19 septembre 2009

Oublier un temps, A H1 N1…

... avec l'Agrippa... (D’Aubigné):

Ce doux hiver qui égale ses jours

A un printemps, tant il est aimable,
Bien qu'il soit beau, ne m'est pas agréable,
J'en crains la queue, et le succès toujours.
J'ai bien appris que les chaudes amours,
Qui au premier vous servent une table
Pleine de sucre et de mets délectable,
Gardent au fruit leur amer et leurs tours.
Je vois déjà les arbres qui boutonnent
En mille nœuds, et ses beautés m'étonnent,
En une nuit ce printemps est glacé,
Ainsi l'amour qui trop serein s'avance,
Nous rit, nous ouvre une belle apparence,
Est né bien tôt bien tôt effacé.

&

Complainte à sa dame.

Ne lisez pas ces vers, si mieux vous n'aimez lire
Les escrits de mon cœur, les feux de mon martyre :
Non, ne les lisez pas, mais regardez aux Cieux,
voyez comme ils ont joint leurs larmes à mes larmes,
Oyez comme les vents pour moy levent les armes,
A ce sacré papier ne refusez vos yeux.
Boute-feux dont l'ardeur incessamment me tuë,
Plus n'est ma triste voix digne if estre entenduë :
Amours, venez crier de vos piteuses voix
Ô amours esperdus, causes de ma folie,
Ô enfans insensés, prodigues de ma vie,
Tordez vos petits bras, mordez vos petits doigts.
Vous accusez mon feu, vous en estes l'amorce,
Vous m'accusez d'effort, et je n'ay point de force,
Vous vous plaignez de moy, et de vous je me plains,
Vous accusez la main, et le cœur luy commande,
L'amour plus grand au cœur, et vous encor plus grande,
Commandez à l'amour, et au cœur et aux mains.
Mon péché fut la cause , et non pas l'entreprendre;
Vaincu, j'ay voulu vaincre, et pris j'ay voulu prendre.
Telle fut la fureur de Scevole Romain :
Il mit la main au feu qui faillit à l'ouvrage,
Brave en son désespoir, et plus brave en sa rage,
Brusloit bien plus son cœur qu'il ne brusloit sa main.
Mon cœur a trop voulu, ô superbe entreprise,
Ma bouche d'un baiser à la vostre s'est prise,
Ma main a bien osé toucher à vostre sein,
Qu'eust -il après laissé ce grand cœur d 'entreprendre,
Ma bouche vouloit l'ame à vostre bouche rendre,
Ma main sechoit mon cœur au lieu de vostre sein...

A 024

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Qu'il est doux l'ombrage auprés de ma mie !
Gredin d'Agrippa !
V

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