19 septembre 2009

L’un, digne... l’autre pas.

21 Février 1944, Missak Manouchian, condamné à mort et executé:

Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.

Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.

Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs, si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus.

Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.

Manouchian Michel.

P.S. J'ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène.

&

En "plaisantant" à propos des auvergnats ou des arabes:

“Quand il n’y en a qu’un ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça ne va plus”.

Septembre 2009: Brice Hortefeux, France, Ministre de l’Intérieur, de l'Outre mer et des collectivités territoriales.

6 commentaires:

P a dit…

Ca se passe de commentaires.
PP

chri a dit…

@PP Oui, tout est dit.

Anonyme a dit…

Sinistre de l'intérieur, comme aurait dit Coluche.

Slev

Nathalie a dit…

Belle lettre qui méritait d'être lue, merci.

“Quand il n’y en a qu’un ça va, c’est quand il y en a plusieurs qu'il y a des problèmes”.

En quoi est-ce que c'est plus acceptable si c'est dit des auvergnats que si ça concerne les étrangers? Pourquoi personne ne lui a-t-il demandé pourquoi les auvergnats en nombre posaient des problèmes ? Messieurs les journalistes, fouillez les questions jusqu'au bout !

Nathalie encore a dit…

L'impossibilité absolue de répondre à la question ci-dessus aurait à elle seule fait tomber la piètre défense de ce ministre qui nous fait honte.

chri a dit…

@ Il ne l'a pas tenue longtemps cette option de défense... C'était en plus prendre les gensses pour des imbéciles... Heu ce que je crois qu'il fait, finalement.

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