jamais sans penser à ELLE . Va-t-elle bien ? Est-elle vraiment heureuse ? Ne me préserve-t-elle pas ?Sommes-nous "normaux" Chriscot ? Est-ce bien raisonnable d'avoir les entrailles qui sortent ?!
V...j'allais encore oublier de signer !

chri a dit…

@ V: Sans l'aide, un peu efficace, d'Alzheimer, j'ai bien peur qu'on n'arrive pas à "les" oublier!

Véronique a dit…

et c'est justement quand on sait que l'on ne peut les voir, qu'ils nous manquent le plus.

s'ils vous lisent aujourd'hui, ils auront, j'en suis certaine, une petite larme dans leurs yeux clairs

chri a dit…

@ Véronique: Ils manquent quand ils sont partis... J'espère qu'ils ne larmeront pas!

clo a dit…

votre texte m'a fendu l'âme...j'ai quatre enfants et je pleure déjà a l'idée de l'inéluctable départ qui se fera un jour ou l'autre...votre texte illustre parfaitement et avec autant de précision que ce que je peux imaginer cette vision d'un avenir déjà si proche....mon plus grand part en Australie dans un mois...première grande séparation...
cette vie est un écorche cœur...
j'aime bien ces quelques mots que vous avez cités..."il y a au fond de nos attachements la certitude que nous en seront un jour détachés...l'amour est une invention de la mort.."
bon ...je vous souhaite une bonne soirée...a bientot..;)

chri a dit…

@ Clo: Si vous pouvez, ne pleurez pas en avance, à crédit... Vous aurez besoin de toutes vos larmes quand le jour viendra!
Ce qui console, un peu, c'est que c'est LA loi! Qu'ils décollent en confiance fait partie de notre "job", c'est le signe que quelque chose a été réussi et ça c'est réjouissant, non? Et puis on peut aimer sans avoir sous la main!

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