Bon sang ! Qu’est-ce que je les ai aimés ces débuts de soirées où l’on regardait l’heure pour savoir si on pouvait raisonnablement commencer à s’en servir un…
Que je les ai aimé ces repas qu’on prenait au moment du couchant, l’intense lueur orangée qu’il mettait dans ton regard, ce qu’elle donnait à lire, la douceur du moment quand le vent s’apaise, la table joliment mise entre les deux murs de pierres, les odeurs de ce qui grille s’invitant à la table, la tendresse qui s’installe entre deux, le noir de la chienne de retour de maraude qui s’en vient s’affaisser, enfin apaisé, le vol, le dernier chant des martinets encore en chasse pour la ration du soir, les cris des petits dans les nids de la grange qui réclament encore et encore, les premiers passages affamés des pipistrelles, leurs vols énervés, le rouge du vin dans les verres, l’entier du repas sur la nappe, les bougies tout autour allumées, leurs flammes seulement agitées par des caresses d’air toujours tiède, des grappes de moineaux chahutant dans le massif des lilas, des cascades de rires d’enfants attendant la nuit qui jouent dans le jardin voisin, tes cheveux mouillés par une douche prise, ta robe, à peu de boutons, enfilée sur une peau caramel au lait , dorée par l'été, pas tout à fait sèche, des gouttes perlant à ton cou, tes pieds nus aux ongles rougis dans le vert de l’herbe, une douce odeur d’huile pour la peau, une pièce de laine sur tes épaules nues, une musique qui nous vient de l’intérieur par les portes grandes ouvertes, les odeurs du chèvrefeuille, par vagues, successives gonflées de l'entêtant parfum, un aboiement de chien du loin de la ferme d’en bas, les traces encore vives de la journée vécue, de la nage épuisante dans le sombre de l’eau du lac, l’aller et le retour d’une rive à l’autre, la fatigue ressentie dans les avant bras, ta main qui s’attarde au passage sur ma nuque, l’air qui d’un coup s’électrise gentiment et le temps qui, maintenant, s’étire en langueur…
Bon sang ! Que je les ai aimé ces débuts de soirs là…
Et leurs fins, aussi…
7 commentaires:
mummmm
Elles vous réussissent les vacances !
Bon sang c'est sûr et ça fait une très belle encre quand il passe de tes veines à tes mots !
"Et la nostalgie, c'est de la tristesse, mais c'est aussi un peu de bonheur", dans Mal de Pierres, de Milena AGUS.
Ne pas hésiter.
Slev
@ Oui, on peut se souvenir des jolies choses et n'en être pas attristé.
Mal de pierres Milena Agus... C'est noté! Merci Slev.
Je dis belle lumière.
c' eut été sympa du haut de la colline.
Mi
Un coucher de Velleron... Pas mal... Très orange...
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