11 mai 2010

Fausses notes.

Le thème de la semaine pour les impromptus littéraires était “Les notes de musique”:
C’est quand il m’a soutenu que la dernière note que je devais jouer était un fa dièse que la colère qui m’habitait depuis quelques jours m’a débordé. Je n’ai plus rien retenu. J’en avais trop sur le cœur. Je lui ai tout balancé. Tout ce que j’avais accumulé pendant ces deux semaines à ses côtés. Ce type était nul point final. Nul et arrogant. Et imbu. Et bête. Très bête. Le diapason de la bêtise. Et musicien comme moi je suis peintre : en bâtiment. Aucune oreille, dans le jeu, une finesse de bétaillère. Ses attaques de cordes sont aussi franches qu'un sourire de banquier, sa main gauche, un reste de poliomyélite, son phrasé celui d’un enfant sauvage. Le même sens du rythme qu’en sénateur en fin de mandat ! Une vivacité de méduse asthénique! Tu joues aussi mal qu’un métro mon bonhomme ! Tu es une plaie, gars, j’ai hurlé. Je n’en peux plus de toi. Je n’en peux plus. Quel flair j’avais eu de le choisir celui-là mais quel flair ! On devrait te couper les doigts tellement tu les poses aux mauvais endroits ! J’étais remonté comme un ascenseur. Tu as appris à jouer dans un chantier de jeunesse ? Les profs étaient sourds ? Vois, les guitares disent non du manche quand tu approches d’elles ! Mais regarde un peu ! Le piano se met la queue entre les jambes quand tu poses les yeux sur lui...
Abasourdi, groggy, sonné de cette avalanche de violence méchante, il ne disait rien, il ne répondait pas, il était figé et me tournait le dos. J’ai aperçu une corde de piano en attente sur la console. Je l'ai prise,  je l’ai  serrée dans mes deux mains et je me suis approché de lui.
Avant... j’ai appuyé sur le bouton rouge qui envoie le son dans la cabine d’écoute, là où nous étions. J’ai mis le volume maximum de tout ce qu’il avait déjoué les semaines précédentes…

Un sourire mauve, mauvais m’est venu aux coins des lèvres et j’ai pensé, convaincu... la musique adoucit les ... meurtres… Non?

Gig Street

8 commentaires:

yvelinoise a dit…

"Le piano se met la queue entre les jambes quand tu poses les yeux sur lui." Jubilatoire !

"Je m’en suis saisie, je l’ai tendue entre mes deux mains et je me suis approché de lui." Androgynie ? ;-)

chri a dit…

@Yvelinoise: Pas d'androgynie mais je parle d'UNE corde. Non alors c'est erreur d'orthographe!

Nathalie a dit…

Ben oui c'est une faute d'orthographe.

Mais tu es pardonné à cause du piano la queue entre les jambes.

Catherine Lirelo a dit…

Quel rythme Chriscot ! La musique des mots nous enlève !

Anonyme a dit…

j'ai longtemps emmené l'un de mes garçons à des répétions d'orchestre. quarante musiciens, qui jouent ensemble, et un chef capable de repérer du premier coup celui qui avait fait péter le fa dièse. ça m'a toujours fait ouvrir des yeux comme des soucoupes !
marie

chri a dit…

@Catherine Merci, le rythme était voulu, alors c'est bien s'il est entendu!
Marie: Oui c'est un métier et c'est fortiche!

amichel a dit…

sur le thème ..
(idylle au Portugal..facile à chanter)

sol
fado
l'amie si dorée

PS/ je tue le temps en écoutant votre playlist chriscot

chri a dit…

@Amichel: Plus d'une fois est donc coutume: Bien joué, Amichel...
Proposez leur, on y est bien reçu!
Bonne écoute, elle les adoucit vraiment...

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