Le jeune gaillard frisé au menton carré comme ses pieds est sorti un peu avant les autres du vestiaire
deux écouteurs gros comme des pamplemousses sur les oreilles. Il a salué tous
les gens présents dans le grand salon. A certains de grands sourires, aux
dirigeants en cravates des saluts moins exubérants. Il a rejoint le parking,
suivi par un employé du club qui lui portait son sac. Il a bippé son gros
quatre quatre qui s’est mis à clignoter comme un sapin de Noël et il s’y est
engouffré pendant que le type posait son
sac dans le coffre. L’entraînement n’avait pas été très difficile ce jour là,
Ils avaient juste préparé le match à domicile du lendemain soir. Ce soir, les
joueurs avaient quartier libre. Chacun, du moins pour l’instant, allait rentrer
chez soi. Lui, il avait loué une superbe villa, mais ils vivaient tous dans de
superbes villas, dans un port de pêche à quelques kilomètres de la grande
ville. Il y avait installé ses parents qui l’avaient suivi du Brésil, et puis
son oncle et sa femme, un ou deux neveux, deux trois amis fidèles et tout ce
petit monde veillait au confort de ce costaud. Lui n’avait qu’à mettre ses
crampons aux pieds et les lacer. Tout le reste était réglé par les autres.
Ainsi, pour le quotidien, c’était simple, il ne s’occupait d’absolument rien.
Jouer au foot, dépenser son argent, et se reposer. Un plan de vie assez
succinct, malgré tout… Ce soir là, comme il avait fini tôt, il avait décidé de
ressortir boire un verre. Il est passé chez lui, il s’est changé, s’est habillé
comme une figure de mode, a mis un peu de temps pour se décider pour la montre
(il a mis celle à trente mille ), il s’est aspergé d’eau de toilette a
avalé une salade de pâtes. Affalé dans le canapé, il a joué pendant une bonne
heure avec son avatar sur un jeu vidéo de football et puis, il a sorti du
garage la décapotable dernier modèle qu’on venait de lui livrer dont il n’avait
pas aimé la couleur. Il l’avait faite repeindre en noir mat. Comme d’habitude,
il était flanqué de ses deux amis qu’il trainait partout. Il a enquillé
l’autoroute menant vers la ville universitaire la plus proche et une heure
après un voiturier assis dans son engin rapprochait le siège du volant pour
aller la garer dans un parc particulier. Ce type de client avait droit à
certains égards et comme il était un habitué fervent, le patron de la boite
louait quelques boxes juste pour lui et d’autres membres de l’équipe. Bien sûr,
on s’est courbé devant lui quand il est entré, évidemment qu’une table et une
bouteille l’attendaient et forcément, tous les regards de la salle ont convergé
vers lui. Pas tellement parce qu’il était beau garçon, ce qu’il n’était pas,
mais surtout parce qu’il était riche à foison.
Et que le fric est un super aimant magique.
Le DJ s’est tout de suite occupé de ses oreilles et a envoyé dans la
boîte des musiques que le gars aimait. En vrai sa playlist. Quelques connaissances sont venues le saluer,
ils se sont embrassés, ils se sont serrés les mains, ils se sont pris à bras le
corps comme une chouette bande de chouettes extras copains qui s’aimeraient
depuis toujours à la vie à la mort que serais-je sans vous mes gentils
camarades… Enfin tout ça sentait le faux semblant, le surfait et le fabriqué.
Il était là avec ses deux potes et en vérité s’emmerdait un peu.
Au bout d’une heure, une brune qui n’avait ni froid aux yeux ni
ailleurs est venue danser devant leur table. Elle gigotait comme un serpent
charmeur devant eux trois, mais c’est lui qu’elle tentait d’hypnotiser. Elle
n’a pas eu grand mal. Ce garçon était assez porté sur cette façon agréable de
passer le temps. L’affaire a été rondement menée, il s’est tourné vers ses deux
chaperons, leur a dit de s’appeler un taxi. Lui s’en allait faire une virée
avec la belle.
Ils se sont levés, les deux autres, coutumiers du fait, ils n’ont pas
protesté. Et le couple est sorti. Heureusement que le voiturier n'a pas trop tardé pour livrer le quatre quatre sinon on les aurait retrouvé vissés l’un dans l’autre sur le trottoir. La suite promettait braise. Ils sont montés en quatrième dans le noir de l’engin et il a démarré sur les bérets de roues.
Quelques semaines avant le début de cette soirée qui, en ville et
au-delà a fait un joil ram dam, un jour comme un autre dans les bureaux
cossus et clinquants d’un club de football d’une grande ville du Sud, décidément
pas comme les autres mais qui va droit au but, elle: Deux des trois ou quatre dirigeants
vraiment importants sont enfoncés dans de grands fauteuils de cuir blanc. Nous
sommes à l’heure de l’apéro, deux jaunes sont arrivés sur la table basse de marbre blanc servis
par la toute jeune et très belle fille
embauchée la veille dans le désordre bruyant d’une boîte de nuit du centre ville.
___ On a besoin, le club a besoin de cash, il faut qu’on dégraisse, on doit virer un ou
deux joueurs mais pas question de dépenser un centime pour des indemnités. Il ne faut
pas rompre un seul contrat. Tu penses à quelqu’un ?
___ Oui, il y a bien ce grand con de brésilien qui frappe à côté de la balle et qu’on paye une fortune !
___ Ce gars là si on le vire tu sais ce que ça va nous
coûter ? Pour le faire venir on lui a fait un contrat en platine! Un bras vé voilà ce qu’il va nous coûter ce pébron tout mauvais qu'il est et peut-être les
deux si jamais il nous fait chanter la samba ! Il faut qu’on le vire, ce crétin mais que ça ne se voie pas. Surtout pas !
___ Tu veux que je t’en débarrasse moi ?
___ Et comment ça, mon Jéso ?
___Ça c’est mon affaire, si tu me le demandes, je le vire le danseur de samba. Et pour rien ou presque si je me débrouille bien.
___ Toi tu as une idée derrière la tête ?
___ Bien sûr que j’ai une idée, j’ai surtout une jolie nièce qui n’a
froid nulle part. Mais ne me demande rien, moins tu en sauras, mieux ce sera
pour tous les deux. Laisse-moi seulement un peu de temps …
C’est au tout petit matin pâteux que l’amoureuse décoiffante et salement décoiffée est entrée seule dans un commissariat pour porter plainte pour viol contre le footballeur volcanique et rentré chez lui…
Quand elle a prononcé son nom, ça a fait un barouf de tous les diables. Les portables des flics se sont mis à sonner dans tous les coins. Et dans pas mal de rédactions de journaux.
Mais que faisait-il, ce grand escogriffe, la veille d’un match important dans une boite, au lieu de dormir ? Mais que lui a-t-il pris à ce benêt obsédé pour se jeter sur cette pauvre fille ? Mais ces gars là, on devrait les attacher aux poteaux de but! Hum... avec tout le fric qu'il a je n'y crois pas trop à toute cette histoire...
Devant ce tohu-bohu, le Président du club et un collaborateur se sont rassemblés autour de lui, et lui ont proposé un marché qui le mettrait à l’abri de toute poursuite. Ils lui prenaient un billet d’avion pour lui et son entourage pour le plus tôt possible et se débrouillaient ici de l’affaire nauséabonde. En plus, ils organisaient son transfert dans un autre club s’il voulait revenir jouer dans le pays. Bien sur, ils ne lui versaient aucune indemnité... On te rappelle gentiment qu'il y a rupture du contrat, on es pas l'Abbé Pierre, non plus... En revanche, ils sauraient avoir un geste amical (ce qui voulait dire financier) et s’occupaient de régler ses affaires et surtout lui assuraient de n’être pas poursuivi. Ils s’arrangeraient, lui ont-ils promis pour que la fille veuille bien retirer sa plainte quand tout cela se serait un peu calmé. Dans le fond, pour les finances du club cette péripétie était un véritable miracle…
Ça a coûté quand même un peu plus cher que prévu, la fille ayant souhaité être dédommagée pour sa prestation. Mais l’argent qu’on lui a versé est, d’une certaine manière, revenu dans les poches du club puisque c’est l’oncle de la gamine qui en a largement profité…
Lu sur Le Point .fr du 28 Septembre 2012:
NON-LIEU dans l’enquête visant le footballeur B.
NON-LIEU dans l’enquête visant le footballeur B.
-
Publié le 28/09/2012 à 12:45
MAR…
(Reuters) - L'ex-attaquant de l'O. de M. B. a bénéficié d'un non-lieu dans le
cadre d'une affaire de viol présumé pour laquelle il avait été mis en examen en
2011, a-t-on appris vendredi auprès de l'avocat de la plaignante.
Evaeverson Lemos da Silva dit B., 32 ans, avait été mis en
examen pour viol le 9 mars 2011. Une femme l'accuse d'avoir abusé d'elle après
une soirée arrosée dans une discothèque d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône)...
Ben voyons...
Ben voyons...
14 commentaires:
Aucun commentaire. Je l'invente pas, je le lis sous le texte. Mais quand même une question : "La suite promettait chameur". J'avoue que je suis intriguée, c'est une pratique spéciale de fouteux ? (auquel cas, pas étonnant que ça me dise rien -).
Marie.
@ Marie A vue de nez comme c'est c'est une grosse coquille!
Le foot ? rien à foute !
Désolée, Chri :)
@ Tilia Soyez pas désolée! Mais ce n'est pas DU foot, c'est une histoire avec du foot dedans!
Une histoire a dormir debout ...Enfin si je puis dire !!!
Mais en fait, avec le foot, plus rien ne m'étonne vraiment !!!
Le sordide , le cynisme et le dérisoire en prime.Certains clubs ne sont que des instruments de spéculation ou de blanchiment.le recrutement de jeunes sportifs misérables en Afrique est l'autre face mercantile souvent ignorée de cette nouvelle traite.
Certains de mes élèves sont des joueurs semi-professionnels, déjà contaminés par les primes mirifiques qu'ils touchent, n'adorant que le Veau d'or après le ballon. Deux ou trois de cet acabit suffisent à détruire une classe.
Perdita:)
@ Perdita J'aurais écrit "... suffisent à détruire une société d'hommes..."
La corruption a tous les étages...je trouve que ça colle parfaitement avec ce que l'on peut imaginer de ces milieux pourris...
Si c'est une fiction elle ressemble a s'y méprendre a la triste réalité..:)
@ Clo L'argent, l'argent c'est lui qui salit tout... A part peut-être avec un "s"!!!
Un peu (beaucoup) comme Tilia : pas grand chose à foot sinon une histoire qui fait pas dans la dentelle... si j'ose dire !
@ M Le jour où je postais cette "histoire" elle revenait dans l'actualité avec le non lieu pour l'autre, là...
Etonnant, non?
Etonnant tu trouves ??? moi pas vraiment ... Pfttt
Bonne journée à toi
Bizarrement, elle avait ouvert l'enveloppe presque à contre coeur. Elle n'avait pas été surprise. Ce n'était même pas la moitié de ce qui était convenu. L'autre part était soit disant la com' de "l'apporteur d'affaire". Son oncle. "Quelle bande d'enfoirés!". Elle aurait du écouter sa petite musique intérieure, ce fameux matin, quand elle avait plongé au réveil dans son regard. Cette ombre désespérée qu'elle y avait vu passer, une fraction de seconde qui lui avait vrillé le ventre et qui la hante depuis. Sur le moment elle avait ri, comme pour s'échapper, et ri encore quand il lui avait donné une carte " il y a tous mes n°, même au Brésil". Cette phrase qui lui avait foutu la honte, plus tard, quand elle dut s'avouer l'envie de l'utiliser.
- Allo B ? C'est moi, Jes...
- je sais.
- Ah ... voilà, je voulais te dire ... c'était un coup monté par ton club, et...
- je sais.
- Tu sais ? Tu savais ? Et pourquoi ta carte avec tous tes téléphones ?
- Pour cet instant là.
- Attends, ce que tu ne sais pas, c'est d'où je t'appelle. Je suis ...
- A l'aéroport.
- Mais comment ...!!??
- Retourne toi.
@ Slev Toi, tu vois le bien partout!!!
Alors? C'est fait?
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